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Le culte de la personnalité

Publie le mardi 19 mai 2009 par Open-Publishing
5 commentaires

de Michel MENGNEAU

En lisant le titre d’un article : « Ken Loach apporte son soutien à Olivier Besancenot », je me suis posé la question à savoir pour quelle raison le journaliste c’était focalisé sur le nom du sympathique postier alors que celui-ci n’est que le représentant d’un parti qui a la faveur du grand réalisateur britannique. Et même le comble, d’écrire en tout lettre quelques lignes plus bas :« .. ;à apporté samedi son soutient au Nouveau parti anticapitaliste d’Olivier Besancenot », comme si ledit parti appartenait à l’intéressé susnommé.

Si je ne conteste pas, au contraire, cette prise de position éclairée d’une personnalité du septième art, par contre je reste assez dubitatif sur la façon dont le journaliste du nouvel’Obs a présenté l’événement. Avec ce titre « effet d’annonce » autour de la personne de celui qui est souvent le porte-parole du NPA, on aurait dit que Loach assurait la promotion d’une star de la politique, et non celle d’un parti porteur d’idéaux. Je sais, OB, s’est fait un nom et même un acronyme en étant très souvent sur le devant de la scène, cela est du qu’étant l’un des plus médiatiques de son parti celui-ci l’a utilisé à bon escient. Mais cela normalement ne devrait en rester qu’à ça, et ne devrait pas faire la Une autour d’un titre qui se veut accrocheur et qui ne sert que la politique-spectacle. C’est faire passer la communication avant le débat d’idée.

La politique-spectacle n’étant que le corolaire du spectacle politique il se pose à nous le fait de savoir pourquoi l’on s’intéresse plus à l’image qu’à la pensée finale. Pourquoi les préférences vont vers celui qui a le plus de bagout ne brassant que des généralités, des lieux communs, des faux-semblants au détriment de celui qui est porteur de véritables paroles étayées dans un concept philosophique et sociétal au service de l’individu. N’y aurait-il donc en politique que le hâbleur beau parleur qui ferait recette chez le citoyen lambda et ne serait laissé qu’aux soi-disant intellectuels le débat de fond. Si je schématise à l’extrême pour affirmer ce propos, c’est que le manque d’intérêt de l’opinion, en générale, pour la vraie politique est criant, néfaste à nos sociétés et malheureusement volontairement entretenu par des dirigeants qui cachent sous des apparats des réalités qui ne sont pas au service des peuples. Donc la politique-spectacle est une mascarade aidant les exploiteurs à encore plus esclavager un exploité endormi par le chant des sirènes.

Guy Debord écrivait à ce propos au 23 de « La société du spectacle » : « C’est la plus vieille spécialisation sociale ; la spécialisation du pouvoir, qui est la racine du spectacle. Le spectacle est ainsi une activité spécialisée qui parle pour l’ensemble des autres. C’est la représentation diplomatique de la société hiérarchisée devant elle-même, où toute autre parole est bannie. La plus moderne y est aussi la plus archaïque. »

Comme souvent, cela favorise les individus à forte personnalité qui naturellement se délectent dans le culte de la personnalité. Le système électoral français favorise d’ailleurs cela avec l’élection du président de la république à deux, où l’on assiste souvent à des débats d’une platitude soporifique, sans véritable remise en cause idéologique de nos sociétés ce qui serait moins flagrant avec une confrontation à plusieurs candidats. Le système, déjà, favorise la politique spectacle comme une sorte de trompe l’œil médiatiquement orchestré pour ne pas réveiller les consciences. Si, parfois, un candidat s’énerve, je pense particulièrement à une nullité qui a cru bon de se fâcher au dernières présidentielles pour faire semblant d’animer le débat, mais c’est toujours que de la poudre aux yeux et cela restera tant que la médiatisation ne s’attachera pas à l’essentielle. Pour tout dire, c’est tout juste si par une sorte de stratagème elle n’en pas fait pipi dans sa culotte et montrer avec ostentation le résultat de la contrariété à la camera, le clou…du spectacle. Voilà, à quoi la politique ressemble de nos jours.

De surcroit il faut dire qu’en France on est bien servit à ce sujet avec le guignol qui nous sert de Chef d’Etat. Omniprésent devant les caméras ce menteur patenté passe son temps à médiatiser son action. Il en est même venu à rajouter tics et mouvements désordonnés à une faconde populiste et vulgaire dont il se sert pour faire peuple. Etonnante image de marque car le peuple dans son ensemble s’exprime de façon différente et souvent de manière plus châtiée, sa façon de s’exprimer et plus celle des voyous de bas étages que celle du commun de ses concitoyens. Comme le personnage est d’un égo surdimensionné, il entretient donc un culte de la personnalité qui frise l’obscène et qui mène sur le chemin de la dictature. Mais ce qui est le plus grave c’est que les médias sont complètement partie prenante dans l’exacerbation de ce culte de la personnalité, et le discours politique, la politique n’est plus que spectacle et qui plus est, de mauvaise qualité.

C’est donc pour cela que je m’étais offusqué du titre de l’article car il ne va pas dans le sens du débat d’idées. Il est donc important de ramener la politique au niveau de tous, pour tous, même si certains qui ont vocations de leader auront tendance à émerger du lot, cela doit être et rester la chose du peuple dans le sens noble du terme, et non une sorte de mascarade servant et cachant les turpitudes d’une prétendue élite qui n’a d’intérêt et de compte à rendre qu’au capitalisme.

C’est pourquoi lorsque j’entends des récriminations électoralistes qui ne tiennent aucunement compte de l’apport idéologique de fond, je cris halte à l’obsession électorale qui conduit au culte de la personnalité. Privilégions le débat le dialogue et donnons quand il le faut des responsabilités à ceux qui sont aptes, sans que cela soit un blanc sein et une future carrière professionnelle qui détacherait celui-ci de la cause première. Nous sommes un ensemble où chaque pierre est différente mais où chaque pierre à besoin de l’autre pour être la route qui mène au bonheur des peuples.

Humble de nos sentiments, humble de nous même chacun nous sommes, humble parmi les humbles nous resterons…

http://le-ragondin-furieux.blog4ever.com

Messages

  • Au 25 Debord rajoute à la fin ces phrases qui illustrent bien le pourquoi du spectacle politique....

    Si les besoins sociaux de l’époque où se développent de telles techniques ne peuvent trouver de satisfaction que par leur médiation, si l’administration de cette société et tout contact entre les hommes ne peuvent plus s’exercer que par l’intermédiaire de cette puissance de communication instantanée, c’est parce que cette « communication » est essentiellement unilatérale ; de sorte que sa concentration revient à accumuler dans les mains de l’administration du système existant les moyens qui lui permettent de poursuivre cette administration déterminée. La scission généralisée du spectacle est inséparable de l’Etat moderne, c’est-à-dire de la forme générale de la scission dans la société, produit de la division du travail social et organe de la domination de classe.

    • Ce culte de la personnalité, que Michel dénonce, mène à la création d’une oligarchie à la tête des partis ou syndicats. Les "chefs" vénérés voient leurs intérêts se détacher peu à peu de ceux de la masse des adhérents. C’est un phénomène qui traverse toutes les organisations humaines.

      Certains l’ont appelée la loi d’airain de l’oligarchie s’imposant à toute organisation, quelle qu’elle soit, et finissant par nier toute démocratie en son sein...

      L’histoire personnelle des "têtes" historiques de la gauche confirme ce phénomène. Ainsi peuvent s’expliquer les nombreux revirements et trahisons, incompréhensibles et "inexplicables" au premier abord, dont l’histoire est si friande.

      Cette question est à mon avis centrale au sein des organisations révolutionnaires.

      Cette dégénérescence oligarchique menant à la collaboration de classe et à la réconciliation de toutes les élites dirigeantes, "bourgeoises" ou non, se faisant sur le dos de la grande masse des "dirigés", ne peut être combattue que par l’exercice de la démocratie directe au sein de l’organisation.

      Si les adhérents la laissent mourir alors l’organisation est morte et ne sert plus ses objectifs égalitaires de départ.

      C’est cette démocratie directe qu’à mon avis le NPA devra protéger comme la prunelle de ses yeux s’il veut continuer à prétendre travailler à la construction du socialisme du XXIème siècle.

      Certains affirment que c’est la rotation aux postes clés qui nous prémunit contre les dérives oligarchiques...

      Certes... Mais à noter que sans démocratie directe, la nécessaire rotation aux postes de premier plan ne se fait jamais...

  • Comme en toute chose, il faut remonter aux sources... sinon on se met à divaguer largement...

    Donc qui à dit ?

    Et tout s’éclaire...

  • Peut être que la manière dont la culture et le spectacle sont organisés... peut être la pub qui essaye de se faire passer pour de la culture et qui va toujours plus loin et plus fort.. plus vite et partout...

    Peut être le contenu des télévision, a 90 % (au moins) violentes et sans fond si ce n’est complaisamment propagandiste pour la répression, la police et la peur...

    Il faut voir aussi ce qu’ils appellent "les journaux télévisé", tous sur le même modèle, que des brèves et des faits divers.... du sport en veut tu en voilà...

    Peut être parce que lorsque on dit le mot "intellectuel" (réduit a intello) les gens se mettent a pouffer de rire

    Peut être aussi qu’a force de ne rien faire pour les Julien Coupat et tous les autres, pour les manifestations ridiculisées ou pour toutes les histoires où il est question d’abus de pouvoir, de violence politique, de discours démagogiques..

    En un mot, d’enfoirés qui t’agitent des pompons de la mains droite pendant qu’ils te font les poches et te baise de l’autre... de vendeurs de nucléaire et de saloperies qui nous rongent tout en nous parlant d’énergie propre... les industriels et les politiques a leurs bottes.

    bref... peut-être qu’a force de laisser faire ça (et quelques autre petits détails) il semble que on y est bien bel et bien déjà dans la politique "sécuritaire" (synonyme de fasciste) et le culte de l’image de kakos a tendances mafieuse et fasciste, bien organisés en bandes de copains qui se la pètent et qui te la pète avec leurs molosses si t’est pas content.
    Il n’y a qu’a se tourner et regarder qui fait des cadeaux a qui, a qui profite la soit disant "crise" et puis qui se la mange en pleine tête.... regarder qui ne supporte pas l’expression des autres.. Qui a le plus tendance à la lèche et a la traitrise, a la méchanceté gratuite ou bien calculé selon le caca rente ou un plan de carrière.

    Si on continu a rester assis sur notre cul a rien faire on ne pourra rien faire d’autre que de se lamenter en restant assis sur le cul.

    ["Il est donc important de ramener la politique au niveau de tous"] .. je ne sait pas ce que ça veut dire... Elle ne le serait pas peut être ?

    [Humble de nos sentiments, humble de nous même chacun nous sommes, humble parmi les humbles nous resterons…]....

    ça me fait vaguement penser a une parole du cureton....

    Ceux là on les entend tous les jours maintenant. Ils se glissent partout comme des limaces.. c’est toujours mauvais signe pour la liberté et l’épanouissement des gens et des enfants a moins de préférer les confier a de vieux pervers qui leurs racontent des histoires a dormir debout pour trouver l’occasion de leurs mettre un doigt dans le cul ou de toucher leurs zizi.... sans capotes.

    Il faut dire que le règne du sarcome a commencé par une visite vers le vieux a soutane, celui là même qui a passé sa jeunesse nazie dans les jeunesse hitlérienne...

    En tout cas je ne sait pas non plus ce que veut dire "humble" dit comme ca... ça veut dire fermer toujours sa gueule qu’elle que soit l’attitude de celui qui t’emmerde ou bien quoi ?

    Peut être des rassemblements ne serait pas mal venus pour pour pouvoir parler politique et avoir des débats parce que sinon il ne reste plus qu’a s’adresser aux médias et à regarder la télé en faisant passer des pétitions par internet...

  • Humble : qui est de condition sociale modeste, ce qui n’est pas un défaut mais un état. Mais aussi ce qui fait de l’humilité une qualité à contrario de celui qui se fait mousser. Un homme parmi les autres, avec les autres, avec ses différences, au sens noble du terme, celui du partage et de la tolérance. à contrario de celui toujours en avant de la scéne politique où il ne prône que pour satisfaire son égo.

    Alors chez les humbles ils y a souvent plus d’athées et d’anti religieux que de curetons, cette parole n’est donc pas reservée à la confessionnalité mais au tout un chacun. D’ailleurs en faisant une assimilation du mot humble avec la dialectique religieuse on voit l’exemple type de la déviance du sens éthymologique ou de l’idée que l’on se fait des mots et la classification que cela peut donner dans le vulgaire. Le sens des mots, une éternelle interprétation parfois, souvent déreminante dans la compréhension du texte, de la parole....

    Pour conclure, j’ai toujours pensé que tous, les uns comme les autres, nous sortions de l’ordinaire que se soit individuellement ou en groupe, mais à la fois nous sommes tous l’ordinaire fondu dans un grand ensemble d’humains ordinaires.