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Negri balance une nouvelle fois et appelle les vigiles

Publie le jeudi 4 novembre 2004 par Open-Publishing
3 commentaires


de Les invisibles

15 jours après nous fêtons toujours la fin du négrisme paisible

Lundi 18 octobre 2004, au Collège International de Philosophie, siège provisoire de la neutralisation intellectualiste parisienne, a commencé le séminaire annuel de Toni Negri. On peut dire qu’il a bien commencé, puisque le conférencier a dû battre en retraite au bout d’une trentaine minutes, non sans avoir dévoilé presque toutes les facettes de son opportune schizophrénie.

Le début du séminaire fut occupé par un incident de micro qu’en l’absence d’ouvrier le conférencier demeura incapable de mettre en marche. Il fut alors proposé, plutôt qu’un pénible exposé, de procéder à une séance de discussion à bâton rompu. Sentant quelqu’incompréhensible animosité dans la salle, le conférencier lança alors comme un défi qu’il préférait cela, et de loin, à la philosophie.

Il lui fut donc demandé - au sujet de l’interview à Giorgio Bocca où il affirmait qu’il n’avait que deux types d’amis : des ouvriers et des entrepreneurs - s’il ne voyait pas de différence éthique entre ces deux classes d’êtres. A cela, il répliqua que la reconversion des ouvriers licenciés en petits entrepreneurs familiaux suite à la restructuration capitaliste des années 80 dans le Nord-Est italien avait constitué « une victoire » ; quiconque sait le désert qu’est devenu, entre-temps, cette région mesure l’infamie de la thèse.

D’autres questions concernant sa fameuse « théorie de la dissociation » et l’aspect fondateur de cette théorie pour son actuelle doctrine des « multitudes » durent malheureusement rester sans réponse : déjà, un vigile appelé à la rescousse avait pris la place du professeur et lançait en vain des appels au calme. Joie, insultes, quolibets, désinvolture, arrogances, crises d’hystéries et de paranoïa en tout genre éclataient aux quatre coins de l’assemblée.

Un point de comble fut atteint lorsque le conférencier, manifestement touché par l’insulte de « dissocié », s’avisa de vouloir jeter un siège sur l’un des chahuteurs installé au milieu de la salle puis de se battre avec lui. Pour le théoricien des « multitudes », tout cela finit par l’évacuation précipitée des lieux. Quant aux branchés venus réviser la novlangue sociale-démocrate, ils rentrèrent chez eux, déçus. Le débat se poursuivit néanmoins, au dehors, dans la rue, en l’absence du gang négriste.

Au beau milieu du néant de l’époque et par-delà l’irréductible multiplicité des positions en présence, il faut bien admettre qu’une intensité proprement politique a surgi là : un moment, il n’y eut plus que deux partis, et leur lutte.

Les invisibles

Messages

  • Comment dire ? Je n’accepte guère la vision globalisante et du pouvoir centraliste communiquée à propos de Negri, facilement reprise en totalité par le monde post marxiste-léniniste de son entourage ami, en ce qu’elle nie les peuples comme communautés politiques traditionnelles singulières, jouant dans la cognition des cultures et leurs visions propres ; d’autre part, je n’aime guère savoir qu’il ait pu déclarer - peut-être - comme le reportent des congréssistes des Etats généraux de la psychanalyse à propos de la dernière manifestation de Rio, où a également parlé Ali, qu’il ne pouvait "croire à l’inconscient, comme il ne l’avait jamais vu"... ce qui est parfaitement antipathique et de mauvaise foi ne s’agissant pas d’une croyance mais d’une catégorie conceptuelle relative à la dimension secrète, intime de l’homme, y compris, parfois à ses propres yeux. Qu’en est-il donc de la pulsion de mort et de la cruauté - comme disait Derrida qui contribua à la formation de cette organisation philo-psychanalytique politique ?

    MAIS Negri mérite le respect par son destin personnel. L’accuser de dissocié est en plus scandaleux quand on sait qu’il en existe vraiment sous la loi italienne, alors que lui a purgé sa peine jusqu’à la fin, ce qui est la seule cause de son actuelle liberté. Certes il ne retourna pas en Italie avant de savoir qu’il ne lui restait que quelques années de détention à purger, mais il n’y a aucune autre explication de sa situation actuelle sinon le terme prescrit de sa condamnation.

    Alors qu’il a publié en association un article solidaire et juste à la page Rebonds de Libération il y a quelques mois, pour aider la cause des victimes judiciaires issues des années de plomb sous le coup des abus du pouvoir italien et de leur demande à la France, je trouve extrêmement inopportun, vu le climat général et l’épée de la détention à vie qui pèse sur Cesare, l’insoumis, ainsi que la menace restant attachée à la situation des autres réfugiés, - et je ne parle là que de la France (penser à Sofri bafoué jusque par la cour européenne des droits de l’homme)... d’exprimer la joie de l’avoir empêché de tenir son séminaire en lui portant des insultes infamantes à propos de questions où il aurait plutôt été, au contraire, exemplaire.

    Voilà

    Orphée.

  • Qui est le plus con ? Le négriste ou l’anti-négriste ?
    En tous cas, la guerre des minus est bien dissociée de la réalité sociale...