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Les pays pauvres à Doha : cacher la misère que la presse ne veut pas voir.

Publie le vendredi 17 juin 2005 par Open-Publishing

de Gilles Klein

Vous avez remarqué le battage incroyable sur la réunion du conseil de l’Europe.

Un exemple de fausses polémiques : Blair peut-il blérer Chirac ? Le budget sera-t-il bouclé par les Ministres ? L’Angletterre réussira-t-elle à garder sa ristourne et la France le PAC ?

Un vielle technique de la presse des dominants. Créer une polémique (au moins cela donne du travail commentateurs de presse) là où il n’y en a pas.

C’est la technique de l’écran de fumée. Pendant que la presse nous bourre le choux avec ces articles, elle ne parle pas (ou beaucoup moins) d’autres choses.

Cette fois, l’autre chose se serait quoi ?

Un petit coup d’œuil dans l’actu et la réponse vient d’elle même.

Pendant ces querelles de clocher (pour ne pas dire cloche-merde), les pays du sud (émergents ou pauvres) se réunissent également à Doha.

Hier matin, France Culture en a dit quelques mots, une dizaine pas plus.

Juste pour préciser que Blair (tien le revoilà) avait proposé d’annuler la dette des pays les plus pauvres et allait de ce fait présider la séance d’ouverture.

Depuis Seattle en 1999 et la première manif antiglobalisation de masse, les pays pauvres reprennent la main sur la marche du monde. Ils sont pauvres, mais ils sont nombreux. Et les sommets depuis Seattle ne peuvent plus les ignorer.

Qu’a t’on dit à Doha donc ?

D’abord que l’aide des pays riches était un foutage de gueule. Ils avaient promis 0,7 % du PIB. C’est rien, moins que la taxe Tobin, mais c’est déjà trop. Ce chiffre n’a jamais été atteint. En fait les pays riches soutiennent les pays en voie de développement à hauteur de... O,2 % de leur PIB. Le commerce équitable, et le développement durable ont encore de la marge avant d’être pris au sérieux.

Peu d’infos ici donc sur cette réunion dite du G77. Pas de fac similé du texte qui en est sorti : "la déclaration de DOHA".

On sait juste que les pays pauvres et émergents ont décidé de créer leur propre fond de soutien, d’accorder une partie de ce fond en priorité aux pays les plus pauvres parmi les pays pauvres.

Ils ont emis des doutes, chats echaudés..., sur la volonté de du G8 d’annuler la dette des 18 pays les plus pauvres. Ils ont quelques craintes, légitimes, sur les conditions éventuelles.

Les pays pauvres et émergents s’organisent, il y a quelques mois, les pays d’Amériques du Sud avaient fait la même chose. Le monde change de polarité.

Pendant ce temps les médias des dominants se demandent quel sera pour les femmes le régime à la mode, les rélations entre Sarkhozy et Villepin et si Chirac va serrer la main ou non à Blair.

Vous voulez parier qu’il y a moins de correspondants de presse à Doha qu’à Bruxelles ?

Bref, Tout va bien ici. Comme si de rien n’était.