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La tension monte à Haiti où l’aide tarde à arriver

Publie le vendredi 24 septembre 2004 par Open-Publishing


de Grioo

La tension était forte jeudi aux Gonaïves, dans le nord-ouest d’Haïti, où les
habitants se plaignent d’une aide en eau et nourriture arrivant en trop faible
quantité pour satisfaire les besoins d’une population déplorant 1.105 morts,
1.250 disparus et 901 blessés.

Les inondations provoquées par la tempête Jeanne dans la nuit du 18 au 19 septembre
ont aussi laissé quelque 300.000 personnes sinistrées, ayant perdu leurs maisons,
leurs cultures et leurs emplois. Plusieurs dizaines de milliers de personnes
sont sans eau potable ni nourriture et le gouvernement craint des épidémies.

Aux Gonaïves, particulièrement touchée par les inondations, plusieurs quartiers
sont toujours sous les eaux, cinq jours après la tempête.

"70 tonnes d’aide, ce n’est pas assez pour toutes ces victimes", se plaint Hans Havic de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. "Les gens sont dans une situation desespérée, ils n’ont ni eau, ni nourriture".

Ces insuffisances risquent de provoquer des pillages et des scènes d’émeutes à chaque fois qu’un camion livre de l’aide, craignent les organisations humanitaires. Des mesures de sécurité ont été prises à ce sujet, notamment avec l’aide de la mission des Casques bleus présente en Haïti

"Le désespoir conduit à la tension", souligne Hans Havic.

Plusieurs centaines de prisonniers sont toujours en fuite après s’être échappés de la prison des Gonaïves (nord-ouest) le week-end dernier à la faveur de la tempête.

Jusqu’à présent, les autorités font valoir qu’aucun incident majeur n’a été signalé, bien que des individus aient attaqué quatre policiers protégeant une cargaison d’eau, qu’ils ont volée.

"Les gens sont en colère", confirme Sophie Paris, une porte-parole des Casques bleus.

La force de l’Onu (Minustah) a mobilisé sa flotte de 20 hélicoptères et multiplie les rotations pour acheminer l’aide humanitaire aux victimes. L’aéroport des Gonaïves est inondé et le recours à des avions, qui permettrait d’augmenter les livraisons, n’est pas possible.

Pour diminuer le risque d’épidémies, les autorités ont décidé d’enterrer les corps des personnes décédées dans des fosses communes. "L’urgence, c’est de veiller à ce que la situation sanitaire ne nous donne pas l’occasion de tomber sur une épidémie qui serait terrible", a déclaré le Premier ministre Gérard Latortue sur la chaîne française TV5. "Il faut enterrer les cadavres : ce n’est pas dans la pratique haïtienne de mettre les cadavres dans les fosses communes (...) mais on n’a pas le choix".

Le responsable santé publique de l’ONG OXFAM, Joe Fay n’a pas exclu la possibilité de cas de choléra ou de typhoïde. "Les conditions sont idéales pour que se développent les germes", a prévenu ce spécialiste.

Les morgues des Gonaïves sont bondées et les cadavres se décomposent rapidement en raison de la chaleur. Faute d’accès aux morgues, les Haïtiens viennent déposer les corps qu’ils trouvent devant le quartier-général de l’Onu aux Gonaïves.

Plusieurs centaines de morts ont été dénombrés dans cette ville de 200.000 habitants où 450 maisons ont été détruites, selon la protection civile haïtienne.

A l’appel du secrétaire général de l’Onu Kofi Annan, plusieurs pays ont envoyé une aide à Haïti, dont le Canada, l’Espagne, la France, le Chili, le Brésil et le Venezuela. Sans accès direct aux Gonaïves, les avions doivent cependant atterrir à Port-au-Prince avant que l’aide ne soit acheminée par hélicoptères ou camions jusqu’aux sinistrés.

Haïti, pays le plus pauvre du continent américain et qui souffre d’une grave déforestation favorisant les inondations, avait déjà été victime en mai et juin de pluies torrentielles ayant fait 1.220 morts.

http://www.grioo.com/info3118.html