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Rester des individus autonomes mais pour agir dans des buts concertés.Biais d’humeurs.

Publie le vendredi 18 juin 2004 par Open-Publishing
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Depuis plusieurs semaines je lis ici les tribunes des unes et des autres mouvements qui tous appellent à la constitution d’une force de résistance au pouvoir social-démocrate-chrétien-libéral. Chacun d’une manière ou d’une autre, fait référence à sa pratique militante et semble penser qu’il n’existerait pas d’autre voie au combat qu’une forme de caolition des gauches les moins compromises et des moins susceptibles de l’être, et qui soutiendrait une espèce de plateforme, une sorte de nouveau programme commun se disant des "vraies gauches".

Ce projet rémanent pourra certainement séduire parmi les plus candides et les plus sincères d’entre nous. Après tout, nous l’attendons depuis si longtemps, le changement.

Mais je suis désolé, si ça doit signifier s’engager dans un mouvement, pire dans un parti, pour jouer encore une fois à l’opposition bilatérale, et réjouer encore et encore la valse des récupérations, la farce des bons contre les méchants, sans rien changer à nos vies, à nos pratiques, à nos propres habitudes d’exclusion, et être encore porteurs de projets faciles à trahir, pourquoi perdre notre temps ?

Je suis d’accord pour discuter des droits qu’on doit absolument conquérir, de la justice, de l’égalité, de la santé et de la participation à tout ce qui nous concerne. Je crois bien même que les définitions précises de ce qu’on pourra vouloir ensemble conquérir se doivent d’être élaborées avec circonspection. Cette étape n’est pas même encore à l’ordre du jour. Car si on veut le succès d’un changement, la première condition c’est de bâtir un projet de société alternatif auquel n’importe qui puisse adhérer. Je parle en particulier de celles et ceux qui se forgent une opinion autre part que dans la précarité, dans le stress ou dans les cénâcles des partis de gauche.

Je parle, sachant bien que cela fera ricanner certains, du peuple.

Construire un projet idéal pour le vingt-et-unième siècle, c’est tout autre chose que tenter de resservir les plats faisandés des gauches du vingtième, et pratiquement l’opposé d’entendre les resservir avec les vieilles méthodes ; je serais tenté même de dire avec ces mêmes vieilles badernes. Ces gauches engluées dans la dialectique de production-consommation, dans les vieilles théories judéo-chrétiennes issues de la conception que seule la pénibilité fonderait la valeur d’un travail, ou qu’il n’existe pas de valeur qui lui soit sinon supérieure au moins équivalente, celles qui ont oublié que Marx, avant d’être communiste était économiste, à l’heure où l’idéologie économiste nous menace toutes et tous de disparaître.

Evidemment j’ai un gros avantage, c’est d’avoir toujours refusé de me situer dans cette catégorie dite "de gauche". Non pas que je me sente à droite, loin s’en faut, mais par obstination à ne pas sombrer dans cette farce qui peut conduire par exemple, à ce qui se passe aujourd’hui en matière de pouvoirs aux USA, en Chine, ou avec Hugo Chavez, allez allez partout : on s’amuse toujours à opposer la population avec elle-même, et ça crée un tel bordel qu’il n’est pas difficile aux vrais maîtres de garder le contrôle.

Créez deux camps, et vous avez déjà gagné. Il suffit de représenter l’ordre. Et pour moi il n’est pas question de servir de marche-pied à une clique de politiciens de gauche au même titre qu’à celle d’aucun politicien. Pas de différence dans le principe même de l’arnaque. Ce dont je rêve c’est de deux choses :
 l’auto-gestion sans chef.
 la pénalisation de la plus-value.

Bon pour l’auto-gestion on va faire comme si on avait fait le tour de la question - mais on y reviendra sûrement et nécessairement.
Mais la plus-value c’est la marge d’arnaque qu’on trouve naturelle d’associer à tous nos échanges de biens et de services entre être humains. Elle existe partout. Mais personne n’a l’air de remarquer que dès qu’on parle de plus-value on ne peut plus appeler une transaction un échange.

Alors bien sûr la plus élémentaire observation qu’on en droit d’attendre à la formulation d’une telle incongruité c’est : "Mais ça va pas la tête ? Et comment on va faire si il n’y a plus de bénéfice à attendre d’un travail, d’une production ou d’un service ? plus personne ne voudra rien foutre".

Mais si mais si.

Car il n’est pas question de n’accorder aucune valeur d’échange à un travail, à une production ou à un service, mais juste d’en retrancher la part illégitime, et de fonder nos échanges sur un principe de justice et d’équité : échanger à prix coûtant si l’on préfère.

A partir de là qu’est-ce qu’on fait ? eh bien on fonde une société ou plutôt que sur la proportion d’escroquerie qu’on retire de nos actes, c’est sur une vraie auto-évaluation de nos besoins que la richesse individuelle et commune s’équilibre et s’échange.

Bon. Je suis d’accord que cela suppose une sacrée transformation en profondeur des mentalités. Des économistes estimeront probablement que de telles conceptions ne correspondent pas leur orthodoxie et ne pourraient que mener la société à une faillite. Surtout parce que la mise en oeuvre d’un tel changement suppose l’effort de toutes et tous pour mesurer l’avenir non pas en mesure ce qu’on peut retirer, mais de ce qui nous est indispensable, pour tous les âges de la vie.

Notons que le système de concurrence pour le maximum de profit est lui, bel et bien entrain de mener notre espèce et notre planète à la faillite.

Notons aussi qu’en se fondant sur le but d’éliminer les plus-values, on serait contraints de garantir collectivement le bien-être de celles et ceux qui, en vertu de leur âge ou de leur santé, ne disposeraient d’aucun moyen d’échange.

Et qu’on sera tout aussi probablement amenés à ré-évaluer les coûts réels des gabegies consumméristes et polluantes comme la chimie industrielle, le nucléaire, l’armement, etc. sans oublier l’élevage de politiciens et de patrons.

Ce qui me séduit dans cette idée de fonctionner économiquement en se basant sur les coûts réels, c’est que ça réduit automatiquement la spéculation à peau-de-balle.
Et aussi que c’est parfaitement faisable à partir du monde d’aujourd’hui, il suffit de le décider.
Et pourquoi ça pourrait marcher ?
Parce que si une économie se met à fonctionner suivant ce principe, laquelle, en dehors des biens et services inutiles, dangereux pour elle ou bradés pourrait lui faire concurrence ?

Une dernière question : comment pensez-vous que je puisse arriver à m’entendre avec un marxiste dogmatique ou quelqu’un qui attend "un bénéfice" , de quelque nature que ce soit, de nos échanges et de nos rapprochements ?
Ben je vais y répondre tout seul, y’a pas moyen. En général ils deviennent tous rouges, tous pas contents et agressifs :)
C’est probablement entre autre, parce que je les oblige souvent à m’objecter avec le même argumentaire laborio-productiviste que celui qu’on entend dans les conseils d’administration ordinaires.

Donc moi je suis d’accord pour participer à l’élaboration d’une société égalitaire, solidaire, auto-gérée sans chef, et sans profit. Bien entendu à condition que ça figure en toutes lettres dans vos programmes.

Un été c’est la cannicule. Et bientôt c’est peut-être la révolution. En tout cas c’est tout le bien que je nous souhaite.

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