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L’ouragan Katrina : un tournant dans l’histoire politique des Etats-Unis

Publie le dimanche 4 septembre 2005 par Open-Publishing
20 commentaires

de John Peterson

Il y a près d’un siècle, Lénine expliquait que, sous le capitalisme, la vie de la vaste majorité de la population est une « horreur sans fin ». La misère, le manque de nourriture, d’électricité, d’eau propre, de logements - sans parler d’emplois, de protection sociale et d’éducation - constituent le quotidien de milliards d’individus sur la planète. Jusqu’à récemment, pour la plupart des Américains, cette dure réalité n’existait que dans des endroits « très éloignés, et dont on ne connaît pas grand-chose » - ainsi que dans les quartier pauvres des villes américaines, où les caméras des médias ne vont jamais.

En l’espace d’une nuit, tout cela a changé. Aujourd’hui, nos écrans télévisés sont saturés d’images de dévastation et d’angoisse qui ne proviennent ni du Bangladesh, ni du Sri Lanka, mais de la Nouvelle Orléans.

A ce stade, il est difficile d’évaluer les conséquences de la dévastation provoquée par l’ouragan Katrina. Les élections truquées de 2000, les attaques du 11 septembre, l’affaire Enron, les guerres en Irak et en Afghanistan, tous ces évènements ont frappé la conscience de la classe ouvrière américaine. Elle a été violemment arrachée à des décennies de relative indifférence à l’égard de la politique nationale et internationale. Des millions d’Américains ont commencé à s’intéresser aux grands mécanismes qui régissent la vie des hommes, aux Etats-Unis et sur le reste de la planète.

Katrina, un évènement qui en lui-même n’est pas d’ordre économique, politique, social ou militaire, aura d’énormes conséquences économiques, sociales, politiques et militaires. Les ouragans sont sans doute « naturels », mais l’absence de plans de prévention, d’évacuation et de secours est un désastre d’ordre strictement humain, dont l’entière responsabilité retombe sur le gouvernement de Georges.W.Bush et la classe qu’il représente.

Le cynisme de la classe dirigeante

Confortablement installé à bord dans l’avion présidentiel Air Force One, G.W. Bush a survolé la zone sinistrée et parlé d’un évènement « historique ». Il ne croyait pas si bien dire. On se souviendra de Katrina comme d’un tournant décisif dans l’histoire de la classe ouvrière américaine. Des millions d’Américains font le rapprochement entre la guerre en Irak, la farce de la « Sécurité Intérieure », les coupes sombres dans les budgets sociaux, les allégements fiscaux pour les riches - et l’absence quasi-complète de préparation à un évènement météorologique dont les autorités savaient depuis des décennies qu’il adviendrait tôt ou tard.

Des centaines de gens sont morts lors du passage de l’ouragan, mais le décompte final s’élèvera à plusieurs milliers. Mardi, dans le Mississipi, l’Alabama, en Floride et en Louisiane, 2,3 millions de personnes étaient privées d’électricité. Une grossière négligence et des dépenses massivement orientées vers la guerre en Irak ont ruiné l’existence de centaines de milliers de survivants, qui ont perdu leur logement, parfois un être aimé - et leurs espoirs. Ceux qui ont été évacués n’ont que peu d’options. Même l’Astrodome de Houston, dans le Texas, est plein à craquer. La colère contre l’inefficacité et la lenteur des autorités est générale.

Quelle est la réaction de la classe dirigeante ? Le président Bush promet de faire un don à la Croix Rouge, et propose que Bush père et Bill Clinton dirigent une collecte de fonds destinée à soulager les victimes. Une collecte de fonds ? Ces gens trouvent en un jour des milliards de dollars pour l’occupation et le pillage de l’Irak, mais ils en appellent à la charité lorsqu’il s’agit de secourir des milliers d’Américains pauvres. Telle est la sinistre réalité du système capitaliste.

« Restaurer l’ordre »

Des dizaines de milliers, si ce n’est des centaines de milliers de gens sont sans abris, sans nourriture et sans eau potable, piégés au milieu d’eaux putrides où flottent les corps éteints d’hommes et d’animaux. L’inefficacité et la lenteur des secours ont eu des conséquences encore plus désastreuses que l’ouragan lui-même, et le nombre de morts pourrait rapidement augmenter, dans les jours à venir.

Plutôt que rechercher les survivants ou de leur fournir de l’eau et de la nourriture, la priorité des « forces de l’ordre » a été de protéger des pilleurs les magasins comme GAP. A Biloxi, dans le Mississipi, les autorités ont proclamé la loi martiale, de façon à protéger les casinos des survivants. Certes, il y certaines personnes qui profitent du chaos pour se servir en écrans plasma dont ils ne pourront jamais se servir. Mais ce que « volent » la vaste majorité des « pilleurs », ce sont des choses comme des paquets de chips et des bouteilles de jus d’orange, dont ils ont besoin pour simplement survivre. Mais sous le capitalisme, le respect de la propriété privée est chose sacrée !

Les médias ont tenté de détourner l’attention de la criminelle irresponsabilité des autorités en mettant l’accent sur les « gangs de pilleurs violents ». Leurs reportages étaient imprégnés d’une écœurante tonalité raciste, de façon à cacher la question de classe. Car comme toujours, ce sont les pauvres de toutes les races qui payent pour l’avidité et l’indifférence des riches.

A un certain point, l’Agence Fédérale des Gestions de Crises (FEMA) a suspendu ses opérations en expliquant que c’était « trop dangereux ». Or, malgré quelques incidents violents, la plupart des gens s’entraident pour survivre. Par contre, ils n’ont pas d’hélicoptères pour quitter les îlots de ville sur lesquels ils sont piégés. Les bus et les ambulances ne peuvent y accéder. Et cependant, les médias continuent d’expliquer que les secours, beaucoup trop lents et inadéquats, sont entravés par la « violence ».

Les plus pauvres habitants de la Nouvelle Orléans - ceux qui n’ont pas pu fuir la ville avant l’arrivée de Katrina - ont été parqués comme des bêtes dans le Superdrome, sans qu’on y ait prévu suffisamment de nourriture, d’eau, de lits ou de personnel médical. Quelques 30 000 personnes s’y sont entassées. Le fait que tout l’édifice ne se soit pas écroulé lors du passage de l’ouragan relève de la pure chance. A présent, les médias reprochent à ces gens de ne pas quitter les lieux. Mais comment, au juste, ces gens pourraient-ils quitter la ville, puisqu’ils n’avaient et n’ont toujours ni les moyens de transport, ni l’argent nécessaires ?

Bien que les pauvres ainsi abandonnés soient de toutes les origines ethniques, à la Nouvelle Orléans, ce sont les Afro-américains qui en composent la très grande majorité. D’après un recensement réalisé en 2000, le revenu annuel des blancs dans le comté d’Orléans était de 31 971 dollars par personne, contre 11 332 dollars pour les noirs. Encore une fois, ce sont les couches sociales les plus pauvres qui souffrent le plus des crimes du capitalisme.

Portés disparus en Irak

A l’origine, la Garde Nationale a été formée pour intervenir lors de troubles sociaux, et cela reste sa fonction première. Mais de temps à autre, lorsqu’une catastrophe intervient, on fait appel à elle pour aider aux secours. Où était-elle, cette fois-ci ? Des milliers de ses membres, dans cette région des Etats-Unis, sont actuellement stationnés en Irak. Ils ne peuvent pas aider leurs familles et leurs amis qui se battent pour survivre, aux Etats-Unis, cependant qu’eux luttent pour rester en vie dans les villes et sur les autoroutes irakiennes. S’ils étaient chez eux - et non à des milliers de kilomètres, en train de mourir et de tuer dans une guerre désormais largement impopulaire - ils pourraient aider les survivants. Peut-être auraient-ils pu évacuer tout le monde avant qu’il ne soit trop tard. Tous ceux qui ont été tués par l’ouragan ou par ses conséquences doivent être considérés comme des victimes directes de la guerre en Irak.

Au début de l’intervention des secours, il n’y avait que 7 hélicoptères de disponibles. Les autres étaient stationnés ailleurs - surtout en Irak. Ironie de l’histoire : l’Etat qui a perdu le plus de soldats en Irak est justement le Mississipi, l’un des Etats qui a le plus souffert de la catastrophe.

G.W. Bush et compagnie font tout ce qu’ils peuvent pour éviter que le rapprochement soit fait entre la guerre en Irak et la réaction désastreuse au passage de Katrina. Mais des millions d’Américains, y compris de nombreux soldats, ont déjà fait ce rapprochement, et demanderont rapidement des comptes.

« Est-ce que cela devait arriver ? »

C’est la question que se posent des millions de personnes, aux Etats-Unis et dans le monde entier. La réponse est clairement : « non ». Certes, le réchauffement de la planète - dont le système capitaliste est largement responsable - donne lieu à des phénomènes météorologiques toujours plus violents. Par ailleurs, les hommes ne savent toujours pas dévier les ouragans ou empêcher leur formation. Cependant, il est clair qu’il n’était pas inévitable qu’il y ait autant de morts et de dommages matériels.

Si le projet d’évacuation de la ville avait prévu que tous les habitants quittent la ville avant que l’ouragan ne passe, les pertes en vies humaines aurait été minimes. Un gouvernement qui est capable de transporter rapidement des centaines de milliers de soldats et des millions de tonnes d’équipements de l’autre côté de la planète, pour y mener une guerre, aurait certainement pu évacuer de la ville tous ceux qui ne pouvaient en sortir par leurs propres moyens - s’il l’avait voulu.

Par ailleurs, bien avant le passage de Katrina, beaucoup aurait pu être fait pour prévenir une débâcle de cette ampleur. Pour commencer, les digues qui entourent la Nouvelle Orléans auraient du être fortifiées. Du fait de sa situation géographique, cette ville se trouve en dessous du niveau de la mer. N’oublions pas que si cela ne tenait qu’à « Mère Nature », les Pays Bas n’existeraient pas. Mais les Pays Bas ont largement investi dans leur système de digues.

Les autorités de Louisiane savaient depuis des décennies qu’un ouragan de ce type passerait inévitablement sur leurs côtes. Comme le prouvent les documents officiels et divers témoignages, elles savaient que le système de digue était insuffisant. Pourquoi, dans ce cas, des fonds n’ont-ils pas été provisionnés pour réaliser les travaux nécessaires ? En fait, de tels fonds ont bel et bien été provisionnés, et les travaux engagés - jusqu’à ce que cet argent soit détourné pour financer la « Sécurité Intérieure » et la guerre en Irak. Comme le rapporte le Times-Picayune, les travaux sur la digue de la 17e avenue - qui a lâché lundi matin - ont été interrompus, il y a quelques mois de cela, parce qu’il manquait 2 millions de dollars. A de nombreuses occasions, les autorités locales et le Corps d’Ingénieurs de l’armée américaine ont réclamé des fonds pour renforcer les digues. Or, non seulement ces requêtes ont été rejetées, mais l’administration Bush a réduit le budget annuel du Corps des Ingénieurs de la Nouvelle Orléans de 71,2 millions de dollars - soit une baisse de 44,2% depuis 2001.

On en voit aujourd’hui les conséquences désastreuses. Alors que des milliards de dollars ont été dépensés dans la « Sécurité Intérieure », la vérité éclate au grand jour : la classe capitaliste et ses représentants, au gouvernement, ne sont pas capables de nous garantir un niveau de sécurité élémentaire.

A l’inverse, voyez Cuba. Son économie nationalisée et planifiée permet à ce pays pauvre de faire ce que n’a pas su faire la première puissance mondiale : mettre les hommes avant le profit, et évacuer rapidement tous ceux qui se trouvent sur le chemin des nombreux ouragans qui, chaque année, passent sur l’île. Et voyez le Venezuela, un pays menacé par l’impérialisme américain, qui a immédiatement proposé une aide d’1 million de dollars - que le gouvernement américain a cyniquement rejetée comme « non sollicitée », et par conséquent « contre-productive ».

En finir avec le capitalisme

Les images que diffusent les télévisions ont choqué le pays : des enfants et des personnes âgées mourant de déshydratation, des foules affamées qui scandent : « On veut de l’aide, on veut de l’aide ! », des voix brisées qui demandent : « Va-t-on nous laisser mourir ici ? ». Alors que la plupart des gens s’entraident, d’autres en viennent littéralement à se battre pour survivre. On rapporte que des bagarres ont éclaté au sujet de provisions de nourriture. Une femme raconte avoir vu des gens se battre comme des chiens enragés pour le contrôle d’un camion - dans le but de quitter à son bord l’enfer qu’est devenue cette ville autrefois magnifique. Ces efforts désespérés pour survivre font penser aux films post-apocalyptiques comme Mad Max ou Water World. Ces films nous offrent l’image de ce que pourrait devenir le monde si l’on en finit pas avec un système capitaliste pourrissant.

Au lendemain du 11 septembre 2001, Bush a été en mesure de manipuler les gens en focalisant leur attention sur l’« ennemi extérieur ». Mais cette fois-ci, l’indignation sera directement dirigée contre le gouvernement et le système qu’il défend. Comme les digues insuffisamment fortifiées qui entouraient la Nouvelle Orléans, les mensonges superficiels de la classe dirigeante américaine ne pourront pas contenir les eaux de la colère. Encore une fois, la responsabilité de cette catastrophe retombe intégralement sur la classe dirigeante américaine. C’est sa politique de coupes budgétaires et son indifférence à l’égard de ses conséquences à long terme qui ont tué des milliers de gens et ruiné la vie de centaines de milliers d’autres. A présent, elle va devoir en payer le prix.

Hegel expliquait que, dans l’histoire, la nécessité se manifeste souvent sous la forme d’un accident. La violence destructrice de Katrina est justement l’un de ces accidents. Cet ouragan a libéré des forces qui continueront d’agir pendant des années, bien après que ses vents se soient apaisés. Les conditions objectives déterminent la conscience, et dans des conditions comme celles-ci, la conscience peut évoluer très rapidement. Et ce n’est que le début. Katrina pourrait bien marquer le début d’une profonde crise de confiance à l’égard du gouvernement américain et du système capitaliste dans son ensemble.

Ce terrible évènement constitue un réveil brutal pour des millions d’Américains : voilà à quoi ressemble le système capitaliste au XXIe siècle. Jamais le mépris que la masse des gens inspire à la classe dirigeante n’a été aussi flagrant. Seul le renversement de ce système fondé sur le profit posera les bases d’un épanouissement de la société humaine.

http///www.lariposte.com

Messages

  • Ce n’est plus un sacrilège d’oser poser la question.
    En effet. Un peu comme après Tchernobyl. les USA attendent-ils leur Gorbatchev ?
    Vont-ils enfin foutre la paix au monde ?
    Plus personne, à part eux, ne croit qu’ils peuvent être la solution aux problèmes dont ils sont, en fait, la cause principale.
    Désormais, le dernier rempart est d’ordre religieux. Il y a la-bas encore trop de fanatiques qui prédisent la fin du monde si les Etats-Unis perdaient leur leadership. Et ils sont des millions à le croire vraiment. Peut-on être plus orgueilleux et imbu de soi ?
    Tom Yam

  • Article RE-MAR-QUA-BLE. Tout est dit. Et de façon limpide.

    Espérons que cette tragédie profitera au moins aux survivants du capitalisme du monde entier, eux aussi victimes du cynisme et de l’arrogance de ces ultra-libéraux sans foi ni loi.

    emcee

    • Extraits du site en Français du Département d’Etat des Etats-Unis :

      ...Le cyclone Katrina a surgi du golfe du Mexique le 29 août, amenant des pluies torrentielles et des vents violents qui ont dévasté le littoral de quatre États du sud des États-Unis, provoquant des dommages matériels immenses. À la suite de cette catastrophe, le gouvernement fédéral a entrepris une opération de secours intérieurs d’une ampleur sans doute sans précédent...

      A les en croire personne n’était au courant qu’un cyclone allait "SURGIR"
      Alors que faisaient donc tous ces gens entassés dans le superdome ? Ils assistaient à un match de foot ?? Et pourquoi étaient-ils pratiquement tous black ?

      ...D’autres offres sont arrivées d’équipes de secouristes d’Amérique latine et des Antilles, notamment de la Colombie, de la République dominicaine, du Salvador, de la Guyana, du Honduras et de la Jamaïque. Le Venezuela a offert de l’aide humanitaire et du carburant, tandis que la petite île antillaise de la Dominique a offert d’envoyer 200 membres de ses forces d’élite pour prêter main-forte à la garde nationale américaine...

      Naturellement pas un mot sur l’offre d’aide médicale de Cuba. Par contre, Hugo Chavez tout d’un coup devient fréquentable, serait-ce parce qu’il tient le robinet du pétrole ?
      Des médecins beeeuuuhh - Du pétrole, du pétrole, du pétrole.....

      Page de référence :
      http://usinfo.state.gov/fr/Archive/2005/Sep/03-68248.html

      Tom Yam

  • "(...) tous ces évènements ont frappé la conscience de la classe ouvrière américaine. Elle a été violemment arrachée à des décennies de relative indifférence à l’égard de la politique nationale et internationale. Des millions d’Américains ont commencé à s’intéresser aux grands mécanismes qui régissent la vie des hommes, aux Etats-Unis et sur le reste de la planète."
    Voilà des propos qui me semblent bien optimistes. Malgré tous les désordres que Bush crée en Amérique et partout dans le monde, les scandales financiers, et tout ce que vous citez, les Américains l’ont quand même réélu. Tout comme les Anglais ont réélu l’infâme Blair. J’aimerais croire que les gens vont commencer à penser et réagir, mais les faits prouvent le contraire. Les Américains sont perdus, et nous aussi.
    Pascale

    • Effectivement, je suis très sceptique quant à la capacité de réaction de l’opinion américaine et d’action d’un quelconque mouvement populaire. Les Américains sont collectivement devenus aphasiques, incapables de se dresser contre les dérives d’un système, même et y compris lorsque ce dernier les laisse crever au sens propre du terme.

      C’est ce qui rend ce pays absolument terrifiant. Quoi qu’il arrive, ce régime néo-libéral, qui n’est plus depuis longtemps qu’un fantasme de démocratie, sort blanchi de toutes les situations, à commencer par les catastrophes qu’il crée lui-même. D’ailleurs, on l’aura bien compris avec les déclarations de Bush : on ne peut pas lutter contre un phénomène naturel.

      Le pire c’est que c’est cette version qui finira par l’emporter dans l’esprit de l’Américain moyen... Et pour tous ceux qui oseront émettre une critique, ou effectuer un rapprochement avec l’invasion en Irak, pas de problème, il suffira de les désigner comme anti-américains ou de mettre en doute leur patriotisme (voire même de les traiter de Français, puisque c’est l’insulte à la mode ?).

      Par ailleurs, cette tragédie est aggravée par le fait que la Louisiane, et plus particulièrement la Nouvelle Orléans, a un statut un peu marginal dans l’Union. Un Etat pauvre, une ville constituée aux trois quarts de noirs (et non pas d’"afro-américains", terme qui a été créé afin de masquer la réalité socio-économique de cette partie de la population), tout cela est bien peu de choses depuis Washington et pour les journalistes de Fox News.

      Theoven

    • tout à fait d’accord avec toi Pascale
      les politiques sont comme les personnages de dessins animés même d’une chute du centième étage ils ne meurent jamais
      Ex : Fabius (sang contaminé) est toujours là il a même été président de l’assemblée après
      il faut dire que lorsque l’on maitrise les médias....pour nous faire croire que nous sommes en démocratie .Mais internet pourrait peut être aider un peu ( je pense que la toile est pour qqchose pour la fameuse claque du NON à la constitution)

  • Bonjour,
    Effectivement il s’agit là d’une catastrophe humanitaire non calculable. Quand on regarde les
    images ou écoute les médias, on s’aperçois qu’il y a eu une Très grande négligence de la part
    des politiques. On peut voir également que la majorité de ces pauvres personnes sont de la
    classe OUVRIERE. Est-ce que M. BUSH a un coeur ?
    Je souhaite passer un message aux victimes en leur présentant mes sincères condoléances et un
    très bon courage.
    Petit proverbe : quand les riches se font la guerre, se sont les pauvres qui meurent.

    PS : Longue vie à BELLACIAO. Continuer à dénoncer les injustices, merci .

    Gilles.

  • POUR INFORMATION :

    CUBA, l’autre pays à affronter les cyclones :

    Des milliers de personnes évacuées à Cuba à cause des pluies et des inondations liées à l’ouragan Katrina

    La Havane, 29.08.05 (AIN) Plus de 8 600 personnes ont été évacuées dans la province de Pinar del Rio, la plus occidentale de Cuba, à cause des pluies intenses qui ont eu lieu depuis vendredi sur cette province.

    Ces averses, liées à l’ouragan Katrina, qui affecte actuellement le territoire des Etats-Unis, ont provoqué des inondations qui ont coupé les communications terrestres avec plusieurs localités de Pinar del Rio, dont celles de Guane et de San Cristobal.

    Les autorités de Pinar del Rio ont annoncé l’évacuation des habitants de la région côtière de La Salina ainsi que l’adoption de mesures pour garantir la protection du tabac récolté et la préservation de l’équipement des centres scolaires.

    Des travaux visant à rétablir le service électrique dans les endroits les pluies ont commencé à diminuer sont également en cours.

    Par ailleurs, l’intensité et la force des vagues provoquées par les vents qui accompagnent l’ouragan Katrina ont provoqué des inondations dans la côte sud de la province de La Havane, notamment dans la localité côtière de Guanimar, dont la population a été évacuée.

    Des moyens des Forces armées révolutionnaires ont été mobilisés d’urgence pour garantir la rapidité de l’évacuation de la population de Guanimar lorsque la force des vagues a emporté le mur de protection construit depuis plusieurs années face à la mer.

    L’Institut de météorologie rapporte en outre que des vents de 90 km/heure ont soufflé sur certaines régions de la partie occidentale de Cuba.

    Agence Cubaine d’Information

    AUTRE INFO

    ’’Sondage’’ :
    Quelque 51% des Américains estiment que la réponse du gouvernement à la situation a été "pauvre" ou "pas si bonne que ça", 48% jugent que le gouvernement fédéral a répondu de manière "excellente" ou "bonne", selon un sondage Washington Post/ABC

    Un sondage qui a le mérite d’être clair : il reste au moins __48%__ de cons aux Etats-Unis. Et encore ne sont pas comptabilisés là-dedans les "sans opinion"...
    No comment...

    emcee

    http://emceebeulogue.tooblog.fr/?2005/08/05

    • Attention à ne pas trop extrapoler

      1) est ce que la puissance us est touchée : non ! la zone devastée represent moins de 1% du PIB américain

      2) est ce que la fierté us est touchée : oui ! pour la 1ere fois il demande de l’aide , mais cette aide concerne la population la plus pauvre , la plus précaire des USA
      cela aurait été différent si New york était ravagée

      3) est ce qu’il faut se réjouir :non car pour l’instant notre économie est trés dépendante des USA

    • Ce qui fait la puissance d’un pays est son peuple et sa cohésion .
      La fierté us ! j’en doute , les yanKKKees sont trop dégénérés pour laisser leur orgueuil mal placé au vestiaire et se réfugient dans des préchi-précha évangéliste .
      Les yankkkees c’est 3% de la population mondiale et 25% de la pollution mondiale .
      Notre économie est de moins en moins dépendante des yankkkees grâce a la mondialisation ,
      Face a l’autre camps , Chine , Russie , Inde , Iran et autres pays musulmans , l’Amérique Latine etc...
      Les yankkkees sont des nains avec une grande gueule .

    • Réponse fausse : si l’économie us s’effondre , c’est toute l’économie mondiale qui flancherait : pourquoi crois tu que la dette us est si importante , c’esr parceque les prêteurs savent qu’avec cet argent les américains font tourner l’économie mondiale .Donc pour l’instant c’est du gagnant gagnant ( je parle des etats pas des populations)

    • L’économie flanchera un peu probablement , mais il faut pas se prendre pour T.Breton qui confond Bourse et économie .
      Et c’est justement là qu’est l’erreur .
      Le commerce international continuera comme si de rien n’était et même en mieux , ceux qui perdrons leurs culottes ce sont les rois de la spéculation , les artistes de la SICAV , les naïfs des fond de retraites et pensions privés , bref les boursicoteux qui n’apportent rien a la société et au lieu de remettre l’argent gagné en circulation , il le réinvestissent et ainsi de suite .

    • je te rappelle que la crise de 29 part de l’effondrement de wall street , donc (on peut le regretter) la bourse et l’économie sont liés

    • Tu ne prétends quand même pas établir un parallèle entre l’économie de 1929 et celle de 2005 !?

      Et je dis que la bourse et l’économie ne sont pratiquement plus liés , si t’es pas convaincu , essaie d’établir un parallèle entre la bourse et les Statisques de l’INSEE en 2005 , pas en 1929 ! .

    • Pourquoi pas ! à part les volumes qui sont moins importants , les mécanismes sont les mêmes avec une forte interdépendance :exemple ?

      les banques allemandes et autrichiennes ont été les 1eres à s’effondrer en Europe (donc plus aucun crédit aux particuliers et aux banques) aprés que les banques us ont retités tout leur avoir , car elles étaient ruinées aprés le krach ; ensuite même schéma pour le RU .

    • rep vrai il faut penser a l’économie et a la population pas comme se gro con ki sen fou 2 la pop on se kil dirai si il serai la bas donc kil réfléchisse 1 peu cette espèce denculé

  • Cet article a le mérite de prendre du champ par rapport à l’événement et de proposer, somme toute, une analyse de classe, ce qui n’est pas fréquent même ici, et on le voit aux réactions, où grosso modo, on retient les catégories immédiates de pauvres, riches, moyen, orgueil national, pib...

    Il me semble que, plus généralement, il faut s’attendre de par le monde, et c’est heureux, à la recrudescence d’affrontements explicites de classe, au sens basiquement marxien, et que cela viendra équilibrer avec bonheur les discours moralistes de gauche, qui sont davantage portés par les couches moyennes très représentées dans les mouvements altermondialistes.

    Affirmer qu’on a là un tournant dans l’histoire politique des Etats-Unis peut sembler rapide, mais je pense qu’il s’agit effectivement d’un tournant dans l’après 11 septembre, avec la potentialité d’une reprise d’initiatives prolétariennes, pour faire court, cad d’initiatives qui ne soient pas seulement de résistance aux coups de la classe dominante, mais littéralement offensives. De ce point de vue, les réactions mettant tout "le peuple" américain dans une sorte de sac à neuneux me paraissent méconnaître l’histoire américaine et sa mémoire vivante (en particulier chez les prolétaires non-Blancs), pour ne pas dire traduire un certain mépris. Après tout, nous n’avons pas encore chassé du pouvoir ou de sa perspective des dirigeants qui n’ont guère à apprendre de George Bush en matière de gouvernance capitaliste.

    P.

    • HOULA ! Ca c’est envoyé !

      J’aimerais bien savoir de quoi parle si doctement P. quand il/elle se réfère à « l’histoire américaine et sa mémoire vivante (en particulier chez les prolétaires non-Blancs) ».

      Je fais des efforts mais toutes les "conquêtes" que je trouve dans ma tête ont aussitôt subi un retour de bâton de la part de la classe moyenne WASP.
      Et, actuellement, les préoccupations du "prolétariat" (ou ce qu’il en reste !), c-à-d la survie, sont tellement éloignées des "valeurs" des candidats à la présidentielle (des milliardaires soutenus par d’autres milliardaires, rappelons-le) qu’ils ne se bousculent pas pour aller
      voter.(moins de 50% de l’électorat a voté aux dernières élections : Bush a donc été élu par un quart des citoyens)

      Quant à chasser nos propres dirigeants ou prétendants, je suis d ‘accord que ce n’est pas encore fait ! Bush, Blair et Berlusconi n’ont-ils pas été ré-élus, contre toute attente et malgré une forte opposition à leurs politiques et à leur personne ? Ils ont été ré-élus parce que les partis de gauche étaient inexistants ou déchirés ou dirigés par des gens dont ils ne voulaient plus.

      Le peuple de gauche s’est donc déplacé mal volontiers … ou ne s’est pas déplacé. (Comme pour Jospin en 2002, qu’une grande partie de l’électorat a rejeté à cause de sa politique libérale).

      C’est ce qui passera chez nous en 2007 si la gauche française est incapable de s’unir derrière un même programme et derrière un candidat crédible. Et quand on voit les divergences graves, les mesquineries et/ou les « tatillonages » qui transparaissent sur ce site-même entre les diverses tendances, on a du mouron à se faire...

    • J’aimerais bien savoir de quoi parle si doctement P. quand il/elle se réfère à « l’histoire américaine et sa mémoire vivante (en particulier chez les prolétaires non-Blancs) ».

      Il n’y a rien de vraiment docte, je m’en voudrais. Mais comme le temps a passé depuis ma jeunesse, chercher les livres d’Howard ZINN, par exemple, ou ailleurs d’HOBSBAWM (Les primitifs de la révolte dans l’Europe moderne, les bandits, Sociologie du jazz, F. Newton...), sur les classes dangereuses, les bandits, ou chez nous, le RANCIERE de "La nuit des prolétaires"

      Sinon, toute l’histoire des mouvements noirs aux Etats-Unis, la relation mouvementée de leur rapport au mouvement ouvrier et au communisme officiel du PC américain... Les Black Panthers et les Diggers de San Francisco etc.

      Quelqu’un a donné des liens dans le fil à côté : Grassroots/Low-income/People of Color-led
      Hurricane Katrina Relief, NAACP, Anarchist & anti-authoritarian relief actions, ACORN.org

      Bonnes recherches...

      Pour le reste, sans commentaire sur la bouillie fantasmatique "ce qui passera chez nous en 2007 si la gauche française est incapable de s’unir derrière un même programme et derrière un candidat crédible"

      Pauvre de vous, Besancenot ou Sarkozy président, quant à moi et rapport au capital, je vois pas de différence quant à l’issue : la démagogie étatico-démocratiste, basta. Que viva la révolution communiste !

      P.

    • Merci, P. pour la réponse.

      C’est bien ce qui me semblait : il s’agit essentiellement du mouvement pour les Droits Civiques des Noirs. Mais je ne l’avais jamais envisagée sous l’angle d’une lutte de "prolétaires". Toutes les classes sociales étaient alors représentées, tous les Noirs n’étant pas ouvriers. Certains, évidemment en bien moindre proportion, avaient plutôt réussi.
      Il se ralliaient sous la même revendication : la fin de la Ségrégation et la reconnaissance de leurs droits de citoyens.

      Cette lutte, qui a pris davantage d’importance à partir de la Seconde Guerre mondiale, a duré à partir de là une vingtaine d’années, jusqu’au milieu des années soixante, ce qui est considérable.

      La bourgeoisie a ensuite quitté les ghettos et c’est ainsi que les Noirs des ghettos, sans des modèles de réussite et de stabilité à proximité, se sont retrouvés démunis. Les ghettos sont vite devenus des poudrières et il y eut quelques émeutes mémorables.

      Puis il y eut Nixon et Reagan. Et ce qui s’ensuivit.

      Quant aux grandes luttes ouvrières aux Etats-Unis, elles remontent elles aussi à des temps immémoriaux. Sinon, elles restent actuellement très marginales et ponctuelles (la plus importante : la lutte des employés des supermarchés en Californie contre l’installation de Wal-Mart, en 2002-3, je crois). Mais ces revendications ne font, hélas, pas boule de neige.

      Bon, je m’arrête là, je ne vais pas refaire l’Histoire, il y aurait trop à dire.

      Tout cela pour dire que je ne suis pas tout à fait d’accord quand on parle de lutte du prolétariat aux US, même si cela a existé, bien entendu. Mais elle a rarement eu, ces trente-quarante dernières années, me semble-t-il, une dimension nationale, et donc, des incidences tangibles sur l’ensemble de la classe ouvrière