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Pétrole : et si l’on faisait le pari de Pascal à l’envers ?

Publie le jeudi 20 avril 2006 par Open-Publishing
37 commentaires

de Germinal

Jeudi 20 avril : le pétrole atteint 74 dollars le baril. Ah, l’été sera chaud ! Et bonjour le bénéfice de Total pour 2006 ! C’est moins connu mais l’or vient également d’atteindre son plus haut niveau historique. Pour la première fois, toutes les bulles sont gonflées à bloc simultanément : or, pétrole, bourse, logement, minéraux. On dirait qu’on est à la fin de quelque chose. La fin d’un monde. À tel point qu’un jeune qui arrive dans une région chère ne peut plus se loger, même s’il trouve du travail il devra repartir. Le cas est devenu fréquent. Tout cela est scandaleux, intolérable. Savez-vous que le logement représentait 10% des dépenses dans les années 60 ? Alors qu’aujourd’hui on avoisine les 30% et jusqu’à 50% pour certaines catégories. Et si c’était cette situation plus que la maladresse des ministres qui avait entraîné les deux révoltes de jeunes que nous avons connues en l’espace de six mois ?

Le système est d’une très grande fragilité. Les robinets du pétrole crachent tout ce qu’ils ont et ça ne suffit plus. Or il se pourrait bien que les réserves de pétrole soient largement surestimées, et qu’il reste au maximum la moitié de ce qu’on nous annonce. En effet dans les années 80 tous les grands producteurs ont bluffé en annonçant un quasi doublement de leurs réserves. Pour susciter la confiance, bénéficier de quotas de production plus importants et soutenir leurs actions en bourse. Tous les ingrédients d’une immense crise économique mondiale sont réunis. Pour le déclenchement je vous laisse le choix : guerre en Iran, pénurie de pétrole, grippe aviaire, cataclysme géant, faillite des États-Unis, éclatement des bulles financières. Tout cela est, hélas, possible. Pourquoi se cacher les yeux ?

La conséquence sera de très grandes difficultés d’approvisionnement et un chambardement total de l’économie-monde. C’en sera fini de la mondialisation et nous serons obligés de nous débrouiller avec les moyens du bord. La relocalisation de l’activité sera la SEULE solution.

C’est pourquoi je vous propose le pari de Pascal à l’envers. Vous savez, celui qui a proposé de croire en Dieu par calcul, prétendant que dans tous les cas ça lui permettait d’éviter l’enfer, car soit il n’existe pas, soit il aurait fait tout ce qu’il faut pour l’éviter.

Alors pourquoi ne pas refaire le pari de Pascal sur l’économie ? Si mon analyse est fausse, tant mieux car nous serons épargnés et si elle est juste les mesures prises permettront le moment venu de rendre vivable le grand chambardement économique. Simplement ce moment est peut-être très proche et c’est dès aujourd’hui qu’il faut s’y préparer.

Alors en quoi consiste cette préparation ? Diminuer drastiquement notre consommation énergétique, surtout en produits pétroliers. De même pour notre consommation de marchandises. Puisque nous devrons nous y habituer, autant commencer tout de suite. Nous pouvons également établir des circuits courts de commercialisation avec des producteurs proches que nous installerons si nécessaire. Pourquoi ne pas établir partout une collecte des savoir-faire, des semences et des outils artisanaux ? Mettons tout ça dans nos maisons, nos immeubles, nos greniers, nos caves. Et cultivons nos bouts de jardin pour ne pas rester le bec dans l’eau quand le grand chambardement sera là.

Voilà pour ces quelques suggestions. On peut également créer un forum sur Bellaciao où les idées et savoir-faire seront échangés. Chacun peut en rajouter à cette liste, et surtout, surtout, commencer à mettre en œuvre concrètement autour de lui tout ce qui lui semble possible.

Messages

  • Tu es très lucide, Germinal. Moi, à mon niveau, je pratique déjà la décroissance que j’appelle l’art de l’indigence. Ce qui signifie vivre autrement, vivre différemment avec d’autres valeurs que celles de la consommation qui est plutôt en occident de la surconsommation. Réduire donc notre consommation, éviter le superflu, recycler tout ce qui peut l’être, faire le plus de choses par soi-même, s’autoproduire en cultivant notre propre jardin, se déplacer autrement qu’en voiture. Le vélo et les transports en commun sont d’excellents moyens, avoir un autre rapport avec la nature, c’est à dire la respecter si nous ne voulons pas connaître l’apocalypse...

    L’art de l’indigence, c’est aussi un art de vivre. Il permet de rester ou de retrouver la santé aussi bien physique que mentale. Il permet de se détacher de ce système mortifère en proposant une autre manière de vivre avec un autre rapport à l’autre et à notre voisinage. Il renferme en lui un autre contrat social, un autre échange.

    Voilà quelques pistes. A chacun de l’expérimenter et de le pratiquer pour qu’enfin nous puissions voir un avenir à l’après capitalisme.

    William

    • Vraiment content de voir des discussions si intéressantes sur bellaciao !! Mais je doute que les marxistes qui viennent régulièrement laisser des commentaires sur ce site soient prêt à « décoloniser leur imaginaire ».. à sortir de la leur logique productiviste !! Jj’ai pu entendre dans une réunion de mon union départemental CGT, lorsque j’aborde ce sujet de « la décroissance » : " il ne faut pas culpabiliser les travailleurs ". Ce fut ma dernière réunion...

      Les marxistes ou libéraux ont cette similitude, que dans leur vision économique est faussée dés le départ car elle part du postulat que les ressources de notre planète sont illimités. Lorsqu’ils arrivent à prendre conscience qu’elles ne le sont pas, ils vont se réfugier dans le mythe de la science et de la technique (qui va résoudre tous leurs problèmes) : le développement durable, les énergies alternatives..., pour ne pas remettre en cause leur manière de vivre de manière radicale. On va acheter des produits bio au supermarché, du café Max havelar... Je ne dis pas que ces actions sont mauvaises mais que cela revient à mettre des pansements sur une jambe de bois.

      Vivement le baril à 150 dollars !!
      « Que la Crise s’aggrave »

    • La disparition du pétrole est annoncée depuis quelques temps par les scientifiques.

      http://fr.news.yahoo.com/19042006/2...

      Je pense que les conséquences risquent d’être bénéfiques sur le moyen terme :

       fin de la mondialisation du commerce (ça implique la fin des délocalisations et la mort du capitalisme)

       du pétrole à un prix exhorbitant (cela implique des pétroliers moins fréquents, et moins chargés en pétrole, et donc moins de marées noires et moins importantes, moins de matériaux à base de pétrole (exit les pneus, l’essence, etc...) et donc moins de destruction de l’éco-système).

       cela permettra de réfléchir au capitalisme qui pousse à chercher un profit illimité dans des ressources limitées, et remettre en cause ce système économique dans son ensemble. D’où une écoute développée pour les alternatives au capitalisme.

       cela calmera l’orgueil de quelques connards qui veulent exploiter, coloniser le monde et d’autres planètes au mépris de tout et de tout le monde.

      Mais l’espèce humaine doit s’arrêter à temps, sinon tout le monde crèvera et il n’y aura ni alternative ni écologie et tout le monde sera mort.

      Bilba.

    • De fait, Germinal, ces solutions se sont DEJA mises en place. Tapez sur Gogol "potagers colectifs" ou "jardins solidaires", et aussi "système d’échange local", "LETs", "Ithaca-hours", "monnaies alternatives" ou "monnaies locales". Ou encore "Assemblée des voisins". Voyez aussi les revues "S !lence" et "L’Ecologiste".

      Suffit de contacter un groupe pas loin de chez vous. Et s’il n’en existe pas encore, d’en créer un, entre copains, cousins, ou voisins motivés.

      Il existe aussi déjà, en France des conservatoires de graines pour tous les légumes et fruits "oubliés", ceux qui ne sont plus cultivés à grande échelle, ni vendus en grande surface, parce que pas calibrables, pas beaux, trop peu ceci ou trop celà ("Graines d’Utopie").

      Bonne pêche ! :-)

      ("You may say I’m a dreamer, but I’m not the only one...")

      Absinthe

    • On a déjà fait cette démarche au niveau de ma rue et cela s’étend dans le quartier : échange de services (gardes d’enfants, soutien scolaire, apprentissages divers, entraide pour des constructions de garages ou d’extension de maison ou des réparations de toiture le week end, conserves et confitures avec les légumes et les fruits des uns et des autres, l’un a les fruits, l’autre fait les confitures et on partage les pots, achat concerté d’outillage que n’ont pas déjà des voisins, outils, tondeuse, matériel de cuisine spécial du genre couscoussier ou service à fondue, machines à coudre , vêtements d’enfants et d’adultes qui circulent de maison en maison suivant les besoins du moment) . On s’est même cotisé pour faire un prêt sans intérêt à remboursements mensuels à deux jeunes qui voulaient monter leur entreprise de dépannage en plomberie et électricité. Ca marche.

    • On peut aussi retourner vivre dans les grottes...Tout cela me paraît un tantinet délirant.
      Comment feront tous ceux qui ne possèdent pas le moindre lopin de terre, ou qui n’ont plus les moyens de le cultiver ( trop âgés ou malades), pour ne prendre qu’un seul exemple ?

    • Merci beaucoup de tes encouragements, William. Parfois je me sens si seul, j’ai l’impression de prêcher dans le désert. Il n’y a qu’une chose que me reproche ma femme (et je sens qu’elle a un peu raison) c’est mon côté certes lucide mais quand même un peu trop catastrophiste. Elle me dit qu’à forfe de prédire la catastrophe, ça pourrait contribuer à la faire arriver. Quoique je viens d’entendre que pour les partielles des Verts, Yves Cochet qui est arrivé en seconde position est jugé un peu trop catastrophique (cf son remarquable et fondamental ouvrage "Pétrole Apocalypse"). Alors quand même mettons du beau et du bon dans nos échanges. Comme tu sais le faire. Rêvons d’un monde idéal et peut-être que nous finirons par le faire arriver. Pour ma part j’en suis persuadé. Vive l’utopie ! Un monde fraternel où chacun s’entraide, au sein d’une nature préservée et respectée, ce serait-y pas beau ?

      Bien, ton terme "art de l’indigence". Ca prend le contre-pied de la bienséance habituelle, c’est politiquement incorrect, ça me va ! On trouve aussi les termes de "simplicité volontaire" (Serge Mongeau et les canadiens du RQSV) ou encore de "sobriété heureuse" (Pierre Rabhi). Tout ça est abondamment documenté sur internet. Moi, je dis aussi "décroissance conviviale" car voila plusieurs années que nous sommes en récession sans vouloir l’admettre. Chacun le voit bien dans son pouvoir d’achat, surtout les revenus les plus modestes qui sont les plus touchés. Je sais pourquoi ça n’apparaît pas dans les chiffres : c’est tout simplement qu’ils sont manipulés, je peux facilement le démontrer à ceux qui veulent.

      Alors tant qu’à faire être en récession, autant y être de façon jubilatoire, à vélo, à pied, convivialement car même des végétariens peuvent se taper la cloche !

      Bien amicalement,

      Germinal

    • Merci également de tes encouragements, « Que la Crise s’aggrave » (au demeurant excellent livre de référence de François Partant, à relire souvent).

      Les Marxistes sont respectables et souvent plein de compassion et de qualités humaines. Ils commettent cependant une erreur fondamentale : leur matérialisme. Jusqu’à preuve du contraire c’est l’esprit qui commande à la matière et non l’inverse. L’essentiel est de n’être pas dogmatique et de savoir regarder la vérité en face, même si parfois elle nous éblouit. Par exemple ce qui nous nourrit dans les aliments, ce ne sont ni les calories, ni les oligo-éléments, ni même les vitamines car tout cela ce n’est que de la MATIERE. Non, ce qui nous nourrit, c’est la VITALITE contenue dans les aliments. C’est pourquoi manger du cadavre d’animaux n’apportera jamais aucune vitalité. Et que les végétaux chauffés à 100° ont également perdu toute leur vitalité. Il ne faudrait jamais dépasser 60°. Le mieux étant de consommer cru et frais. Je prétends qu’il y a de l’amour dans une orange bien juteuse ou dans une délicieuse poire.

      Il est regrettable d’avoir besoin de prendre des baffes pour comprendre mais parfois je me demande si la nature humaine n’est pas ainsi faite ! Alors, tant pis, que la crise s’aggrave ! Même si on sait que ce sont souvent les plus modestes qui trinquent le plus. Ca, ça m’attroiste infiniment à en pleurer.

      Bien amicalement

      Ah, au fait ! Juste un petit truc parmi mille : ne pas laisser couler l’eau en permanence quand on se lave les dents, les cheveux, quand on prend sa douche ou quand on fait la vaisselle à la main. Chez moi j’ai banni le lave-vaisselle (ce qui me vaut quelque animosité bien compréhensible de la part de mes enfants). Tout le monde me eoutient qu’un lave-vaisselle est plus économique. Faux ! Je me contente de moins de 10 litres alors qu’il lui en faut 30 ! Et en plus, en moyenne je lave mieux que mon ancien lave-vaisselle ! Voilà encore un objet parfaitement inutile ! Et puis je n’ai pas besoin de me brancher sur le courant, l’énergie vient de mes bras. La vaisselle est aussi un moment convivial surtout quand on la fait à plusieurs.

      Germinal

    • Il y a déjà un certain temps que je pratique "l’art de l’indigence" et réduis mes besoins au strict

      minimum , parfaitement consciente que déjà, avoir l’eau courante (froide et chaude) et

      l’électricité est un luxe que la plupart n’ont pas sur la planête ;

      Je vais dans les braderies pour me vêtir 2 fois par an et dans les super-marché discount pour

      l’essentiel.

      Ce qui m’attriste, c’est de constater tout ce que jettent les super-marchés (des tonnes de

      nourriture consommables).

      J’envisage de créer une "épicerie sociale" dans mon secteur que je pourrai alimenter uniquement

      avec les "rejets" des super-marchés. Il suffit de bénévoles, d’un local, et d’ accords avec les

      dirigeants

      Comme vous, je "hais" la société de consommation : Il y a trop de pauvres, même chez nous !

      Amicalement

      Michèle

    • Germinal et vous tous qui pratiquez "l’art de l’indigence" ou "la décroissance conviviale", nous pourrions former un groupe pour étudier et approfondir ce concept, en faire un traité qui pourrait nous servir de base pour apporter des propositions afin de sortir de cette crise profonde qui touche le système dans lequel nous vivons et que nous supportons plus.

      Nous sommes dans le futur car nous sommes des utopistes, c’est à dire que nous voyons plus loin que l’horizon qui limite notre vision. Nous sommes des utopistes comme l’ont été les grands révolutionnaires de 1789. L’utopie du présent, c’est la réalité de demain et s’il y a un mot qu’il faut supprimer de notre langage, c’est le mot pragmatisme qui à lui seul empêche tout véritable changement.

      Je reviendrai par la suite et développerai cette notion de "l’art de l’indigence" ou "décroissance conviviale" dans ces différents aspects : économique, écologique, social. en m’appuyant non pas sur des concepts usés, vieillis ou surranés mais sur la réalité d’aujourd’hui. Je compte sur vous tous, amis, qui partagez ces idées, pour que vous apportiez votre contribution.

      La première chose qu’il nous convient de faire, c’est d’être cohérent avec nous-même, c’est à dire de mettre en pratique nos idées. La joie de vivre doit nous habiter afin de nous défaire de tout ce qui est un facteur d’aliénation.

      A bientôt.

      William

    • Enfin les idées de l’objection de croissance atteignent Bellaciao, il était temps ! Je n’ai pas grand’ chose à ajouter aux commentaires ci-dessus, étant moi-même un adepte de la simplicité volontaire. Juste celui-ci en tout cas : Germinal, quand ta femme prétend que prédire la catastrophe pourrait la faire advenir, fais-lui lire le bouquin de Jean-Pierre Dupuy "Pour un catastrophisme éclairé", où il est dit notamment ceci :

      "Il s’agit de faire comme si on avait affaire à une fatalité, afin de mieux en détourner le cours. Le malheur est notre destin, mais un destin qui n’est tel que parce que les hommes n’y reconnaissent pas les conséquences de leurs actes. C’est surtout un destin que nous pouvons choisir d’éloigner de nous."

      Salutations décroissantes et conviviales,

      Bernard

    • Ce fut surtout l’abolition des contres pouvoirs de la finance, et l’abandon aux banques privées du bien commun qu’est le pouvoir monnétaire.

    • Cher Germinal,

      C’est vrai : c’est sensé. D’un côté, beaucoup de Français se plaignent de la baisse de leur pouvoir d’achat, de l’autre, beaucoup aussi veulent revenir à des pratiques plus frugales.

      Mais si ce sont un peu les mêmes qui ont les deux positions (comme on peut le craindre), on peut se dire que la frugalité, on l’entend surtout pour les autres.

      J’aime beaucoup Pierre Rabhi, surtout en tant qu’il est l’auteur du "Gardien du feu", et en tant, aussi, que missionné au Burkina Faso par la communauté internationale ; mais dans un de ses livres, il dit que la décroissance doit passer par l’abandon de la pratique consistant à prendre l’avion tout le temps. Or, cela ne concerne qu’une minorité.

      Cela me rappelle quand mon association a voulu faire venir Pierre Rabhi pour une conférence. Il était trop cher. J’ai alors dit : "Il n’y a qu’à attendre l’année prochaine ; comme il est pour la décroissance, il sera moins cher". Evidemment, cela n’a pas plu à tout le monde.

      De fait, Rabhi aurait pu, pour limiter ses conférences, faire des choix raisonnés (si on me permet l’expression), plutôt que de hausser le prix. Je fais moi-même des conférences (sur d’autres sujets que les siens, en général) : je ne suis pas en mesure de demander de l’argent. Si j’étais très demandé moi-même, je pourrais accroître le prix quand l’organisme est riche, et le baisser quand l’organisme est pauvre mais rempli de nobles et belles intentions.

      Il est donc possible de faire une économie qui ne soit pas soumise aux lois du marché, mais à la seule volonté humaine ! Dire qu’on est pour la décroissance, c’est encore parler à l’intérieur des lois du marché, et refuser de croire en la capacité humaine à assainir l’économie.

      Car le vrai problème n’est pas qu’on vende beaucoup, mais qu’on vende des produits qui en réalité ne valent rien, et dont tout le monde s’est épris pour de mauvaises raisons : je pense en particulier aux machines. Le machinisme est le vrai malheur de l’économie moderne. Le bonheur et le salut de l’humanité ne viendront pas des machines, du moins telles qu’elles sont actuellement !

      Mais on peut échanger (commercer) sur la base de produits sains. Et accorder à ces produits une grande valeur. Or, ces produits peuvent aussi avoir été créés par l’homme.

      Le premier devoir, à ce titre, est d’admettre que la nourriture saine doit prendre une plus grosse part du budget qu’autrefois, et que les machines, moins. Et l’économie changera ! Et pour ce qui est de la décroissance, pourquoi s’en soucier ? Si la croissance, c’est vivre mieux, améliorer les conditions de vie, il faut parvenir à convaincre que la santé est fondamentale, à ce titre, et qu’une nourriture saine est bien plus efficace que les machines. Voilà ce qui selon moi importe : changer ce qui est supposé par la croissance. Ce que le mot porte en lui.

      Ramiel.

    • Vous citez beaucoup d’exemples de recherche sur "Gogol". Je voudrais vous inciter à aller sur deux site qui traitent de socio-économie alternative.

      http://perso.wanadoo.fr/grande.releve/ le site de la plus ancienne revue de réflexion socio-économique, La Grande Relève, créée par Jacques Duboin. C’est le seul groupe de réflexion qui remet en question la monnaie devenue but en soi, au lieu de rester un outil économique. Par ce fait, il a, bien avant tout le monde, proposé le Revenu Universel, le Contrat Social, la monnaie non spéculative, l’accès de l’emploi pour tous à temps réduit et à revenu augmenté, les solutions d’organisations solidaires et de proximité, etc. Ces idées sont tellement d’avant garde et donc dérangeantes, qu’elles sont systématiquement tues de la part de nos politiques et des acteurs et écrivains en socio-économie, qui pourtant sont informés par l’envoi gratuit du journal. Cela ne les empêche pas de piller certaines idées, sans y faire référence quand ils en ont besoin. C’est très bien comme cela, les bonnes idées sont faites pour être expoitées.

      http://www.etes.ucl.ac.be:16080/BIE... le site de BIEN, qui traite du thème du revenu universel. Ce groupe est né à l’Université de Louvain la Neuve en Belgique, et sa réflexion est maintenant mondiale.

      http://109.sangneuf.free.fr le site de la Maison de la Citoyenneté de Mulhouse, qui met en place plein d’expériences altenatives pour montrer qu’elles ne sont plus des utopies quand on veut s’en donner la peine.

      En plus un blog intéressant sur une solution alternative de logement d’insertion pour les jeunes de 15-25ans, née de la tempête de 1999 : http://bille-en-tete.over-blog.com/ de l’association Les Constructeurs Bille en Tête. Ce projet est reconnu par beaucoup de responsables politiques, et de l’habitat social, comme l’un des meilleurs jamais présenté mais n’a pas encore trouvé de ville pour l’héberger car les maires réchignent à céder leur foncier pour de l’insertion qui de plus ne rapporte pas d’impôts locaux. Alors si vous connaissez des maires courageux, faites-le savoir.

      Enfin une idée, déjà envoyée à la Confédération Paysanne, pour les assos de jardinage : dans les cités habitent plein de gens pauvres d’argent mais riches de savoir, notamment en matière de jardinage. Dans les quartiers résidentiels voisins, vous avez plein de gens propriétaires de jardins moches et inexploités, et ne sachant ou n’ayant pas le temps de cultiver. Il "suffirait" qu’une asso. organise l’échange de savoir contre utilisation de la terre, en garantissant les bonnes relations de cet échange ainsi que l’utilisation et la répartition de la production . Tout le monde y gagnerait en économie, en qualité de nourriture et qui plus est en matière de paysage urbain souvent affligeant. L’interdépendance et l’échange créerait des liens qui porterait peut-être les citoyens de différentes "catégories" à mieux se connaître et s’apprécier.

      Marc, de Pessac 33
      mdehousse@free.fr

    • Je rêve avec Absinthe, John, mon pote Alain ( allez faire un tour sur le site de l assoc’ qu’il a créée www.planete-mere.org ) et tous les autres. En étant plusieurs à faire ce même rêve, il va bien se réaliser !

      Thierry

  • S"il est un pays qui peut nous servir d’exemple, c’est l’Argentine !

    Ils ont su survivre par le troc et la solidarité.

    A un détail près...

    Nous, nous voyons venir la faillite et nous organisons en conséquence..

    Eux se sont trouvés dedans et ont dû faire avec

    Michèle

  • Autant je suis d’accord avec l’article (enfin le début surtout) autant certains commentaires me laissent pantois.
    Passons sur l’autocongratulation ("nous sommes des visionnaires comme les grands révolutionnaires de 1789") et voyons la décroissance de plus près.
    La decroissance apparait surtout comme une idée de nantis. Dans un pays qui compte plus de 5 millions de chomeurs nombre de besoins essentiels ne sont pas satisfaits : peut on parler de sur-consommation pour tout le monde ?
    Allez donc expliquer aux 35% de français qui ne partent jamais en vacances par exemple qu’ils doivent se serrer la ceinture ? Allez expliquer que la viande ce n’est pas tous les jours les "joies de l’indigence".... 50% des salariés en france gagnent moins de 1300 euros par mois : allez leur expliquer qu’ils consomment trop !

    Et pourquoi donc avancer comme une évidence que la croissance serait necessairement finie dans un monde aux ressources finie ? Les avancées technilogiques permettent la création de richesses ne consommant aucune ressources naturelles.

    D’ou vient cette volonté de retour en arrière de la civilisation ? Je ne sais pas. Mais c’est atterant de lire des gens sans doute progressistes et sincères expliquer que l’eau du robinet est un luxe de meme que l’électricité : non c’est un droit pour chaque habitant sur la terre. Et si aujourd’hui tout le monde n’y a pas accès ce n’est qu’une question politique et non le manque de ressource.

    Le développement de toute civilisation passe necessairement par la création de richesses. Sinon comment financer les progrès technologiques, l’accroissement de la population, le désir naturel de vivre mieux. Les adeptes de la décroissance iront ils jusqu’à accepté de crever de maladies a à la con pour ne pas utiliser les technologies médicales modernes ? Iront ils jusq’à refuser les investissements de recherche ?

    Si effectivement la "croissance" telle qu’elle est mesurée aujourd’hui (variation du PIB) n’est pas un bon indice du developpment de la socièté, la décroissance c’est une idée de riche qui veut justifer que les plus pauvres n’aient pas accès à un niveau de vie supérieur. C’est nier le désir de tout être humain de vouloir vivre de mieux en mieux et d’assurer une meilleure existences encore à ses enfants.
    Le problème n’est certainement pas la décroissance mais LE PARTAGE des fruits de la croissance.

    Jips

    • Enfant, je ne suis jamais partie en vacances, même une demi-journée, et me suis offert mon premier camping sous canadienne avec mon premier emploi. Après 38 ans de travail, ni mes enfants ni moi-même n’avons fait une location de vacances ni mis les pieds une seule fois au ski et pourtant j’estime que nous avons eu le tort de manger , à une certaine époque, de la viande deux fois par jour en croyant que c’était le top quand on commençait à gagner correctement sa vie. Nous étions prisonniers d’idées toutes faites et aujourd’hui, avec la solidarité du quartier , le troc, les échanges de services et d’outillage, je crois revenir volontairement à la sous-consommation imposée par la pauvreté dans mon enfance, mais cette fois de manière réfléchie et volontaire. Une bonne démarche serait de demander au maire l’aménagement de "jardins ouvriers" accessibles à vélo ou en transport en commun pour que les habitants de HLM ou de quartiers défavorisés puissent cultiver un petit potager, comme dans les cités minières d’autrefois . Qu’en pensez-vous ?

    • C’est peut-être une idée de nantis – (au passage, je signale que je plafonne autour des 1000€/mois. C’est plus que le SMIC, mais je ne sais pas si c’est un salaire de nanti... Pour un birman, c’est sûr, pour un français, je ne sais pas ... Enfin, je dis ça juste pour qu’on n’aille pas se faire des idées) – une idée de nantis disais-je donc, mais justement, le « partage des fruits de la croissance » passe par une diminution du train de vie des riches pour que les pauvres puissent avoir leur juste part, et vivre décemment, même vieux, malades ou chômeurs (ou alors quelque chose m’a échappé). Donc, si quelques bobos branchés veulent s’y mettre, je ne cracherai pas dessus. C’est sans doute pas grand chose, mais c’est déjà ça.

      Secundo, nous parlions aussi de solidarité. L’échange de services entre voisins, la mise en commun de certaines activités ou de certains biens, une caisse de tontine pour les projets et les coups durs, ça a peut-être l’air con, dit comme ça, ça sonne peut-être archaïque, mais ça permet de vivre, de s’organiser, de recréer une vie sociale plus chaleureuse et joyeuse qu’en ruminant tout seul sur la dureté des temps. Ca nous rend l’honneur d’être humains, d’être capables, utiles, bienvenus et intégrés, même dans un tout petit groupe de quartier.

      Et aussi, ça au moins, c’est une solution concrète, immédiate, et à portée de tout le monde, en attendant le grand soir et les lendemains qui chantent que personne n’a encore vu venir ! Il n’est pas question de retourner à la préhistoire, mais de faire face à la merde au quotidien. Quand ton proprio te vide, ou quand on te coupe l’eau et l’électricité, quand on te supprime tes allocs, là, tu y es, dans la préhistoire, contraint et forcé et sans l’avoir demandé ! Y’a plus que les besoins de base qui comptent : bouffer - dormir au chaud - te laver. Point.

      Alors, si vous avez mieux à proposer – j’insiste,dans le concret et l’immédiat, plus de grandes théories politiques dont nous avons un peu marre qu’on nous rebatte les oreilles depuis perpète, elles sont bien jolies, mais elles ne remplissent pas nos casseroles. - nous sommes preneurs. Sinon autant vous taire, et nous laisser nous organiser comme nous le pouvons, avec notre coeur, notre solidarité et nos compétences qui ne sont plus concurrentielles sur le marché, et dans l’espace que nous nous réapproprions.

      Absinthe (un peu énervée).

      P.S. Ah oui, plus haut, quelqu’un demandait ce que devenaient les vieux et les malades, dans nos petites combines. Quelle question ! Ca, c’est une raisonnement de banquier mondial, ma parole : quand un esclave a cessé d’être utile, on le jette ?! Les vieux et les malades, ce sont nos grand-pères et nos grand-mères ! Vous vous imaginez qu’on va les laisser crever sans secours ? Ils sont où, les vôtres ? A l’hospice ? Ou vous attendez la prochaine canicule pour vous en débarasser ni vu ni connu ?! Nous serons tous vieux ou malades un jour et nous le savons. Débrouille et solidarité, c’est là-dessus que nous comptons, et nous avons payé pour savoir que tous, un jour ou l’autre, nous aurons probablement besoin de l’aide des autres.

    • Je ne comprends pas ton énervement.
      J’ai indiqué que la décroissance, c’est bien ce terme qui a été employé plus haut était une idée de nantis et je le maintien. C’est une façon d’expliquer aux pauvre que le sort est finalement pas si tragique, voire enviable. Merci les puissants peuvent dormir sur leur deux oreilles.

      Mais où donc ai-je remis en cause question les ébauches d’économie solidaire dont tu parles ? On ne peut évidemment qu’approuver ces initiatives de même que tous les SEL qui se mettent en place !

      Mais maintenant il faut être réaliste : ce n’est pas grace à "distribution" de lopin de terre que les gens se nouriront ! Ce qui est éventuellement pôssible pour de petite villes ne l’est pas pour les grandes aglomérations !

      Jips

    • Jips, que proposes-tu ?
      Tous les Français n’habitent pas à Paris, loin de là. Si tous les maires des villes petites et moyennes organisaient un réseau de petits jardins potagers ouvriers sur le pourtour immédiat des villes, accessibles par les transports en commun, pour les habitants des quartiers défavorisés et des HLM ne serait-ce pas un premier pas vers une vie plus agréable ? Les villes minières l’avaient fait. C’est là que se rendaient les familles le weekend pour jardiner ensemble , prendre un bol d’air, se faire griller des saucisses et se procurer de bons légumes frais pour la semaine. Il y aurait peut-être plus d’enfants actifs et heureux et moins de casseurs.

    • Jips, pour ta gouverne, je suis au chômage et depuis décembre dernier je ne touche plus aucune allocation. Mais le fait de me retrouver dans l’indigence m’a permis de revenir à des valeurs fondamentales et de me détacher de notre société de consommation aliénante dans laquelle l’individu isolé perd de son pouvoir et de son indépendance.

      Dans ton idée, la décroissance est un retour en arrière. Alors, en retour, je te pose la question suivante : à ton avis, à qui profite la croissance ? Quand on voit les ravages qu’elle engendre à travers le monde, on se demande à qui elle peut bien servir. Mais avant tout, entendons-nous sur le mot croissance. Quand on parle de croissance, on parle de la croissance économique. Hors, le principal problème de notre société, c’est justement cette économie démesurée et monstrueuse qui impose son dogme à tous les individus. La première chose qu’il convient de faire, c’est de remettre l’économie à sa place, c’est à dire qu’elle doit être au service de l’homme est non le contraire. C’est comme la consommation : on consomme pour vivre ou on vit pour consommer ? Le déplacement est de taille, tu en conviendras, et ce qui en découle en est radicalement différent.

      Mon traité de "L’art de l’indigence" que je vais exposer prochainement, est un traité de savoir vivre pour une société post-capitaliste. Je pense qu’il vaut mieux préparer cet avenir en réfléchissant à la manière dont nous voulons vivre plutôt que d’attendre que le ciel nous tombe sur la tête, car si nous ne faisons rien, si nous ne changeons pas notre comportement, nos repères et nos habitudes, nous allons nous trouver fort démunis, nous le sommes déjà en partie, quand le système s’effondrera après qu’il nous ait enlevé toute autonomie. Il convient donc de reprendre notre vie en main et d’anticiper les événements.

      Quand tu parles, Jips, de congés payés, de vacances que la majorité du peuple ne peut plus prendre, et j’en fais partie, de fins de mois difficiles, de paupérisation, tu réagis et tu développes ta pensée à partir du système actuel et de ce qu’il provoque. Il me paraît important de changer la donne, sinon nous demeurons tributaires du système. Il faut imaginer un autre modèle de société car il est clair que nous ne reviendrons plus aux "trente glorieuses".

      Nous voulons tous vivre mieux, mais c’est quoi vivre mieux ? Vivre comme des bourgeois ? Vivre dans l’artifice, le superflu et l’inutile ? Vivre scotché devant sa TV en sombrant dans le vide et le néant ? Ou vivre libre en convivialité avec son entourage, en coopérant avec lui dans l’entraide et la solidarité et le partage de nos richesses communes ? Si nous remettons simplement l’économie à sa place, nous n’aurons pas besoin de travailler autant, de nous aliéner à des tâches inutiles et abrutissantes pour engraisser le patron. Nous aurons plus de temps libre et de jouissance aussi. Les vacances deviendront alors vraiment secondaires car nous pourrons nous épanouir dans le présent. Bien sûr, il faudra supprimer les privilèges que certains se sont octroyés pour le partage équitable des richesses, de nos richesses. Et là, Jips, il me semble que l’on se rejoint.

      A bientôt pourd’autres nouvelles et explications de "L’art de l’indigence".

      William

    • Oui c’est une bonne idée. Je ne suis pas certain que cela interesse forcément tout le monde (après tout on peut etre quelqu’un de très bien et détester le jardinage !) mais c’est effectivement une très bonne idée !

      Jips

    • Aussi étonant que cela puisse te paraitre je suis d’accord avec toi sur l’essentiel !

      Sauf sur un point : "la décroissance est un retour en arrière. Alors, en retour, je te pose la question suivante : à ton avis, à qui profite la croissance ?"
      Ce n’est pas la croissance qui cause des dégats dans le monde. c’est le capitalisme ! Je suis convaincu que libérés du capitalisme nous saurons assurer aux sociètés humaines "une croissance" plus rapide, plus juste et qui ne ne provoque pas de dégats humains et écologique.
      Et tu le dis toi même le problème c’est à qui profite la croissance !
      A quoi elle peut servir : ben par exemple à gagner 20 ans d’espérance de vie (pour la france) en moins de 80 ans ! A quoi elle sert la croissance ? Peut-etre à permettre à plus de 90% des foyers de posseder un lave-linge par exemple. N’est ce pas, aussi trivial que cela puisse paraitre, un progrès considérable de la civilisation ?

      Quand tu dis que vivre mieux c’est vivre comme un bourgeois, je crois que tu ne te rends bien compte de la vie que mène nombre de nos concitoyens. il y a de la marge avant de devenir un bourgeois !

      Par contre je ne comprends pas du tout le rapport entre la convivialité (opposée au type qui reste scotché devant la télé) et la décroissance.

      La question c’est en créant moins de richesse comment faire progresser la civilisation ? Encore une fois j’insiste sur le fait que les progrès médicaux ont été accomplis grace à des recherches et des investissements colossaux qui ne peuvent être assuré que par la création de nouvelles richesses !

      Pour conclure la décroissance me parait etre une idée qui, en pointant du doigt le mode de vie des gens ordinaires, évite soigneusement de penser le rapport au pouvoir et la confiscation de celui ci par la bourgeoisie pour ses intéret propre .
      Je le dit d’autant plus facilement que je passe pour rétif au modèle consumériste et suis souvent écoeuré par les discours réduisant l’etre humain à un simple consommateur.

      Jips

    • William, tu fais de beaux discours mais quels moyens réels préconises tu ?
      Etant au chomage et sans alocations, comment fait tu pour payer ton loyer, te nourrir, te déplacer, acheter un ordinateur et te connecter au web, subvenir aux besoins de tes enfants ( si tu en as ! )
      Sylvain

  • Désolée, Jips. J’étais à cran hier soir et j’ai lu trop vite, en diagonale. Les mots qui m’ont sauté à la figure, c’étaient : « et les vieux là-dedans », et « une idée de nantis ». En relisant ton message, je me rends compte qu’il est beaucoup mois agressif que je ne l’avais ressenti. Accepte donc mes excuses. :-)

    Quant à la décroissance, je ne ne crois pas être qualifiée pour en parler au niveau politique ou économique, mais juste tirer quelques conclusions du quotidien que nous vivons, avec ma famille, mes voisins et mes amis. A savoir, que si par décroissance, on entend diminution de niveau de vie, de la consommation et recherche de solutions alternatives, alors nous sommes en plein dedans, nous les précaires, les intérimaires, les chômeurs, les réfugiés, les immigrés, les retraités. Et nous n’avons pas eu le choix. Le bon dans l’histoire, c’est que, grâce à la solidarité, à la recréation d’un véritable « village », au coeur d’une grande ville, nous nous sommes aperçus qu’on pouvait vivre bien, voire mieux, et avec moins. Nous avons du temps libre, nous avons une vie sociale plus proche et plus vivante. Nous pouvons utiliser notre inventivité et notre créativité pour trouver des solutions aux problèmes des uns et des autres.

    Oui, il est possible de cultiver des tomates, des radis et de la salade sur un petit balcon, des pommes de terre et des carottes dans une petite cour. Sûr que ça ne suffira pas à nourrir le monde, mais ça améliore rudement le quotidien de la famille et des voisins, surtout si on fait couscous ou hochepot commun. Et c’est bien meilleur et plus motivant que d’aller acheter à prix d’or de la merde transgénique au supermarché.

    Pour ceux qui doivent calculer au plus juste leur consommation, c’est bien de savoir qu’on peut se fabriquer un cuiseur solaire.

    Ca met du temps à cuire, mais pas plus qu’un couscous ou un cassoulet mijoté à l’ancienne, et au chômage, on a du temps.

    Ca passe par de petits détails, parfois insignifiants : par exemple, pour les isolés, il est possible de grouper les lessives à la wasserette (ou lavomatic, en français ?), ce qui réduit les coûts et la consommation à une machine au lieu de trois ou quatre. Pour les mères seules avec enfants, lorsque l’une trouve un job, une autre va conduire et recherche les gosses à l’école ; les gosses jouent tous ensemble dans la plaine de jeu, sous la surveillance alternée des mamys, dont certaines – je précise – n’ont AUCUN lien de parenté avec aucun d’entre eux. Juste des vieilles dames seules, heureuses de se rendre utiles et de rendre des enfants heureux. Elles leur tricotent même des petits pulls et des bonnets.

    Si une dispute éclate, si un problème relationnel se pose, on a recours aux « palabres à l’africaine » (he bien oui ! C’est archaïque. On s’en fout dans la mesure où ça fonctionne), il y a toujours quelques papas et mamans qui s’interposent et essaient de trouver une solution qui ne lèse personne et arrange au mieux tout le monde. C’est pas parfait, ça ne résout pas tout, mais c’est mieux que rien et ça permet d’apaiser un bon nombre de conflits.Si un chômeur a des difficultés à payer son loyer ou ses charges, d’autres se cotisent pour lui, il nous le rend en petits services divers, bricolages, réparations, etc... Oui, c’est assimilé à du travail au noir. Et alors ! Ce n’est pas nous qui allons le dénoncer ! S’il nous est interdit de survivre décemment dans la légalité, alors tant pis pour la légalité.

    Bien. Partant de ce constat, et poussant la réflexion plus loin, nous nous sommes rendus compte (surtout ceux dont le niveau de vie a connu une chute brutale – licenciement, faillite, divorce etc.), à quel pont le salaire de ceux qui travaillent ne leur est accordé qu’à la condition qu’ils le dépensent, et jusqu’au dernier sou. Une fois les besoins de base satisfaits, le reste était généralement dépensé en soi-disant « loisirs », à savoir, des gadgets inutiles et éphémères (morts au lendemain de l’expiration de la garantie), ou distractions surtarifées par rapport à leur utilité ou leur valeur réelle. Oui, on peut vivre sans parc d’attraction géant, sans vêtements à la dernière mode (à renouveler tous les trois mois), sans une armoire remplie à craquer de DVD et CD, sans aller au cinéma ou au restaurant toutes les semaines, sans grosse bagnole clinquante qui en jette (je ne parle pas des petites voitures familiales, parfois indispensable pour les parents qui travaillent loin de chez eux. Et doivent déposer leurs gosses à l’école et faire leurs courses au retour). Sans portable qui prend des photos, joue des airs à la mode en polyphonie, capte quinze chaînes de TV et donne les prévisions météo. (envoyer et recevoir des appels suffit. C’est à ça que ça sert). Une connexion internet, ça peut se partager, abonnement et heures d’utilisation.On peut très bien faire la cuisine sans une dizaine de machines à découper, mélanger, mixer, hacher. Un bon jeu de couteau et un tamis suffisent et on met moins de temps à tout nettoyer et ranger ensuite. Et c’est mille fois plus agréable de faire de la « vraie » cuisine, à deux, trois ou quatre, que d’enfourner toute seule sa barquette au micro-ondes !

    La « décroissance », nous la vivons tous les jours par la force des choses. Nous ne changerons pas le monde, ni la mentalité humaine, mais nous pouvons dans toute la mesure de notre possible, prendre notre vie en main, et la rendre plus belle et plus agréable. Et c’est possible, à portée de n’importe qui, même dans une grande ville. Je vis à Bruxelles, dans un quartier pltôt pauvre et totalement cosmopolite. On peut partir très petit, p.ex. tout bêtement en accueillant chez soi son frère ou sa soeur dans la mouise, ou avec nos voisins de palier, d’ immeuble, de pâté de maison. Le groupe grandit vite. Certains quittent, d’autres s’y joignent.

    De fait, si les ressources de la planète devaient brutalement s’épuiser, je crois bien que ce sont les nantis qui seraient dans la merde. Eux qui prennent tout pour acquit, qui ont l’habitude de se faire servir sur un plateau, de se servir en premier sans rien laisser aux autres. Nous, nous aurons appris à survivre, à nous entr’aider, à nous débrouiller avec ce que nous avons, à tirer parti de toutes situations, à nous tirer tous seuls hors du désespoir, de la solitude et de la misère. Nous nous débrouillerons, nous utiliserons nos mains, nos cerveaux et nos coeurs pour nous en sortir.

    Absinthe

    • "Quand tu dis que vivre mieux c’est vivre comme un bourgeois"
      De grâce, Jips, ne déforme pas mes propos ! Je pose simplement un certain nombre de questions concernant ce vivre mieux. Qu’est-ce qu’on y met dedans ? Pour avoir travaillé dans des quartiers populaires auprès de jeunes, je peux te dire que pour beaucoup d’entre eux, leur idéal de vie était de vivre comme des bourgeois, non de changer la société.

      D’autre part, quand tu dis que vivre mieux, c’est que chacun puisse avoir un lave-linge, là tu demeures dans la logique bourgeoise et individualiste. A ce sujet, Absinthe te donne des exemples concrets pour une utilisation différente de cette machine comme de beaucoup d’autres qui sont évidemment indispensables pour notre quotidien. Absinthe a très bien compris ce que pouvait signifier la décroissance en rapport avec la croissance économique et productiviste où il s’agit avant tout de faire du profit, et le domaine médical n’échappe pas à cette logique marchande. Si cela continue, seuls les riches pourront se faire soigner.

      La croissance est devenue un mythe. Avant, cela marchait, maintenant ça ne marche plus. Il faut créer d’autres valeurs, d’autres rapports sociaux et économiques si nous voulons connaître de nouveau le progrès pour tous et dépasser cette société de consommation, de gaspillage et de frénésie qui nous conduit vers le chaos planétaire.

      William

    • Les amis,

      Merci pour ces beaux échanges entre citoyens qui font chaud au cœur. Je récuse le terme de consommateur qu’on devrait bannir car il nous réduit à un ventre, une matière inerte. Non, avant tout, nous sommes des habitants de notre si belle planète (voyez donc le site lumineux de mon ami Alain Dawid www.planete-mere.org ). Quand je vois la solidarité qui existe notamment à Bruxelles dans le quartier d’Absinthe (ton dernier message était magnifique, merci de tous ces détails !) je me dit que la partie n’est pas encore perdue. Ça confirme mon pressentiment que la SEULE solution viendra des citoyens. Comme en 1789. Mais cette fois la violence ne sera plus nécessaire.

      Je rêve à un monde d’entraide fraternelle et je vois que ce monde est en train d’arriver. Utilisons internet, cet outil créé au départ contre nous, utilisons-le à notre profit. Tout le monde n’a pas internet. Mais comme le propose Absinthe dans chaque groupe quelqu’un a internet et peut représenter le groupe pour s’échanger les meilleurs trucs. Pour tous les contributeurs réguliers de ce forum, je vous proposerai prochainement qu’on se connaisse mieux en baissant les masques. Bravo aussi à William pour toutes tes contributions sur l’art de l’indigence. Et à Jips pour le fait d’accepter le débat alors qu’il ne partage pas forcément toutes ces idées. Je suis bien d’accord avec toi Jips sur le fait qu’il faut avant tout travailler sur les inégalités, la répartition des richesses. Que la technologie est merveilleuse et utile, un minimum de confort est quand même bien agréable. Mais que par contre on sait bien mal l’employer (pour des gadgets bien souvent qui n’apportent pas grand chose). En gros jusque dans les années 70 ça a été utile mais depuis les années 80 ça s’est mis à dériver avec un accroissement des inégalités et la gadgetisation des objets.

      Dans une petite ville on peut installer des maraîchers à proximité pour nourrir la population. Dans les grandes villes il nous faudra faire preuve d’imagination sur les balcons, les terrasses, dans les appartements même, dans les jardins publics, sur le moindre espace car il est à reconquérir par le citoyen. Depuis la chute de l’empire soviétique Cuba a dû faire avec les moyens du bord : vélos et cultures citadines. Leur capitale La Havane est autonome à 60% pour ses légumes. Chacun cultive là où il peut, autour de son habitation. Il y a beaucoup d’idées à prendre chez eux. De même la ville de Rosario en Argentine est un modèle de solution locale d’auto-subsistance. Vous trouverez tout ça sur internet.

      Vous savez quoi ? La simplicité volontaire rend heureux surtout quand elle vécue dans le partage et la convivialité. Bon OK certains sont obligés, pour d’autres c’est un choix. Peu importe, le résultat est le même. Je mène une action avec une MJC de quartier pour travailler les aspects affectif, santé et financier de l’alimentation. Il est possible de se nourrir sainement à moindre coût ! A condition de changer quelques habitudes alimentaires.

      Est-ce que Absinthe tu peux nous indiquer comment fabriquer un four solaire ? J’en ai déjà vu, ça a l’air très simple, de la tôle métallique brillante en arc de cercle et une cage en plexiglas au centre où on met la cocotte.

      Voilà. Je pars en vacances et vous retrouverai avec plaisir le 30 avril.

      Bien Fraternellement,

      Germinal

    • Je pense que tu te méprends sur ces " nantis" car pour la plupart, ils sont dans le système, pris au piège. Certes ils ont un travail et des moyens que tu n’as pas mais ils ne sont pas plus heureux et ce qu’ils s’achètent de plus, d’inutile, de futile... constitue la seule compensation à leur choix ou mode de vie abrutissant pour payer tout ce qu’il doivent payer. En plus c’est souvent un non choix car depuis tout petit ils ont été " formaté " pour fonctionner comme ça. Si tu n’as jamais eu l’occasion dans ta vie de te remettre en question, si tout te réussi, tu as de forte chance de devenir " un nanti "malgré toi.
      Sylvain

  • Assurément, la hausse du pétrole est une chance

    pour l’emploi en France dont le coût baisse relativement du fait du surcout du transport
    pour la planète, puisqu’il va devenir plus coûteux de la piller

    Ce n’est que sous la contrainte maximale que ceux qui ont jusqu’ici le choix
    feront celui de la décroissance.

    Qui commence tout simplement par arréter de construire dans l’optique de jeter.

    Des milliers d’emplois sur place seraient créés si les objets étaient conçus pour être entretenu et pour durer.

    Le président de l’Iran disait récemment, "Le pétrole n’a pas encore atteint son prix réel"

    assurément il a raison
    tout pays qui parviendra par une moyen ou un autre (il faudra qu’il ruse avec ses clients et son peuple !) à conserver ses réserves plus longtemps que les autres
    fera un placement tout à fait profitable.

    Car le coût "lissé" du pétrole sur sa période d’existance
    est plus près de 200 $ le baril, que du prix actuel.

    Luc Comeau-Montasse

    du fagot des Nombreux

    un scénario fiction sur ce thème
    urgence absolue - la réserve de sécurité du pétrole Iranien