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La bombe atomique d’Hiroshima couverte par un brevet français ?

Publie le dimanche 31 juillet 2005 par Open-Publishing
8 commentaires

60ème anniversaire d’Hiroshima et de Nagasaki

L’énergie atomique se manifesta publiquement pour la première fois le 6 août 1945 : destruction à peu près complète et instantanée d’Hiroshima. La "performance" fut répétée trois jours plus tard sur Nagasaki avec le même succès. Si la surprise fut grande dans l’opinion publique, parmi les savants il n’en fut rien car ils envisageaient ce développement scientifique depuis 1939.

Contrairement à ce qui a été écrit plusieurs années plus tard, ces destructions de masse ne traumatisèrent ni le milieu scientifique ni l’opinion publique.

Elles furent perçues comme le début d’une ère nouvelle, "l’âge atomique" confirmant la fiabilité de cette nouvelle source d’énergie. Le mercredi 8 août 1945, on put lire à la une du journal Le Monde : "Une révolution scientifique : Les Américains lancent leur première bombe atomique sur le japon". L’unanimité fut assez parfaite dans l’ensemble de la presse. L’ampleur du désastre, ces êtres humains qui, en quelques millionièmes de seconde, furent "volatilisés" et ne laissèrent qu’une ombre sur les murs, loin de déclencher horreur et indignation, fut reçue comme la preuve objective d’un avenir radieux pour une humanité qui allait enfin être débarrassée à tout jamais des contraintes du travail. La matière se révélait source inépuisable d’énergie, qu’il serait possible d’utiliser partout sans limite, sans effort, sans danger. D’invraisemblables projets étaient présentés sérieusement comme à notre portée dans un avenir très proche. On parlait de faire fondre la glace des pôles par bombardement atomique pour produire un climat tempéré sur la terre entière, d’araser le Mont Blanc ou de combler la Méditerranée pour irriguer le Sahara (Joliot), etc.

Le délire scientiste n’a plus jamais atteint de tels sommets. Les explosions sur le Japon furent glorifiées et bénies par tout ce que l’establishment scientifique avait de disponible : à l’époque cela s’appelait "les savants". La mobilisation fut spontanée pour nous initier à cet avenir que les prix Nobel du "Projet Manhattan" nous avaient soigneusement préparé. Hiroshima devait ouvrir à l’humanité une ère de liberté, on entrait dans la modernité libératrice.

La seule voix discordante fut celle d’Albert Camus dans l’éditorial de Combat le 8 août 1945 : "Le monde est ce qu’il est, c’est-à-dire peu de chose. C’est ce que chacun sait depuis hier grâce au formidable concert que la radio, les journaux et les agences d’information viennent de déclencher au sujet de la bombe atomique. On nous apprend, en effet, au milieu d’une foule de commentaires enthousiastes, que n’importe quelle ville d’importance moyenne peut être totalement rasée par une bombe de la grosseur d’un ballon de football. Des journaux américains, anglais et français se répandent en dissertations élégantes sur l’avenir, le passé, les inventeurs, le coût, la vocation pacifique et les effets guerriers, les conséquences politiques et même le caractère indépendant de la bombe atomique. [...] Il est permis de penser qu’il y a quelque indécence à célébrer une découverte qui se met d’abord au service de la plus formidable rage de destruction dont l’homme ait fait preuve depuis des siècles". Ces positions lui valurent, quelques jours plus tard, de violentes critiques.

Pour France-Soir, l’ère nouvelle fut inaugurée le 16 juillet 1945, date de l’essai de la première bombe atomique. Il titre le 8 novembre 1945 : "Le 16 juillet 1945 à Alamogordo, par une nuit d’orage, le monde est entré dans une ère nouvelle". L’article se poursuit ainsi : "L’espèce humaine a réussi à passer un âge nouveau : l’âge atomique". Ce même journal titrait un article le 9 août 1945 : "L’emploi de la bombe atomique ouvre des horizons illimités". Le 10 août 1945, après la destruction de Nagasaki, France-Soir confiait ses colonnes à "un prince, académicien français et prix Nobel de physique" qui titrait son article : "L’homme pourra demain tirer plus d’énergie de quelques grammes de matière désintégrée que de la houille, de l’eau et du pétrole, par le prince Louis de Broglie, de l’Académie française". Le 8 août 1945, le journal Libération titrait en première page : "La nouvelle découverte peut bouleverser le monde. [...] Charbon, essence, électricité ne seraient bientôt plus que des souvenirs".

L’Humanité du 8 août 1945 titre en première page : "La bombe atomique a son histoire depuis 1938, dans tous les pays des savants s’employaient à cette tâche immense : libérer l’énergie nucléaire. Les travaux du professeur Frédéric Joliot-Curie ont été un appoint énorme dans la réalisation de cette prodigieuse conquête de la science". Les journaux mentionnent à de nombreuses reprises la part jouée par la France dans cette prodigieuse découverte. Ainsi on trouve dans le Figaro du 9 août 1945 un communiqué de l’AFP : "Paimpol 8 août - M. Joliot-Curie fait de Paimpol la communication suivante : L’emploi de l’énergie atomique et de la bombe atomique a son origine dans les découvertes et les travaux effectués au Collège de France par MM. Joliot-Curie, Alban et Kowarski en 1939 et 1940. Des communications ont été faites et des brevets pris à cette époque". Un de ces brevets porte sur les "Perfectionnements aux charges explosives", brevet d’invention n° 971-324, "demandé le 4 mai 1939 à 15 h 35 min à Paris".

Cependant, personne en 1945 n’osa réclamer au gouvernement américain des royalties, bien que finalement on affirmât que la destruction de Hiroshima était couverte par un brevet français ! Seul un bénéfice moral était attendu en exigeant que l’opinion mondiale reconnût la contribution française aux massacres d’Hiroshima et de Nagasaki.

Hiroshima et Nagasaki :
L’homme qui défia la censure (Les destructions de masse de la bombe atomique ne traumatisèrent ni le milieu scientifique, ni la presse, ni l’opinion publique... écoutez : "Micro-Climat" (régler le son assez fort), une émission de Radio Libertaire du 9/8/1988 avec Roger Belbéoch sur Hiroshima et Nagasaki, 1h34 en Real 8,5 Kb)

Témoignages :
- Récits des jours d’Hiroshima du docteur Shuntaro Hida
- Futaba Kitayama, atomisée à 1 700 mètres de l’hypocentre à Hiroshima
- Hideo Shimpo atomisé â 1 300 mètres de l’hypocentre à Hiroshima
- Tomiko Matsumoto atomisé à 1 300 mètres de l’hypocentre à Hiroshima
- Ube Makoto atomisé à 3 kilomètres de l’hypocentre à Hiroshima
- Hiroshima 54 jours d’enfer du Docteur Michihiko Hachiya
- Tamiki Hara atomisé à Nagasaki le 9 Août 1945

Les véritables raisons d’Hiroshima.
 Hiroshima 8h15 le 6 août 1945 (Voir : Hiroshima et Nagasaki en Realvidéo 28 Kb)
 "Guerre du Pacifique : Nagasaki", un documentaire de Serge Viallet, 51mn en Realvideo 33Kb.

 Les ingénieurs oubliés de la bombe (Voir : Le documentaire de 1 heure en Realvideo 33Kb sur le bombardement atomique "Rain of ruin" qui bien qu’entièrement aligné sur les thèses officielles américaines (millier de vies américaines sauvées, refus du Japon de se rendre etc.) est très instructif sur la préparation et les infrastructures mises en place pour arriver aux bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki. Lire l’extrait du livre "Plus clair que mille soleils" de Robert Jungk qui présente les physiciens ayant participés à la construction de la bombe atomique américaine, leurs motivations puis les réticences de certains...).

http://www.dissident-media.org/infonucleaire

Messages

  • quelle horreur, cette illustration de la vénération du "progrès" !
    Francis

  • Robert Oppenheimer, Niels Bohr, Hans Bethe, Philip Morrison... Tous plus ou moins liés à la fabrication de la bombe, plus ou moins persécutés par les autorités US pour s’être opposés à la poursuite de sa construction aprés la défaite des nazis...Tous oubliés. Voir le portrait qu’en a fait Hubert Reeves dans "L’heure de s’enivrer".

    Valere

    • C’es très vrai. On pourrait aussi ajouter le nom d’Albert Einstein, qui par sa fameuse lettre au Président Roosevelt, a déclenché le projet Manhattan de fabrication de la bombe atomique. Et pourtant, quel pacifiste c’était ! Richard Feynman, Enrico Fermi aussi ont participé à la fabrication de la bombe américaine, et l’Histoire ne les retient pas (c’est le moins que l’on puisse dire) comme des guerriers assoiffés de destruction, pas plus que Werner Heisenberg, engagé, lui, en tant que scientifique allemand de premier plan, dans des recherches similaires pour les nazis.
      Rappelons aussi qu’en France, Frédéric Joliot-Curie et Paul Langevin, qui avaient applaudi le progrès technique incontestable que représente l’arme atomique (et encore, il ne s’agissait que d’une bombe A, à fission nucléaire, 1000 fois moins puissante que la bombe H à fusion), ont très vite pris leur distance avec son utilisation guerrière. Joliot a toujours milité pour l’utilisation civile de l’énergie nucléaire. C’est lui qui a lancé l’appel de Stockholm en 1949 exigeant l’interdiction de l’arme atomique, "arme d’épouvante et d’extérmination des populations". "Nous considérons que le gouvernement qui, le premier, utiliserait contre n’importe quel pays l’arme atomique, commettrait un crime contre l’humanité et serait à traiter comme un criminel de guerre. Nous appelons tous les hommes de bonne volonté dans le monde à signer cet appel." 3 millions de Français signèrent l’appel, et plus de 150 millions dans le monde.
      Par ailleurs, son appartenance au Parti Communiste ainsi que son refus de voir l’énergie atomique utilisée à des fins destructrices coûtèrent à Joliot son poste de premier Haut Commissaire à l’énergie atomique en 1950.
      Il est facile, je trouve, de se poser en Procureur de l’Histoire, et de ne voir les évènements qu’avec nos yeux du XXIe siècle, et de condamner plutôt que de chercher à comprendre les évènements. Les recherches d’avant-guerre de Joliot et son épouse portaient sur la radio-activité (dans la lignée des travaux de Marie Curie, belle-mère de Joliot), et qu’il avait très vite compris l’énergie qu’il serait possible de tirer de ce phénomène physique. Qu’il ait envisagé au départ la bombe atomique comme un aboutissement de ses travaux n’en fait pas un salaud à mes yeux. Il y voyait le moyen de réaliser de grands travaux au service de l’humanité, pas au service de sa destruction. Comment pouvait-il savoir dès 1938-39 les dégâts humains qu’une bombe atomique de grosse capacité (ce qu’il ne maîtrisait absolument pas, n’ayant découvert qu’un phénomène physique ’de laboratoire’) produirait ? Il n’a d’ailleurs jamais été impliqué dans le projet Manhattan.
      Enfin, si l’on sait depuis peu que l’armée américaine était au courant que le Japon n’avait pas besoin des explosions nucléaires pour mettre genou à terre, il n’en allait pas de même à l’époque. Après la capitulation allemande, le Japon a continué la guerre, et les Alliés faisaient (encore) front commun. Le président Truman, par l’explosion des bombes à Hiroshima et Nagasaki, a simplement ouvert la guerre froide en voulant montrer à l’URSS la force de frappe qu’il possédait. Dans un premier temps (quelques jours), que cela n’ait pas été perçu par les résistants et anti-nazis sincères (Joliot pas exemple) ne me paraît pas les condamner pour toujours.

  • Pour informations complémentaires, cliquer ici

    P.S. Quelle est la définition d’holocauste ?
    Guic

  • Communiqué

    Quimper le 30 juillet 2005,

    Les associations AE2D, Flottille Rade de Brest pour une mer propre, Mouvement de la Paix, Sortir du Nucléaire Cornouaille invitent à venir nombreux aux journées d’actions communes prévues Samedi 6 et Dimanche 7 août 2005 à l’occasion du 60ème anniversaire d’Hiroshima et Nagasaki.

    Elles entendent dénoncer la relance des programmes nucléaires militaires français, notamment dans la presqu’île de Crozon et la rade de Brest (Ile Longue, site de Gwenvenez) par la préparation de nouveaux missiles (M 51) et de nouvelles têtes nucléaires destinées aux SNLE (sous-marins nucléaires lanceurs d’engins) et rappeler qu’ici, dans la presqu’île de Crozon, sur le site de l’Ile Longue, est concentrée 90% de la force de dissuasion nucléaire de la France, soit près de 290 têtes nucléaires (plus de 2 000 fois la puissance de la bombe atomique lâchée sur Hiroshima ). Cela constitue un risque majeur pour la santé publique, pour l’environnement et la paix dans le monde.

    La possession de l’arme atomique autorisée pour les seuls membres du Conseil de Sécurité des Nations-Unies (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie) est source de tensions sur la scène internationale et incite ceux qui ne l’ont pas à la posséder (Inde, Pakistan, Israël et demain Corée, Iran, Lybie....).

    Si l’on veut l’égalité entre les nations, il faut militer pour l’abolition totale de l’arme atomique .

    Les bombes atomiques ont été lâchées sur Hiroshima et Nagazaki en août 1945 soi-disant pour arrêter la guerre alors que les services secrets américains savaient que le Japon était prêt à capituler depuis le 13 juillet ! Odieux !

    En mémoire des victimes , plus jamais ça .

    Programme du dimanche

    10h Randonnée pédestre au Menez Hom : Chapelle de Ste Marie du Menez Hom

    12h Sommet Menez Hom : Lecture de la lettre du maire d’Hiroshima

    12h30 Pique Nique - Port du Fret - Arrivée des voiliers de la Flotille Rade de Brest pour une Mer Propre et des kayaks

    14h00 - 14h30 DEBAT : Après la conférence de révision du Traité de Non prolifération de New York en mai 2005, quelles perspectives pour le désarmement nucléaire ?

    15h30 Départ des voiliers pour le rassemblement face à l’Ile Longue

    A 16h00 Départ de la marche vers l’entrée de la base de l’Ile Longue

    16h30 On brûle une représentation d’un missile M51

    D’AUTRES ACTIONS DE SENSIBILISATION SONT PREVUES le SAMEDI 6 AOUT

    Exposition sur HIROSHIMA et NAGASAKI à la MPT de Tal ar Groas à partir de 10h à 18h

    Dying prévu sur la presqu’île à l’heure du largage de la bombe dans l’après midi [RDV MPT début d’après midi]

    Chantal Cuisnier

    Membre de Sortir du Nucléaire Cornouaille
    mel sortirdunucleairecornouaille@yahoo.fr
    site : http://sortirdunucleaire29.free.fr/