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L’hégémonie capitaliste en pleine forme !

Publie le samedi 22 mai 2010 par Open-Publishing
6 commentaires

de Michel MENGNEAU

Nous vivons une période étrange, un peu partout on peut lire, entendre, que le capitalisme est en crise et qu’il se pourrait que ce soit le début d’une agonie. Ceci est une réflexion générale, cependant des individus un peu plus perspicaces laissent entendre que cette crise est simplement systémique, pourtant il s’agit là encore d’un euphémisme pour nous expliquer que les financiers spéculateurs sont en train d’essayer d’épurer le système de quelques pourritures qui gênaient son fonctionnement, avec la complicité des états, le tout sur le dos du lampiste.

C’est même encore plus subtil puisque l’on a laissé croire pendant un moment au retour de l’étatisation, étatisation en réalité fictive par laquelle la finance a réussi à se garantir, sans débourser un liard, des avatars que pourraient amener une spéculation trop risqué. Mais le summum de la manipulation fut pour la dette des états européens, prétexte qui une fois de plus a servi à ce que les spéculateurs puissent prendre tous les risques étant maintenant couverts par la garantie complice des états. Ce n’est d’ailleurs pas encore entièrement tout réglé puisqu’il semble que les bourses font un peu la gueule n’ayant pas la totale assurance qu’ils peuvent tout ce permettre sans y laisser quelques plumes. Soyons rassuré, ils vont y arriver…

Le constat que l’on peut tirer de cette courte analyse est que le capitalisme n’a jamais été aussi puissant. Il serait vain et inconscient de croire que les crises, fort bien orchestrées, étaient des soubresauts d’agonie, au contraire l’hégémonie mondiale de la finance n’en est que plus forte ; l’exemple de la multiplication d’achats de terres en est un exemple, mais cela est encore plus probant avec la mise en place des métropoles globales, voire la privatisation des villes comme c’est la cas aux USA où leur nombre particulièrement significatif est de 20 000 environ, ainsi que l’ouvertures de nouveaux marchés avec sous le couvert d’une fausse écologie, etc. Le capitalisme est en train de gagner sur tous les tableaux. La finance gouverne ce monde, c’est malheureusement un triste constat, même si parfois en son sein il y a une sorte de guéguerre comme c’est le cas actuellement entre l’Euro et le Dollar, guerre d’obédience pour l’hégémonie mondiale, mais quand il s’agit de plumer le prolétaire, là tout le monde est d’accord…

Alors le monde du travail Européen se pose des questions, ne comprend pas pourquoi l’industrialisation va disparaître et laisser au chômage un nombre important de travailleurs sans que cela pose problème au système capitaliste, la baisse des pouvoirs d’achats étant apparemment dommageable pour les économies.

C’est pourtant simple à comprendre, le travail est devenu essentiellement la variable d’ajustement du capital et il se trouve que dans la plupart des pays européens le niveau de vie de l’ouvrier est devenu trop élevé pour que les actionnaires puissent tirer des bénéfices substantiels de la production. Donc, on délocalise vers des pays où le code du travail est succinct et les salaires plus bas pour ne pas être gêné par des grèves intempestives et avoir la rentabilité maximum.

Par conséquence les multinationales vont abandonner pendant un temps les pays développés afin d’y diminuer le pouvoir d’achat et les contraintes de l’encadrement du travail. L’Europe consommera moins, mais peu importe puisque les marchés en pleine expansion, indiens, chinois, brésiliens, vont compenser amplement le manque à gagner de la vielle Europe. Les capitalismes vont en tirer le maximum de profit en créant une consommation apparemment créatrice de richesse jusqu’à ce que l’évolution trop importante de ces pays soit elle-même freinée car le niveau de vie aura trop progressé. A partir de ce moment là, on reviendra dans les pays européens appauvris et ou les salaires seront bas, et l’on recommencera à les faire travailler avec des conditions que le capital trouvera alors rentable.

C’est une sorte de mouvement perpétuel permettant au capital de fructifier dans toutes les conditions. Système qui fait totalement abstraction des peuples pour ne servir qu’une oligarchie dominante.

Néanmoins, il n’est pas si facile que cela d’appauvrir un peuple, surtout lorsque l’on a crée le conditionnement consumériste et qu’à partir d’un certain moment on ne peut remplir le caddie qu’à moitié. Alors on tente des expériences pour voir la réactivité des peuples, surtout jusqu’à quel point la stratégie du consentement à fait son effet. Ce fut d’abord aux USA avec les « subprimes » qui ont mis des milliers de gens à la rue, maintenant se sont les retraites qui sont sur la sellette remettant au travail des personnes d’un âge particulièrement avancée. Naturellement dans ce pays où le capitalisme est pratiquement une affaire de gènes peu de réactions sont venues contrarier ce ballon d’essai. Alors on se tourne vers l’Europe pour voir si là aussi les peuples sont mûrs pour accepter toutes sortes de balivernes.

Etait toute désignée la Grèce qui avait fait un peu n’importe quoi, mais aussi pour une autre raison, c’est que le gouvernement est socialiste et qu’il est intéressant de savoir jusqu’à quel point les socialistes vont être consentant au système. D’autant que Papandreou est président de l’International socialiste ce qui pourrait mouiller encore plus ceux-ci dans l’acceptation de la loi des marchés comme ce fut le cas avec Strass-Khan au FMI et Lamy à OMC ; ce qui prouve que les partis socialistes européens sont les faire-valoir du capitalisme. On a donc mis les Grecs au pain sec et à l’eau afin de voir comment ils vont réagir, cela donnera aux spéculateurs une petite idée de jusqu’où ils pourront aller pour contraindre les peuples. Vont naturellement suivre la plupart des autres pays européens si l’expérience se révèle positive.

Il en ressort que la contestation pour contrer les désastres de la loi des marchés ne doit pas être essentiellement catégorielle, voire locale, puisqu’il s’agit en effet de se « débarrasser » de façon générale du capitalisme mondialisé car c’est la seule alternative pour le bien-être des peuples. D’ailleurs, certaines solutions intermédiaires proposées actuellement pourraient amener le pire…

Le meilleur exemple étant la pétition qui demande à ce que l’on taxe les produits financiers, plus précisément les transactions financières. Là, il s’agit d’une inconscience particulièrement caractérisée. En effet, il est évident que les actionnaires qui verront leurs bénéfices diminués par une quelconque taxe vont tenter par tous les moyens de récupérer les pertes. Et, sans être particulièrement devin, ils vont se tourner vers la productivité et par conséquence la variable d’ajustement qu’est le travail. Ils vont alors demander de travailler plus pour le même salaire, augmenter la rentabilité, voire diminuer les salaires, mais ce qui est sur : diminuer la masse salariale, ce qui va forcément faire augmenter le chômage que l’on paiera grâce à la taxe. Donc on tourne en rond pour détruire encore plus le tissu social et de surcroît on fait « avec » le système, apportant ainsi une caution involontaire au principe capitalisme, un accompagnement de plus en quelque sorte.

Non, la seul solution c’est de sortir du capitalisme, et le seul combat est celui-là !

http://le-ragondin-furieux.blog4ever.com

Messages

  • J’avais simplifié le raisonnement sur le non sens de la taxe, j’ai donc rajouté quelques explications supplémentaires ; ; ;

    En effet, il est évident que les actionnaires et les spéculateurs de tout poils qui verront leurs bénéfices diminués par une quelconque taxe, ou autres formes contraignantes, vont tenter par tous les moyens de récupérer les pertes quelles qu’elles soient. Et, sans être particulièrement devin, ils vont se tourner en dernier recours vers la productivité et par conséquence la variable d’ajustement qu’est le travail puisque la rentabilité maximum des entreprises est une valeur sure pour engranger des profits. On connaît quels sont les moyens à leur disposition, forcer à travailler plus pour le même salaire, augmenter la rentabilité, voire diminuer les salaires, mais ce dont on est sur c’est qu’ils vont réduire la masse salariale, ce qui va forcément faire augmenter le chômage dont « on paiera les allocations avec les recettes de la taxe ».

    Donc, on tourne en rond, en détruisant encore plus le tissu social, et de surcroît, on fait « avec » le système, apportant ainsi une caution involontaire au principe capitalisme ; un accompagnement de plus en quelque sorte. Il faut écarter ce genre d’aberration !

    D’autant que l’on a un exemple récent de la perversité des banquiers et leurs acolytes. En effet, la Cour des Comptes signale que les revenus des intérêts sur les fonds prêtés aux banques sont nuls, et probablement que l’opération sera déficitaire ! Pourtant, d’après Sarkozy, on sauvait les banques et l’opération devait rapporter quelques argents à l’Etat, il n’en est rien, au contraire. Alors, qui c’est qui paiera ?

    Les interconnections du système financier capitaliste sont telles que la finalité est toujours la même, le dindon de la farce est toujours le même, le prolétaire….

    • Michel vous écrivez

      "En effet, il est évident que les actionnaires qui verront leurs bénéfices diminués par une quelconque taxe vont tenter par tous les moyens de récupérer les pertes."

      mais est-ce que les actionnaires ne tentent pas déjà de faire le maximum de profit en se tournant comme vous dites "vers la productivité et par conséquence la variable d’ajustement qu’est le travail " ... sans la taxe ?

      ils le font déjà, ils n’ont pas attendu la taxe

      et donc :

      au moins il y aura une taxe ;)

    • En taxant les spéculateurs on va indirectement appauvrir le travaillleur, même s’il récupère une partie de la taxe d’une façon ou d’une autre cela reviendra au même. La taxe entrera alors dans l’acceptation du système.

  • et dire que la gauche plurielle plutotque combattre le systeme, s’apprete une fois de plus a le cogerer !

    • D’ailleurs le programe actuel du PS ne propose que la restructuration de la fiscalité. Donc, il n’est pas question de confondre le système mais se fondre dedans en tentant d’en amoindrir, d’atténuer les méfaits par une méthode différente de celle de la droite, mais le résultat au final est le même.

      On le voit de plus en plus dans la gestion minable des régions où l’on sort le carnet de chéque pour tenter de sauver des entreprises insauvables, alors qu’il faudrait favoriser l’autogestion, la relocalisation avec de petites unités de fabrication non inféodées au capital. Il y a des tas de possibilités qui permettraient de se démarquer du capitalisme et pourrait construire un terrain favorable à la rupture, mais ils sont tellement englués dans le système que même leur imagination est au point mort, voire totalement colonisée par le consentement....

  • La question du développement économique entre vieux états industriels et nouveaux états industriels n’est pas un phénomène nouveau.

    On a le sentiment là d’une grande accélération produite par un double phénomène, des taux de change artificiels entre les monnaies (qui permettent par exemple aux productions chinoises de casser une partie des productions d’Afrique du Nord, ou de vampiriser les économies du sud-est asiatique controlées en partie par la diaspora bourgeoisie chinoise) et des niveaux de vie réels, réellement plus bas, l’acceptation de conditions de travail réellement plus mauvaises.

    Il faudrait une analyse bien plus précise et chiffrée pour apprécier la part d’affaiblissement industriel global des vieilles métropoles capitalistes.

    Le capitalisme, une fois de plus, nous a prouvé sa capacité à étendre son empire et sa puissance industrielle .

    L’essor économique réel dans des conditions au départ très 19eme siècle de très grands pays comme acteurs majeurs industriels a marqué ces vingt dernières années.
    Ce n’est pas seulement la Chine, mais également l’Inde, l’Iran, le Brésil, etc (nombreux etc) et même une partie de l’Afrique qui connaissent un décollage dans une situation tourmentée.
    Il se situe dans des concurrences entre régions du monde et pas seulement entre d’un côté un bloc Europe-USA face à la Chine. L’inondation de produits Chinois sur l’énorme zone du Sud-Est asiatique indonésien, indochinois, thaïlandais, philippin, casse les reins dans une série de ces états à des pans industriels en ascension.

    Ce développement est inégal et combiné, il a les mêmes acteurs bourgeois en sous-mains fruits des amours des bourgeoisies internationales et celles issues de phénomènes particuliers (comme la bureaucratie chinoise, ou des théocratistes iraniens, etc).

    Ainsi, la micro-phase de redémarrage de l’économie connue ces derniers mois, tirée par la "Chine"’ ne l’a été de fait que par des interets capitalistes non chinois ayant une base industrielle en Chine qui se sont mis à reprendre les exportations de bien manufacturés vers le reste du monde.

    Mais la Chine, comme zone du monde, demeure fondamentalement dépendante de ce capital international et des marchés des vieilles métropoles industrielles.

    la croissance manque d’impulsions internes ; nos capacités nationales d’innovation sont faibles ; certains secteurs industriels souffrent de surproduction et il devient de plus en plus difficile de les restructurer. Nous ne devons pas considérer la reprise comme le signe d’une amélioration fondamentale de l’économie. »
    Wen Jiabao

    La Chine est dépendante comme zone du monde des calculs de la bourgeoisie internationale. Elle subit la spéculation a un niveau important, la corruption et est en risque permanent d’une crise de surproduction de grande ampleur, destructrice.

    Les capacités de "gouvernance" mondiales du capital international sont insuffisantes . Ils vont dans une même direction, ils sont d’accord pour nous tondre mais ils n’ont pas l’appareil d’état mondial susceptible d’aller où ils veulent dans des conditions non dangereuses pour eux... et l’humanité.