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L’homme castré a inventé Second Life

Publie le jeudi 25 janvier 2007 par Open-Publishing
4 commentaires

de Catherine Wendell

Scdlife
Tout est parti d’un mail de Christophe, "Et toi ?"... "et moi quoi ?" "Va donc voir sur mon blog" ... sondage "avez-vous testé Second Life ?"
Encore ce machin ! La moutarde me monte. Autant les jeux de rôles peuvent être intéressants, autant Second Life me déplait pour toutes sortes de raison : aliénation, associalisation, autisme, fuite dans un monde peuplés de z’éros et de putes, pardon "escorts". Sans compter que l’image est moche comme tout.
Môsieur Resse a rejoint avec humour quelques unes de mes pensées ici, puisque dans Second Life, on retrouve son banquier, Madame Royal, des manifs, Nike, sa bagnole et sa concierge.... nouvel espace de pub et de tests produits in virtuo auprès de joueurs (sont-ce encore des joueurs) exploités ou exploitant cet "univers".

Mais passons sur les symptômes et attachons-nous plutôt au mal lui-même.
L’idée même de Second Life et de tous les univers virtuels qui vont rapidement prendre sa relève (voir Grandeur et Décadence de Second Life), ne pouvait germer que dans un cerveau baignant dans un environnement puritain.
Je m’explique...

Dualite
Au début était l’Amérique... Les fondamentaux de cette jeune nation ont été fortement influencés par les puritains, chassés d’Angleterre dans les années au 17ème siècle avec la restauration de la monarchie par Charles II.
Les plus célèbres de ces migrations sont celle des Pilgrim Fathers du
Mayflower en 1620 et celle de la Baie de Massachusetts en 1629. Les
Quakers de William Penn en 1691 en sont un autre avatar. Arrivés sur ces terres vierges pour pratiquer librement leur religion, ils ont établi, outre-Atlantique, des communautés régies par la loi de Dieu telle qu’ils l’entendaient.
Ainsi naquirent, dans la Nouvelle Angleterre, des États puritains, d’esprit austère et républicain, qui seront à l’origine de l’indépendance américaine au XVIIIe siècle et qui ont profondément marqué jusqu’à nos jours la mentalité des États-Unis.

Cette mentalité se distingue notamment par :
- la séparation entre l’humain ("ordonné" par la loi divine) et la nature ("désorganisée" et hostile)
- la paranoïa ("nous sommes assiégés") et la peur du pêché sous toutes ses formes conduisant inévitablement au démon (prohibition, ligues de pudeur, abstinence sexuelle)
- l’ostracisme envers les non-white american protestants (KKK, ségrégations)
- l’isolationisme et le complexe de supériorité ("nous sommes le peuple élu")
- la consécration de l’entreprise et la protection de la propriété privée, arme au poing, s’il le faut.
Le puritanisme se distingue par les chasses aux sorcières, dont un exemple célèbre est l’affaire des Sorcières de Salem.

Tout ce qui est naturel : le corps, la nature, l’amour, le sexe, le plaisir, est d’essence satanique, le diable étant toujours en vogue chez les fondamentalistes.

Il est intéressant d’observer la politique américaine en matière de gestion des parcs naturels par exemple : de grands espaces ont été délimités et très soigneusement réglementés, d’où ont été chassées les populations autochtones rurales (dans les Appalaches, notamment).
La nature "sauvage", "Wilderness", ne saurait cohabiter avec l’homme et inversement.
Elle est un parc d’attraction comme un autre : "une zone naturelle est, par opposition avec les zones où les communautés humaines et leurs activités dominent le paysage, un lieu intouché par l’homme, où l’homme est un visiteur qui n’est pas destiné à rester." (source Wilderness Act).

Ou le tollé soulevé par une femme allaitant son bébé en couverture de BabyTalk l’an dernier !

Monstre
L’homme artificiel, désorienté, coupé de ses sources et devenu étranger à sa nature humaine, frustré dans ses pulsions sexuelles, incapable de jouissance, harcelé par le qu’en dira-t’on, humilié par ses échecs(*), l’homme castré a inventé Second Life.

Dans Second Life, l’homme se re-crée : mot intéressant que "récréation" n’est-ce pas ?
Il s’exhibe, il copule sans crainte de s’engager, d’attraper un virus ou des enfants.
Son égo, sa jouissance, ses instincts trouvent enfin un champ d’expression illimité.
Cet "état de conscience modifié", comme lors de la prise de LSD induit une "redescente" dans la vraie vie forcément décevante.

Second Life, ancêtre de tous les systèmes qui vont très certainement lui succéder, aux raffinements technologiques insoupçonnés, préfigure-t’il

Larve_1
>
L’extinction de l’espèce humaine ?
> Une mutation de l’espèce en créatures sédentaires, solitaires et alliénées, branchées en permanence sur leur interface de "haute réalité" ?
et « redouter qu’en 2020, nos machines soient devenues vraiment intelligentes et surtout capables d’évoluer rapidement. Au point de finir par nous traiter comme de simples animaux domestiques » (Paul Saffo, directeur de l’Institute for The Future, Palo Alto)
> Ou, a contrario, un monde définitivement pacifié : les conflits, guerres, génocides, terrorismes, réglements de comptes et vendettas s’exprimant désormais dans le monde virtuel ?

Qu’en pensez-vous ?

"... il nous reste encore notre liberté
intérieure, cet espace intérieur dans lequel les hommes peuvent
échapper à la contrainte extérieure et se sentir libre. C’est encore le
seul endroit où la pensée humaine demeure cachée à tous les regards, à
l’observation des autres hommes, sauf à notre propre introspection."

Antoine Bootoine

Brain
>
Cela se nomme le libre-arbitre, rempart majeur contre les Second Life et autres. Représente-t’il une menace pour ces systèmes savants et invasif, et à ce titre, est-il "programmé" de le "débrancher" à terme ?


Mes remerciements à :
Echo.levillage.org et Antoine Bootoine
Michel K Titareff
Fred Cavazza
Clio.fr

Pour rigoler un peu :
Quelques prophéties...

Icônographie : Getty images
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(*) cette description peut également passer pour la définition d’un serial killer en puissance....

Portfolio

Messages

  • Bonjour,

    Nous avons inventé le définitif être humain pour nous élevés de l’animale, mais plus je vois le monde plus je le comprend et plus je suis convaincu que nous sommes en dessous de l’animale par notre pseudo intelligence.

    Dom.P

  • Encore une fois j’assite ici même à autant de clichés naissants d’une incompréhension totale. Ce que l’on ne connaît pas effraie, ce que l’on ne comprend pas effraie encore plus. Pourquoi autant de craintes ? Ceci n’est qu’un jeu/plateforme et le restera quoiqu’il arrive. Si vous ne comprenez pas un tel engouement pour ces mondes virtuels restez alors dans le monde dit "réel" et arrêtez de nous pondre autant de bêtises. Vous avez certainement visité et "testé" Second Life quelques heures, peut etre 2 ou 3 jours c’est bien cela ? Ou peut être même pas du tout, seulement entendu quelques ragots ici et là ??!! Vous êtes-vous vraiment réellement penchée sur le phénomène ? Avez vous réellement exploré l’ensemble du monde que représente Second Life ? J’en doute fort car il faut bien plusieurs semaines et mêmes plusieurs mois pour en découvrir ne serait-ce qu’un dizième ! Les possibilités sont infinies et plutot qu’un espace de débauche vous devriez y voir à la place un espace de communication naissant, et d’avenir. Je suppose que vous utilisez MSN ? Me trompe-je ? Imaginez un MSN puissance 1000 même d’un point professionnel c’est une ouverture immense. Que faire si votre client est à l’autre bout du monde mais que vous souhaitez lui montrer votre maquette ? avoir une réunion à distance ? Profitez d’un espace comme Second Life pour élaborer des projets etc ...

    Plutôt que de déballer une histoire bien ancienne, penchez vous plutôt sur le présent qui semble vous dépasser grandement. Non, nous n’oublions pas nos obligations du quotidien. Nous travaillons toujours comme tout le monde, sortons, mangeons, dormons, allons toujours aux toillettes mais seulement nous avons peut être un autre loisir dit "virtuel" comme tout autre jeu vidéo mais aux possiblités immenses qu’un jeu basique, où l’on ne se contente pas de taper sur des trolls pour gagner quelques malheureuses pièces d’or bien virtuelles celles-ci.

    PS : je suis effaré par les reportages TV qui ont été diffusés, ils n’exposent qu’une infime partie de Second Life : gagner des sous. Ceci est une énorme erreur voyant les nouveaux joueurs débarquer se croyant arrivés en plein El Dorado du 21e siècle !

    De mon côté je suis plutôt inquiet par la presse et les média qu’un simple "jeu" comme Second Life. Les media ont un tel impact sur le public qu’ils en profitent pleinement et je peux vous dire haut et fort que pour moi : media = du grand n’importe quoi ! (pour rester poli)

    A tchao bonsoir comme dirait l’autre !

    • Le fait que le FN et le PS tentent d’infiltrer ce jeu de peur de rater le train du progrès montre que certains prennent assez au sérieux ce truc.
      L’histoire des avatars qui seraient des doubles virtuels est effectivement une histoire ancienne.
      Il me parait difficile de dire d’une part qu’on a une vie réelle riche et d’autre part affirmer que cette seconde vie est infinie de possibilités.
      Si cette seconde affirmation est fondée sur une expérience réelle, alors vous passez votre temps devant votre écran, sinon c’est simplement du pipo.
      Mon avis, c’est que ce truc a autant d’impact maintenant que le RubyCube dans les années 80.
      A toutes les périodes, il y a des catégories différentes de personnes, celles qui peuvent passer leurs vie à essayer le passer le 187eme niveau d’un jeu d’arcade, et celles qui préfèrent les balades en fôrêt.
      Il y a aussi des type comme moi qui fait des commentaires sur BellaCiao à minuit...
      C’est pas les fictions qui sont infinies, mais les réalités.
      jyd.

  • Bonjour,

    Je suis totalement d’accord avec le post précédent. Il faudrait fouiller un peu plus les choses avant de se lancer dans de grandes proses qui n’ont rien à voir avec le sujet, et de faire des copié collé de ragots qui trainent sur le net ;)

    Second Life est difficile d’approche, certes, mais pourquoi n’y êtes-vous pas allé vous même plus d’une heure ? Il y a des enjeux technologiques intéressants, des aspects collaboratifs importants, et il reste beaucoup de choses à faire encore... tant au niveau du grand public que pour le monde professionnel. Il est ouvert à tous, et il est ce que chacun en fait. Pourquoi n’avez-vous pas parlé des expositions d’art ? des campus qui l’utilisent à titre éducatif ? des sociétés qui l’utilisent pour faire des réunions ? c’est autrement plus intéressant...

    L’approche de cet article est un parti pris négatif, on ne sait trop pourquoi. Je rappelle qu’il y a dix ans ou 15 ans (le temps passe si vite), le deuxième monde de Canal+ n’avait pas provoqué autant de réactions aussi fortes mais suscitait plutôt l’enthousiasme... le monde virtuel est une vieille fascination de la SF, mais qui se concrétise aujourd’hui un peu plus.

    C’est une évolution. Mais j’ai plus l’impression qu’elle vous fait peur qu’elle ne vous intéresse vraiment. "L’image est moche comme tout". Vous connaissez les paris technologiques que cela relève ? et les possibilités que cela laisse ? Second Life n’est pas nouveau non plus... quant à l’aliénation et l’abrutissement, je parlerais plutôt de Word Of Warcraft, il y a des gens qui en meurent dans des cybercafés coréens ou chinois ou ailleurs...mais cela n’a pas suscité autant de réactions j’ai l’impression

    à revoir un peu plus en profondeur donc :)