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La morale que l’on veut nous imposer ?

Publie le mercredi 24 septembre 2008 par Open-Publishing
5 commentaires

de Michel MENGNEAU

On se souvient avec quel mauvais gout Sarkozy avait tenté d’imposer la lecture de la lettre de Guy Môquet dans les écoles et surtout du tollé que cela avait suscité. Sans en avoir l’air, à travers cet épisode de la vie de notre république une conception insidieuse de l’orientation de notre société en était à ses prémices…

Dans la continuité, la venue en France du plus haut représentant de l’église catholique et romaine m’a laissé dans la bouche un goût amer, et la colère qu’elle avait suscitée a du mal à s’estomper.

Si les choses nous avaient été présentées comme le respect et la pompe dus à la visite d’un chef d’état étranger, ce qu’est en l’occurrence Ratzinger, je n’aurais pas rué dans les brancards comme se fut souvent le cas lors de la balade sacerdotale du susnommé. Car il s’agit bien d’une balade sacerdotale orchestré avec magnificence et ostentation par les médias à laquelle nous fumes contraint de participer indirectement, et non une simple visite de courtoisie du représentant du Vatican ainsi qu’il est de coutume pour entretenir les bonnes relations d’état à état.

Donc il y a tromperie et cette façon de vouloir imposer de façon détournée une religion à un peuple est une forme d’abus de pouvoir et d’ingérence intellectuelle et philosophique au sein d’une diversité culturelle qui est la richesse de notre pays. .

C’est donc le représentant d’une secte qui pendant quelques jours a abreuvé la France de discours se voulant à porté philosophique, voire moralisatrice. J’ai utilisé à dessein le terme secte car une foule de quidams moutonniers ont ingurgité et digéré benoitement les paroles de leur grand prédicateur. Et que dit à ce sujet le dictionnaire, il dit que secte vient du latin suivre, ce qui est le cas, et donne aussi comme définition : Ensemble de personnes professant une même doctrine philosophique, religieuse, etc. On ne peut être plus clair ! Pourtant, sans doute pour maquiller une vérité pas forcément glorieuse, certains appellent ça une religion reconnue et pour ma part j’appelle ça de l’hypocrisie.

On peut d’ailleurs constater à propos de sectes reconnues que les autres n’affichent pas à la face du monde par exemple un « super-iman » ou un « chef-pasteur » vociférant la bonne parole ainsi que le pratique la religion romaine avec un quidam qui se balade en papamobile et salut les foules tel une star d’Hollywood. Cela ressemble fort à de l’autocratie et la comparaison vaut aussi pour le bouddhisme avec la sur-médiatisation du dalaï-lama…

Mais le pire c’est sa propension à vouloir nous servir un discours moralisateur, comme si sans la morale dictée par la foi chrétienne l’on courrait à la dépravation la plus totale. Une fois de plus ce genre de concept me fait hérisser le poil et c’est avec un certain contentement que je suis tombé sur un écrit allant dans le sens de mes pensées. C’est donc un article paru dans Ouest-France du 23 septembre que je vous fais partager tant il m’a paru coller en partie aux idées qui m’animent.

Cependant, j’émettrais une petite restriction quant à la conclusion car la notion d’église implique le fait religieux et son concept, ce qui pour ma part est souvent à l’origine des intolérances.

La morale et la foi

Pénétré de ses certitudes, Benoît XVI savait-il vraiment que, dans le public qui l’écoutait, l’autre vendredi, au collège des Bernardins, nombreux étaient ceux qui ne croyaient en aucun Dieu et surtout pas en un Fils de Dieu ressuscité ? Comme saint Paul l’avait écrit aux Corinthiens, la sagesse dont se réclamait le pape était folie pour eux. Sa raison n’était pas leur raison. Et lorsque l’orateur condamnait les fondamentalistes, se réclamant d’une lecture textuelle de l’Écriture, se demandait-il où, aux yeux de ses auditeurs incroyants, s’arrêtait l’interprétation symbolique et où les chrétiens d’aujourd’hui situaient la vértée révélée ?

Benoît XVI a paru considérer que le Dieu de l’Écriture était la seule source de la morale. Un dominicain, Jean-Pierre Lintanf, avait affirmé, en sens inverse : « La foi en Dieu n’est pas nécessaire pour fonder une morale. La morale n’appartient pas aux Églises. Affirmer, comme Dostoïevski que, si Dieu n’existait pas, tout est permis, c’est se faire une piètre idée de l’homme, de la morale et de Dieu. »

Cela vaut surtout pour une dimension fondamentale de la morale commune : la tolérance, le respect de l’Autre. Le pape se veut « semeur de charité ». Mais l’Église catholique n’a accepté la liberté religieuse et n’a condamné la coercition que le 7 décembre 1965, dans la déclaration Dignitatis humanae du concile Vatican II. Il y avait eu simplement quelques décennies de pluralisme accepté, au IVe siècle, entre l’Édit de Milan de 313, accordant la liberté de culte aux chrétiens, et le monopole accordé au christianisme, décrété en 380. La formule « Je vous demande la liberté au nom de vos principes et je vous la refuse au nom des miens » n’a pas seulement été pratiquée par les États musulmans.

D’autres valeurs, fortement présentes dans les Évangiles, ont été formulées contre les Églises aux XVIe, XVIIIe, XIXe siècles. C’est ce qui avait fait écrire à Jean-Paul II, dans l’un de ses derniers textes : « Les Lumières européennes n’ont pas seulement produit les atrocités de la Révolution française, elles ont eu des produits positifs, comme les idées de Liberté, d’Égalité et de Fraternité qui sont aussi des valeurs enracinées dans l’Évangile... Constater que cette empreinte des Lumières a souvent conduit à une redécouverte en profondeur de vérités contenues dans l’Évangile est source de réflexion. Les encycliques sociales, elles-mêmes, le mettent en évidence. »

La foi de Benoît XVI l’empêche peut-être de comprendre pleinement la formulation de Raymond Aron : « Quand il doit agir dans le temps, l’homme n’échappe pas aux conflits de valeurs... L’homme sans Dieu risque sa vie pour des causes impures... Il sait que l’humanité ne peut se créer elle-même que dans le doute et l’erreur. Il s’exprime, non dans la volonté d’être Dieu, mais dans la sagesse qui consent à ne pas atteindre l’absolu. L’humanisme athée ne peut se définir que par l’acceptation des limites de l’existence humaine. »

Du moins pourrait-il être davantage sensible à ce qu’a écrit Hippolyte Simon, aujourd’hui vice-président de la Conférence épiscopale : « Ce serait une erreur funeste de vouloir constituer une croisade des croyants contre les incroyants... Le critère de discernement n’est pas ici la croyance proclamée. C’est l’attitude envers tout homme blessé qui, si l’on peut dire en l’occurrence, fait foi » (1). La notion d’Église, servante et pauvre, garde toute sa valeur, pour le chrétien, autant que celle de la Vérité.

(1) Vers la France païenne ? Cana, 1999.

(*) Auteur, notamment, de Les fruits de leur arbre. Regard athée sur les chrétiens. Presses de la Renaissance, 2001.

Alfred Grosser (*)

Messages

  • Comme vous, j’ai été choquée par la réception à laquelle a eu droit ce Benoit intolérant, sectaire, essayant de faire avaler aux gens qu’il faut avoir la foi .
    La République s’éloigne de ses valeurs et , de ses fondements, pourtant inscrits dans la constitution, à savoir que les religions sont du domaine du privé et doivent absolument y rester .
    C’est d’un grand mépris pour ceux dont je suis, qui ne croient en rien sinon à la raison et à l’intelligence .
    De plus, les gens devraient se méfier, le pouvoir politique se sert toujours du goupillon quand le peuple commence à avoir faim .

    • Tout à fait. Sarkozy est allé chercher le pape pour amortir le choc de la crise financière qui va nous mettre à quatre pattes. Il compte bien qu’un peu plus de religion dans nos vies nous fera accepter d’avaler la pilule plus facilement. Pendant ce temps, Parisot par exemple demande toujours plus pour nous zigouiller facilement. Cherchez la morale et la foi dans tout ça ! Normal que nous soyons nombreux à ne pas y croire, car avec un minimum d’observation et de réflexion sur le comportement des individus notamment des dominants, il est clair que les religions ne servent qu’à endormir les dominés, pour mieux les exploiter. Pourquoi au travers des siècles les papes n’ont jamais été des "Robin des bois" ou des "Zorro" ? Pourquoi ?

  • la "ballade" médiatique, de ce personnage intolérant et sectaire, fut trés médiatisée mais aucun journal digne de ce nom n’a osé affiché le cout de ce séjour... 2 MILLIONS 500000 EUROS selon mes sources mais qui paye la facture ?