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La triste fin du musée Lénine

Publie le mercredi 7 novembre 2007 par Open-Publishing
6 commentaires

de Hacquemand Eric

C’EST UN PETIT IMMEUBLE sans grande prétention, situé rue Marie-Rose, à Paris (XIV e ). Il y a encore peu une plaque ("Ici vécut Lénine, de juillet 1909 à juin 1912") accueillait les curieux.

Elle a été déposée à la demande des locataires. Quatre-vingt-dix ans après la prise du palais d’Hiver, dans la nuit du 6 au 7 novembre 1917, qui marqua le second acte de la révolution russe, le seul musée français consacré au leader bolchevique a fermé ses portes. Dans l’indifférence quasi générale.

Chaque été, quelques touristes des pays de l’Est, adeptes du "Lénine Tour" dans la capitale, jouent bien les nostalgiques. En pure perte. Les deux lignes de téléphone qui permettaient de prendre rendez-vous pour la visite ont été coupées.

Propriétaire des lieux depuis 1955, le PCF a renoncé à faire visiter le modeste appartement pour le louer à une revue littéraire. L’an dernier, le lit, les chaises, le bureau de Lénine... ont été discrètement rapatriés dans les sous-sols de l’immeuble du Colonel-Fabien, le siège du parti.

La présence du père de la révolution russe se résume aujourd’hui... à un compteur à gaz vieux de 1905 ! Pour autant, pas question de céder les bijoux de famille. « Cet appartement a encore une valeur sentimentale. Et la vente ne réglerait en rien nos problèmes de finances », souligne Jean-Louis Frostin, le trésorier du PC.

Comble de l’ironie, c’est au couvent des franciscains, situé en face de l’immeuble, que l’on garde encore la mémoire des lieux. « Tous les ans, les communistes chantaient l’Internationale ... Il paraît que même Gorbatchev est venu ici », confie-t-on à la boutique des Editions franciscaines.

Le Parisien du 07 novembre 2007


Appartement de Lénine - 4, rue Marie Rose

de Baudouin Eschapasse

Un petit immeuble sans prétention, à deux pas d’Alésia. Une plaque indiquait jadis que Lénine vécut là, de juillet 1909 à juin 1912. Elle a été arrachée depuis. Au deuxième étage, un appartement modeste. Deux pièces ont été transformées en petit musée. Les murs, couverts de moquette rouge, sont chargés de photos, fac-similés de lettres et autres dazibao à la gloire du « grand homme ». Le parti communiste a renoncé depuis longtemps à faire visiter l’endroit. Dans l’entrée, un drapeau rouge prend la poussière.

Au bout d’un couloir décoré par deux vitrines (pleines d’objets commémoratifs : médailles, livres, statuettes), deux chambres séparées. Celle de Lénine est tendue de papier peint à motifs floraux. Au dessus du lit, telle une icône, trône une photo de Karl Marx. Sur la couche, un jeu d’échec. La bibliothèque est remplie de livres russes. Sur la cheminée, une photo de babouchka repose contre une glace, près d’un bouquet de fleurs séchées. Le bureau est resté tel quel. Une feuille de papier jauni gît au côté d’un fascicule de propagande et d’un vieux plumier. Une bouteille d’encre sèche voisine avec une pile d’ouvrages de philosophie et une lampe à pétrole.

La chambre de Koupskaïa est plus austère. Le lit à une place, lui aussi, semble plus dur. La table est nue et les étagères sont moins fournies. Une pancarte bleue, plantée là, au milieu de la pièce, vante les mérites de la compagne « fidèle » du chef. Deux lits d’enfants, désespérément vides, émergent de l’obscurité dans une alcôve.

Dans la cuisine, sur un réchaud en fonte, une marmite abandonnée est posée dos au mur. Lorsqu’on soulève son couvercle, une odeur âcre de champignon emplit brutalement l’air. Deux choses noirâtres apparaissent dans une brume, indéfinissable, de moisissure.

Une porte fermée à clef donne sur un réduit. Dans un carton, des centaines de prospectus, glissés sous la porte, au fil des ans, ont été entassés. Quelques enveloppes portent le nom de Vladimir Illitch. Un canapé-lit étonnamment moderne occupe tout l’espace. On aperçoit un livre portant sur la couverture une photo de Youri Gagarine. Certains prétendent que des « camarades » recevaient là d’innocentes créatures pour leur montrer les joyaux du communisme. Un placard coulissant renferme en effet une dizaine de bustes en bronze.

http://www.chroniques-nomades.org/1...

Messages

  • pour le louer à une revue littéraire

    on parie que c’est Regards ?

    • Attendre les THESES D’AVRIL. Vieux stal borné.

    • Quelle honte de lire " Vieux stal borné" à propos d’une personne manifestant de la sympathie pour Lénine, alors que si Lénine avait vécu plus longtemps il aurait pu parfaitement devenir une victime du stalinisme, à l’exemple de Zinoviev, Kamenev, Radek, Rakowski, Trotski. Le vrai "stal", au sens scientifique du terme est bien plus l’accusateur antiléninien. Vychinski, le procureur antibolchévique des procès de Moscou, avait signé avant la révolution d’octobre 1917 un arrêt à l’encontre de Lénine. Il y en a qui nagent donc dans un sillage nauséabond...

      "Le camarade Staline en devenant secrétaire général a concentré un pouvoir immense entre ses mains et je ne suis pas sûr qu’il sache toujours en user avec suffisamment de prudence. [...] Staline est trop brutal, et ce défaut, pleinement supportable dans les relations entre nous, communistes, devient intolérable dans la fonction de secrétaire général. C’est pourquoi je propose aux camarades de réfléchir au moyen de déplacer Staline de ce poste..." (Lénine, Éléments de son Testament politique) Il y a bien d’autres textes très durs de Lénine qui sont expressément CONTRE Staline et la bureaucratie naissante. Mais il est plus difficile de les trouver sur Internet qu’on ne pouvait les trouver en RDA où ils étaient vendus réunis dans un seul livre. Bravo, la réécriture de l’histoire ! Bravo pour le décervelage ainsi occasionné !

      Alors, la disparition du Musée Lénine à Paris n’est vraiment pas une bonne chose...

      Un amoureux de la vérité, TOUTE la vérité...