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Questions à « L’Opinion »
par Le SNJ CGT
Publie le mardi 14 mai 2013 par Le SNJ CGT - Open-Publishing1 commentaire

On pourrait se féliciter de voir apparaître un nouveau quotidien dans les kiosques, alors que, depuis plus de vingt ans, on assiste à la disparition progressive de nombreux journaux.
Le lancement mardi sur Internet et mercredi en version papier de « L’Opinion » par Nicolas Beytout est-elle pour autant une bonne nouvelle pour le pluralisme, quand la ligne éditoriale avancée par son directeur sera "libérale, pro business et pro-européenne". Pas de quoi se démarquer des Echos, du Figaro ou même du Monde…
D’autant que le tour de table qui a permis la création de ce journal reste discret. Tout au plus Nicolas Beytout avance qu’il a recueilli 15 millions de « plusieurs (investisseurs) qui ont déjà investi dans la presse ». On n’en saura pas plus.
L’ami de Nicolas Sarkozy s’est affranchi, lui aussi, de l’esprit des ordonnances de 1944 sur la presse qui contraignaient à publier la liste des actionnaires des journaux.
Il ne faudra pas compter sur L’Opinion pour exiger la transparence dans la presse.
Le SNJ-CGT, lui, invite Nicolas Beytout à publier la liste de ses actionnaires ; le pluralisme y gagnerait en éclairant les lecteurs potentiels de son quotidien ; les journalistes pourraient eux aussi savoir qui sont leurs véritables patrons, au moment où la profession exige de plus en plus fortement que soit reconnue l’indépendance rédactionnelle vis-à-vis des détenteurs du capital.
L’Etat pourrait y trouver également son compte : la liste des généreux parrains pourrait dispenser L’Opinion de demander les aides à la presse !
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1. Questions à « L’Opinion », 14 mai 2013, 12:51, par Roberto Ferrario
L’étrange silence de Nicolas Beytout : qui finance L’Opinion ?
Il enchaîne les interviews, se risque sur Twitter et tombe même la veste sur Tumblr : pour lancer L’Opinion, son journal mi-papier, mi-Internet, Nicolas Beytout est partout. Mais il reste étrangement muet sur les investisseurs qui financent ce projet audacieux.
« Le pari fou d’un nouveau média », résume Nicolas Beytout à la une du numéro zéro, distribué gratuitement dans les kiosques ce mardi. L’Opinion s’exprimera simultanément sur deux supports :
Sur Internet, le modèle gratuit reste dominant. Et sur le marché des quotidiens payants, aucun nouveau titre n’a survécu depuis le lancement de Libération, en 1973. Pourtant, Nicolas Beytout prévoit d’atteindre l’équilibre en trois ans, avec un million de visiteurs uniques sur le site et 50 000 exemplaires vendus.
« Libérale, probusiness et proeuropéenne »
L’Opinion défendra une ligne clairement identifiée – « libérale, probusiness et proeuropéenne ». Elle ne parlera pas de tout (elle se concentrera sur la politique, l’économie et l’international), ni à tout le monde (elle visera lesCSP+). Et elle a débauché des journalistes expérimentés, chez Marianne, France Soir, Europe 1, Paris Match ou au Figaro.
Le pari peut réussir, mais il coûte cher. Sur ce point, Nicolas Beytout se montre moins bavard. Il ne souhaite pas dévoiler le montant des investissements et, encore moins, le nom des investisseurs. Ceux-ci craignent simplement que leurs noms fassent de l’ombre à L’Opinion, nous assure-t-il :
« Une quinzaine » d’investisseurs participerait au projet, mais Nicolas Beytout refuse de confirmer – ou de démentir – les noms évoqués par la presse. Comme ceux de Bernard Arnault, Xavier Niel ou Claude Perdriel (propriétaire de Rue89 et du Nouvel Observateur). Ce dernier aurait, selon Le Monde, apporté « quelques centaines de milliers d’euros ».
« Actionnaire prépondérant, pas majoritaire »
Le fondateur de L’Opinion ne souhaite pas non plus révéler le montant de son investissement personnel, se contentant de préciser :
L’anonymat des investisseurs est également préservé dans les documents déposés par Nicolas Beytout au tribunal de commerce, dont le plus récent date de décembre.
Selon ces documents, Bey Médias, la holding contrôlant le journal et sa régie publicitaire, reste officiellement détenue à 100% par Nicolas Beytout et sa société personnelle, NS Island. En novembre, une augmentation de capital lui avait pourtant permis de déposer 12,2 millions d’euros à la banque.
Extrait des statuts de Bey Médias
A défaut de dévoiler des noms, ces documents confirment la subtilité du montage financier. Dans le capital de Bey Médias, NS Island se voit en effet réserver un stock d’actions « assorties du droit de nommer le rédacteur en chef du journal [...] et de choisir la composition de l’équipe de rédaction ».
Une garantie de garder le contrôle
Même minoritaire au capital, Nicolas Beytout gardera donc le contrôle de la rédaction de L’Opinion. Une garantie réclamée par... les actionnaires eux-mêmes, nous assure-t-il :
Voilà qui le changera. Directeur de la rédaction du Figaro, Nicolas Beytout avait dû composer avec l’interventionnisme de Serge Dassault. Lorsqu’il avait été nommé à la tête de la filiale médias de LVMH, ce sont cette fois les interventions de Nicolas Beytout qui avaient suscité un malaise chez les journalistes, sans lui éviter d’être finalement remercié par Bernard Arnault.
Heureusement qu’à L’Opinion, les actionnaires sont si bien intentionnés – et si discrets...
http://www.rue89.com/2013/05/14/letrange-silence-nicolas-beytout-finance-lopinion-242289