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PLANETE TRAVAIL : Welfare cubain, un modèle d’efficacité

Publie le vendredi 15 avril 2005 par Open-Publishing

de VITTORIO LONGHI traduit de l’italien par Karl&rosa

"L’efficacité du système de l’emploi et de la sécurité sociale de Cuba est quasiment un miracle". Ce n’est pas un castriste fanatique qui le dit, mais le directeur de l’Organisation mondiale du travail (l’agence des Nations unies, Ilo) pour l’Amérique latine, Daniel Martinez.

Cette semaine, Martinez a visité l’île avec ses analystes et n’a pu que confirmer les données qui avaient déjà été fournies par le ministre du travail, Alfredo Morales. Le taux de chômage cubain est aujourd’hui de 1,9% et le système contributif mis au point par le gouvernement semble avoir enclenché un cercle vertueux qui assure des retraites et des services socio sanitaires aux citoyens sans alourdir de façon insoutenable la dette publique.

"Dans tout genre d’économie - comme l’a expliqué le directeur de l’Ilo - la sécurité sociale est à la charge des salariés et des entreprises et l’Etat n’arrive à contribuer qu’en partie d’une façon adéquate, à cause de déficits accumulés et de dépenses incompressibles. A Cuba, au contraire, l’administration tient pleinement ses engagements". Un résultat encore plus significatif si l’on considère les limitations et les dommages de l’embargo, de l’effondrement de l’économie soviétique à laquelle Cuba était liée, de la baisse du tourisme après le 11 septembre et de quelques calamités naturelles, comme l’ouragan de 2001.

Les onze millions d’habitants continuent de travailler surtout pour l’Etat (environ 90% et surtout dans le secteur agro-alimentaire) et l’ouverture partielle à l’économie privée des dix dernières années, dans le tourisme et dans le petit commerce, ne met pas en discussion le modèle socialiste de Fidel Castro. Un modèle où l’instruction aussi est strictement intégrée aux politiques du travail. En effet, Martinez a déclaré beaucoup apprécier la façon dont les chômeurs les plus jeunes sont automatiquement réinsérés dans le circuit formatif pour leur donner plus de compétences et leur assurer entre temps un minimum de salaire.

Ce que l’Ilo tient à souligner, en somme, est que Cuba confirme son exceptionnalité dans le continent centre- et sud-américain où, au contraire, les sans travail représentent moyennement 11% de la population active et où jusqu’à 65 personnes sur 100 restent exclues de toute forme de sécurité sociale. Les politiques néo-libérales imposées à l’Amérique latine, selon les estimations de l’Onu, lui ont valu plus de 19,5 millions de chômeurs adultes et, en même temps, permettent l’exploitation d’environ 25 millions de mineurs. Le travail des femmes est basé sur des emplois à basse qualification et sur des salaires 30 à 40% inférieurs à ceux des hommes.

De plus, la politique de privatisations sauvages des 15 dernières années a contribué à fragmenter la force de travail, en réduisant énormément le nombre des adhérents au syndicat - et donc son pouvoir - en favorisant, au contraire, l’économie informelle et le travail au noir. "Il s’agit là de phénomènes dus le plus souvent au manque de politiques sociales sérieuses et systématiques - commente Martinez - et à la réduction progressive des ressources financières qui les soutiennent".

Mais la visite du représentant ONU à La Havane a marqué le début d’un projet de coopération horizontale entre l’Ilo et de nombreux pays de l’Amérique du centre et du sud, y compris le Chili, le Brésil et le Mexique, pour l’échange d’ expériences et l’adoption de politiques du travail communes. La coopération aura lieu avant tout entre les Etats des Caraïbes du Caricom et ceux du Mercosur, que le président brésilien Lula, le vénézuelien Chavez et l’argentin Kirchner sont en train d’opposer à l’Aire du libre commerce pour les Amériques, Alca, dominée jusqu’ici par les Usa.

En tous cas, les appréciations de l’Ilo pour l’efficacité du modèle cubain n’en cachent pas les limites de démocratie. En effet, suite à la crainte constante des infiltrations états-uniennes, les autorités continuent d’interdire la libre association syndicale et ne reconnaissent qu’une seule organisation, la Central de trabajadores cubanos, contrôlée par le parti communiste. En outre, l’actuel code du travail, en attente de révision, permet la négociation mais ne permet pas encore le droit de grève.

http://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/10-Aprile-2005/art57.html