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La Grosse Koalition à battre. A Berlin comme à Rome

Publie le mercredi 1er mars 2006 par Open-Publishing
2 commentaires

Réunion de l’exécutif de la Gauche européenne. Bertinotti : "La bataille contre le libéralisme extrême et contre le libéralisme modéré"

de Stefano Bocconetti traduit de l’italien par karl&rosa

Pas seulement en Allemagne. Mais aussi à Bruxelles et même ici chez nous, en Italie. Où, peut-être, nous en restonsencore aux mots, mais des mots qui soutendent tous le même objectif. On parle de la Grosse Koalition, de la rencontre entre la droite, épurée de ses composantes les plus outrancières, et des morceaux de la social-démocratie. D’où naît cette dénonciation ? La Gauche européenne, qui a réuni hier à Rome son exécutif, a sa propre idée. Sa propre analyse. La voilà, selon les mots de Fausto Bertinotti (qui est le président de la Gauche européenne) dans une rencontre avec le journalistes : "La politique extrême du Traité constitutionnel a été repoussée (avant tout par les Français mais pas que par eux), la première directive Bolkestein, inspirée d’un farouche dumping social, à été mise de côté.

"Ils ont décidé ainsi de changer de cheval". L’exemple n’est pas seulement le nouvel exécutif de Berlin, mais il vient aussi de Bruxelles, du compromis qu’on y a atteint pour la deuxième version de la directive Bolkestein. "En passant ainsi d’un libéralisme extrême à un libéralisme modéré.

Mais les résultats pour les personnes, pour ceux qui travaillent, ne changent en rien. "Même dans sa nouvelle version, la Bolkestein risque de produire, bien que dans des formes différentes, les mêmes processus de crise de la cohésion sociale et de la démocratie. Au moins si on entend la démocratie comme participation". Un jugement analogue à celui exprimé, dans la même conférence de presse, par le chef du groupe au parlement européen de la Gauche unie verte et nordique, le Gue, le Français Francis Wurtz (qui dirige une coalition de forces, dont certaines ne font pas partie de la Gauche européenne tout en recherchant des convergences et une unité d’action avec elle). Wurtz dit que dans la nouvelle version de la Bolkestein les parties les plus effroyables ont été éliminées mais tous les "poisons libéraux" demeurent. A combattre maintenant, tout de suite.

A combattre. "Avec la même intensité. - c’est, à nouveau, le secrétaire de Refondation - Nous combattons les gouvernements des droites en Europe parce qu’ils sont porteurs d’une hypothèse désastreuse, mais nous combattons avec la même intensité la "grosse Koalition" parce qu’aux pays européens il ne faut pas quelques amendements à la politique des droites, mais un changement radical en politique économique et sociale".

Il ne faut pas de Grosse Koalition aux pays européens. Et l’Italie n’en a pas besoin non plus. Et pourtant, "dans nos journaux, cette expression commence à occuper de plus en plus d’espace. Et on arrive ainsi au paradoxe : nous sommes au début de la campagne électorale entre deux rassemblements opposés, mais parallèlement commence à circuler une hypothèse qui ne sera pas soumise aux électeurs". Cette hypothèse est soutenue par des secteurs de la haute bourgeoisie, par des personnages comme Mario Monti ou Renato Ruggiero. Ils "voudraient couper les ailes aux coalitions et surtout couper Refondation Communiste, pour gagner de l’espace pour la grosse coalition". Mais peut-être y a-t-il chez nous un antidote de plus : le programme de l’Union. "Dans le projet - dit Bertinotti - de ce point de vue il n’y a aucune ambiguïté. Son inspiration est totalement hors du néolibéralisme mais aussi du libéralisme modéré". Ou bien "des ambiguïtés demeurent, mais seulement dans les comportements de certaines force politiques". Sur la redistribution du revenu, au contraire, ou sur la tutelle des bien communs, sur le rôle de la programmation, sur le fisc, sur le marché du travail, sur l’école, "le programme n’est pas équivoque".

Voila le match qu’on joue en Europe et en Italie. Mais entre temps, ces jours-ci, ces heures-ci, on en joue un autre. Peut-être même plus important. Qui concerne le rôle du vieux continent et, là-dedans, le rôle, "la mission", comme dit Bertinotti, de notre pays dans la Méditerranée. Un rôle mis en discussion par Marcello Pera. Ici, vraiment rien n’arrête le secrétaire de Refondation. Il montre "Liberazione", en se disant d’accord avec l’emphase avec laquelle le journal a traité l’argument et parle du manifeste du Président du Sénat et de ses amis comme d’un "phénomène culturellement inquiétant et institutionnellement intolérable". Oui, institutionnellement intolérable. Parce que, ou bien "Pera quitte le poste qu’il occupe ou bien il choisit de combattre sa croisade". La seule chose qu’on ne peut pas faire est que Pera "livre sa bataille politique avec la protection de son rôle institutionnel". Une situation tellement grave qu’elle nécessiterait une parole de la part de Ciampi. "Je pense tout bas que cette situation devrait être aussi la raison d’intervention du garant suprême de la République, qui est le Chef de l’Etat".

Cela sur le plan formel. Pour ce qui est de la substance, Bertinotti est convaincu que "l’Italie a besoin d’une politique vers le monde islamique qui est exactement le contraire de la "propension suicidaire", du point de vue des intérêts du Pays, contenue dans le manifeste". Il faut tout autre chose : "relancer la vocation de dialogue et de rencontre qui voient l’Italie comme un pont entre l’Europe et les pays de la Méditerranée du Sud. Un vocation qui se rattache à la tradition culturelle de toutes les forces politiques italiennes, qui se confrontèrent à l’époque de la guerre froide, mais qui convergeaient dans le choix qui trouve ses points de référence dans le Florence du maire La Pira et dans la leçon du Concile Vatican II". Et que cette bataille ne peut pas être confondue avec la bataille électorale, c’est encore Bertinotti qui le fait comprendre par une boutade : "Je demande aussi aux électeurs du centre-droit de réfléchir sur les contenus d’un manifeste si dangereux pour la société italienne et pour son rôle dans la Méditerranée". Encore. Que ce n’est pas qu’une question italienne le révèlent aussi les paroles de Francis Wurtz. Depuis toujours amoureux de notre pays, il se dit maintenant déconcerté. "Le manifeste de Pera vient après les affirmations de Berlusconi sur la supériorité du monde catholique sur l’Islam et les affirmations négationnistes de la Shoah du député européen de la droite, Romagnoli. Il me semble absurde que des personnages pareils puissent parler au nom de l’Italie et il serait bon qu’il soient relégués aux souvenirs du passé".

Wurtz parle de l’Italie, exactement comme tous les autres dirigeants de la Gauche européenne parlent de tous les pays. De leurs luttes, de comment les coordonner. La rencontre (pendant laquelleun film dénonciation sur le meurtre de Carlo Giuliani , présenté par son père, Giuliano, a été projeté) se termine avec l’engagement de créer un "observatoire" sur les conflits. Pour que le parti supranational sache ce qui se passe vraiment dans le vieux continent. Et avec l’engagement de construire la première fête de la Gauche européenne. Rendez-vous cet été, à Palerme. Dans la ville "pont" avec l’autre rive de la Méditerranée.

http://www.liberazione.it

http://bellaciao.org/it/article.php3?id_article=12667

Messages

  • Bertinotti dit :
    "Mais peut-être y a-t-il chez nous un antidote de plus : le programme de l’Union. "Dans le projet - dit Bertinotti - de ce point de vue il n’y a aucune ambiguïté. Son inspiration est totalement hors du néolibéralisme mais aussi du libéralisme modéré".

    Laissez moi avoir quelques doutes la-dessus sachant que le candidat de l’Union est Romano Prodi l’ancien président l’ultra libérale commission européenne.

    Pour le reste d’accord avec Bertinotti.

    Jips

    • Surtout quand Romano Prodi tient ce genre de discours à propos de la fusion Suez - Gaz de France qui "prive " Enel (entreprise italienne) de la possibilitré de se goinfrer Gaz de France :

      "
      Romano Prodi, leader de l’opposition pour les élections législatives du 9 avril, a relayé l’indignation du gouvernement Berlusconi. L’ancien président de la Commission européenne a précisé qu’en cas de victoire la gauche pourrait revenir sur certaines opérations comme EDF-Edison et BNP Paribas-BNL. "Tout peut être congelé", a-t-il affirmé, avant de modérer son propos : "Je ne parle pas de rétorsions, mais de règles égales pour tous. Si nous ne pouvons pas entrer en compétition dans un secteur en France, je ne vois pas pourquoi la France pourrait acheter chez nous." (extrait du Monde 1er mars 2006)

      Jips