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L’otage italienne Clementina Cantoni, enlevée le 16 mai à Kaboul, a été libérée

Publie le vendredi 10 juin 2005 par Open-Publishing

de Jean-Jacques Bozonnet

Clementina Cantoni, la coopérante italienne enlevée le 16 mai à Kaboul, en Afghanistan, devait rentrer vendredi 10 juin à Rome, moins de 24 heures après sa libération. Le président de la République italienne, Carlo Azeglio Ciampi, a fait part de "sa grande joie et -de- son profond soulagement pour la remise en liberté" de l’otage, tandis que Silvio Berlusconi, le chef du gouvernement, avait accueilli la nouvelle, le soir du jeudi 9 juin à Luxembourg, où il était en déplacement, "avec plaisir et satisfaction" . Annonçant ce dénouement, le ministre afghan de l’intérieur, Ali Ahmed Jalali, a précisé : "Nous avons suivi les règles du gouvernement afghan. Nous n’avons pas payé de rançon. Le peuple afghan tout entier a contribué à cette libération, depuis le président Hamid Karzaï jusqu’aux veuves dont s’occupait Clementina à Kaboul."

La jeune femme, âgée de 32 ans, qui travaillait en Afghanistan depuis mars 2002, était responsable depuis septembre 2003 d’un programme d’aide à quelque 10 000 veuves de Kaboul pour le compte de l’ONG Care International. La coopérante a été enlevée par quatre hommes armés pendant qu’elle circulait en voiture dans la capitale afghane avec son chauffeur et une amie canadienne.

Le chef présumé des ravisseurs, un homme se présentant sous le nom de Timur Shah, a lancé plusieurs ultimatums, menaçant de tuer l’otage, mais ses motivations et ses exigences restaient floues. Il est apparu assez vite que le rapt n’avait, comme l’a confirmé, mercredi 8 juin, Gianfranco Fini, le ministre italien des affaires étrangères, "rien à voir avec le terrorisme ou la politique" .

La diffusion par une télévision afghane, le 29 mai, d’un enregistrement vidéo sur lequel on voyait Clementina Cantoni sous la menace de deux hommes armés avait été interprétée comme un signe encourageant pour les négociations. Celles-ci était menées directement par les autorités afghanes, avec l’aide de chefs de tribu du sud du pays dont était originaire le ravisseur. Officiellement en retrait, le gouvernement italien a pu éluder les questions sur une éventuelle rançon. Des journaux italiens ont évoqué la somme de 5 millions de dollars (4 millions d’euros). "Cette question doit être posée exclusivement au gouvernement afghan qui a géré en première ligne les tractations" , a déclaré le chef de la diplomatie italienne. Selon la presse de la Péninsule, vendredi 10 juin, la libération de Clementina Cantoni aurait été obtenue contre la remise en liberté de quatre prisonniers de droit commun et de la mère du ravisseur, incarcérée pour une autre tentative d’enlèvement.

La disparition, puis les vingt-quatre jours de détention de la coopérante n’ont pas suscité en Italie la même émotion que les précédents enlèvements en Irak de ressortissants italiens. Des centaines de milliers de personnes avaient manifesté dans tout le pays en 2004 pour la libération des deux volontaires Simona Torretta et Simona Pari, puis quelques mois plus tard en faveur de la journaliste Giuliana Sgrena. La mobilisation pour Clementina Cantoni est d’abord venue des veuves dont elle s’occupait à Kaboul. Plusieurs personnalités ont lancé des appels pour sa libération, des présidents italien et afghan au pape Benoît XVI.

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