Accueil > Partenariat Tunisie-UE - Parti du Travail Démocratique et Patriotique

Partenariat Tunisie-UE - Parti du Travail Démocratique et Patriotique

Publie le dimanche 12 juin 2005 par Open-Publishing

POUR UNE RENEGOCIATION DE L’ACCORD DE PARTENARIAT TUNISIE-UE

(déclaration au séminaire tenu au Parlement européen à Bruxelles les 2 et 3 juin : bilan du partenariat Tunisie-UE)

L’accord de partenariat entre la Tunisie et l’Union Européenne a été négocié, conclu et ratifié dans un contexte marqué par un verrouillage politique qui a mis à l’écart les principaux acteurs politiques et sociaux, et empêché qu’un véritable débat démocratique s’instaure autour d’un projet qui engageait l’avenir de notre pays.
Pourtant il était clair que cet accord était préjudiciable à l’économie tunisienne puisqu’il condamnait à la disparition plus du tiers des entreprises, malgré les mesures d’accompagnement, souvent détournées au bénéfice d’affairistes.
Cet accord, sous-tendu par une vision libérale, ne pouvait servir que les intérêts des milieux financiers, des spéculateurs et des affairistes des deux côtés de la Méditerranée, tout en freinant le développement des potentialités nationales.
En revanche, il s’est avéré néfaste :
- en multipliant les fermetures d’entreprises, les licenciements, la précarité, le chômage ;
- en créant les conditions de la privatisation, dans des conditions souvent douteuses, de dizaines d’entreprises publiques ;
- en favorisant l’implantation de grandes chaînes et de grands groupes internationaux au détriment de l’économie nationale, et les délocalisations qui instaurent une rivalité dangereuse entre les travailleurs du nord et ceux du sud de la Méditerranée ;
- en diminuant les ressources budgétaires de l’Etat, et partant, les moyens dévolus à l’éducation, la santé et les autres prestations sociales.

Quant au volet politique, il s’est pratiquement réduit à une dimension sécuritaire qui s’est accentuée sous le couvert de la lutte contre le terrorisme, et à un contrôle renforcé des frontières, réduisant les échanges humains, scientifiques et culturels, limitant l’établissement légal des travailleurs dans l’espace européen et amenant des centaines de jeunes à tenter la périlleuse aventure des traversées clandestines pour Lampedusa ou la Sicile.
D’un autre côté, le processus de Barcelone s’est avéré incapable d’offrir une alternative à la machine de guerre et de rapine américaine en Palestine, en Irak et dans toute la région arabe dont la souveraineté intéresse au plus haut point l’opinion publique tunisienne, même si, muselée, elle ne parvient pas à faire entendre sa voix.
Sur le plan local, la Commission et les pays influents de l’UE ont constamment apporté leur soutien, plus ou moins appuyé, à la dictature et ont cautionné ses positions sur les principaux dossiers. Les petits gestes esquissés en direction de la société civile, sous la pression de groupes et de personnalités démocratiques européens, ne modifient pas le fond de la position européenne.
Aujourd’hui, semble-t-il, certains pays européens sont tentés de s’associer à la politique de « Grand Moyen-Orient », initiée par l’administration américaine et qui consiste à la fois :
- à faire pression sur les régimes pour les amener à ouvrir davantage leur marché, à normaliser leurs relations avec Israël, collaborer avec les régimes mis en place en Afghanistan et en Irak et lâcher quelques concessions politiques ;
- à engager des discussions avec certaines forces d’opposition, y compris des forces obscurantistes, qui acceptent de se prêter aux objectifs de domination et peuvent apparaître comme une alternative aux régimes.

Quant à nous, nous estimons qu’une transformation politique et sociale véritable doit émaner de la volonté des forces patriotiques et démocratiques et exprimer la souveraineté populaire, en rupture avec tous les scénarios, qu’ils soient belliqueux, comme en Afghanistan et en Irak , ou insidieux, comme en Ukraine ou au Liban. Sur cette base, nous attendons le soutien, non pas des Etats dominateurs, mais des forces progressistes et démocratiques en Europe et dans le monde.
C’est sur l’aide de ces forces progressistes et démocratiques en Europe que nous comptons pour obtenir la renégociation de l’accord de partenariat afin d’instaurer des relations équilibrées et équitables qui laissent à la Tunisie le pouvoir de réorienter et de diversifier ses échanges et d’enrichir ses rapports avec les autres pays maghrébins et arabes ainsi qu’avec ses voisins du Moyen-Orient et d’Afrique.

Bruxelles, le 2 juin 2005

Parti du Travail Patriotique et Démocratique

bilan du partenariat Tunisie-UE qui s’est tenu au Parlement européen à Bruxelles les 2 et 3 juin : déclaration du Parti du Travail Démocratique et Patriotique (Tunisie)