Accueil > Les délocalisations enlèvent un emploi sur dix

Les délocalisations enlèvent un emploi sur dix

Publie le samedi 25 septembre 2004 par Open-Publishing
5 commentaires


Rapport UE sur l’emploi : 7,3% des pertes d’emploi sont causées par outsourcing
et déplacements


de GIOVANNI FERRARA

Que les délocalisations eussent des « coûts sociaux » on le savait déjà. Mais
maintenant Bruxelles chiffre ces coûts : 7,3% de tous les emplois perdus en Europe
sont directement reconductibles au phénomène des déplacements à différents titres
des productions : « commandes » externes et délocalisations dans des pays « plus
avantageux ». Les données sont contenues dans le rapport sur l’ « emploi Ue en
2004 » que la commission européenne a diffusé hier.

En fait, en rédigeant la recherche, les experts du centre pour la surveillance
des changements dans le travail ont divisé les délocalisations en deux segments
 : outsourcing et déplacements de production, de façon à arriver à analyser le
phénomène tout entier. Les effets des deux différents types sont presque analogues,
si ce n’est qu’il influent sur l’emploi de manière différente En effet, le fait
de confier à l’extérieur (outsourcing) quelques opérations pénalise moins les
salariés, en ne causant « que » 2,46% des licenciements.

Le pourcentage augmente jusqu’à 4,8% si on prend en considération, au contraire, les cas de délocalisation « pure » (à savoir ceux où une entreprise démantèle ses établissements sur un territoire pour en créer de nouveaux dans des pays avec moins de règles et des salaires plus bas). Les cas examinés sont au total 1.472. En proportion, les délocalisations à l’extérieur de l’Ue (surtout en Inde) ont été beaucoup plus nombreuses que celles à l’intérieur des frontières communautaires (aussi bien avant qu’après l’intégration). De fait, Bruxelles a souligné que l’élargissement à 25 a représenté une « mini mondialisation » aux conséquences non traumatiques, en ajoutant toutefois que « dans un avenir prochain des variations plus inattendues et brusques se produiront à cause des technologies de l’information et de la communication et des services qui y sont liés, ce qui accélèrera un peu le rythme des restructurations ».

En pratique, dans les années à venir les délocalisations produiront aussi du chômage technologique, conséquence de l’introduction de nouveaux mécanismes en mesure de faire « faire des économies » à l’entreprise sur le coût du travail, le premier poste prise en considération par les entreprises en quête de réduction des dépenses. Sur la base des résultats, c’est la Commission européenne elle-même qui souligne comme il sera très difficile d’atteindre à l’horizon 2010 les objectifs de Lisbonne concernant les taux d’emploi (70% de toute la population européenne : 60% pour les femmes et 50% pour les salariés âgés, ndr) ». Mais tout de suite après on ajoute que le chemin à parcourir est celui d’une « plus grande flexibilité ».

Et pourtant la contradiction reste intacte : on pense remédier aux effets de la globalisation justement par les mesures qu’elle a enfantées. On fait toutefois référence aussi à d’autre types de « correctifs » : entraînement des « partenaires sociaux dans la gestion du processus », respect des normes concernant les licenciements et la consultation directe des salariés. Enfin, mise en œuvre des instruments pour la « reconversion de la main d’œuvre ». Parmi ces derniers on mentionne les fonds européens (ceux pour le développement régional et social).

Enfin, sur la question de l’emploi on doit rappeler une autre proposition, avancée toujours par Bruxelles : réviser la directive de 1993 qui discipline à l’échelon européen la question du « temps de travail ». Si on veut, d’un côté, lier la dérogation de l’entreprise à l’horaire de travail à un toit maximum de 48 heures, de l’autre côté on projette la « correction » de l’interprétation livrée par la Cour de justice européenne, sur la base de laquelle fait partie de l’horaire total tout le temps passé sur le lieu de travail et non seulement le temps d’exercice effectif d’activités. La proposition va en sens opposé, si bien que, par exemple, on devrait considérer « inactives » pour les professions de santé les heures de garde de nuit passées sans urgences. De plus, chaque pays aurait la possibilité de prolonger à 12 mois, des 4 actuels, la période de référence pour calculer la semaine de travail.

Pour cette dernière mesure aussi, donc, le mot d’ordre est celui en vogue à présent : flexibilité

Traduit de l’italien par Karl et Rosa - Bellaciao

Sourse : http://www.ilmanifesto.it/

Messages

  • Tout cela est bien beau mais la manière de traiter ce sujet (les délocalisations), n’est que de la "cuisine gestionnaire". Le fait essentiel est, et reste, que l’objectif de la production c’est la valorisation du capital et que l’individu est totalement instrumentalisé dans ce processus. Dans le cadre d’une économie mondialisée, ce qui est le cas, cela signifie un déchirement du tissu social dans les "anciens" pays développés et une liquidation de tous les acquis sociaux (qui sont un coup) dans le cas d’une politique de "revalorisation" de l’emploi local.

    Malgré toutes les statistiques et études des "experts", le problème reste entier... il n’est pas économique, il est politique : quelle organisation sociale pour quelle finalité ?

    P.M

  • On peut apprécier toute la "rigueur scientifique" de ce genre d’études à la précision au 1/100ème près des pourcentages (2,43% des licenciements causés par l’ "outsourcing" !). De qui se moque-t-on ? De même les 7,3 % des "emplois perdus" du fait des délocalisations. Comment estimer qu’un emploi est "perdu" du fait d’une "délocalisation" ? Si ce n’est par de vagues réponses à de vagues questionnaires renseignés par des vaguemestres des services du personnel des firmes : on verra toute l’objectivité de ce type d’ "outsourcing". Et que derrière, de savants statisticiens opèrent moult calculs d’écart-type, d’espérance mathématique, de tests du KHI2, d’échantillonages représentatifs, de redressements etc.etc. ne change en rien l’arbitraire de ces études, dont les visées idéologiques sont toujours plus que transparentes. Le bluff des "dits d’expert" atteint en ces matières des sommets !

  • auriez-vous par hasard l’adresse internet sur le site de l’union européenne où l’on peut trouver ce fameux rapport sur les délocalisations ?
    Merci d’avance
    MJ