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Simone de Beauvoir et la reconnaissance du ventre...

Publie le samedi 17 février 2007 par Open-Publishing
4 commentaires

de Catherine Wendell

Enceinte
L’actualité avec une présidentiable bardée de quatre enfants et la sortie de "Qui gardera les enfants ?", par l’historienne et féministe icônoclaste Yvonne Kniebiehler m’incite à ouvrir la question du féminisme et de la maternité.

Selon l’historienne, les militantes féministes ont fait fausse route en décidant d’ignorer la maternité, plutôt que de la défendre.
Ce qui a eu pour effet de culpabiliser des générations de femmes depuis les années 60 et d’entretenir une ambiguité malsaine sur le rôle que les femmes peuvent tenir dans la société : "plus femme que maman, plus force de travail que maman, la femme doit être tout plus que maman".

Il est vrai que les féministes avaient de quoi se méfier : le ventre des femmes n’ayant jamais eu grand chose à attendre des idéologies. Les besoins de grandeurs nationales des états totalitaires, dictatoriaux ou libéraux ayant fait basculer depuis le XIXème siècle la maternité dans le domaine public.
Au service de l’église, de la patrie et de la famille dans l’Occident libéral et populationniste. Au coeur des priorités du national socialisme nazi avec les "3 K" (Kinder, Kirche, Küche : enfants, église, cuisine) réduisant la femme à sa fonction reproductrice de la race supérieure. Corvéable à merci car pivot de la "famille socialiste forte et unie" dans le modèle soviétique.

Simonedebeauvoir
De fait, les grandes figures du féminisme, telle Simone de Beauvoir (entretien avec P. Viansson-Ponté ici), ont longtemps défini la maternité comme un obstacle à la vocation humaine de transcendance. En d’autres termes, "la femme ne peut consentir à donner la vie que si la vie a un sens ; elle ne saurait être mère sans essayer de jouer un rôle dans la vie économique, politique, sociale".

Mais justement, au sein des combats des militantes sur la sexualité, la maîtrise de la fécondité, le pouvoir et le travail, la maternité aurait dû devenir un enjeu central de l’identité féminine car elle est avant tout une fonction sociale.
Et non un fait social se traduisant surtout par de lourdes inégalités au foyer et au travail, entre les sexes ET entre les femmes.
La véritable libération de la femme passe par la défense et la valorisation de la réalité maternelle.

S’il faut aider les femmes à ne pas être mère quand elles ne le souhaitent pas, il faut tout autant les aider à l’être quand elles le souhaitent.
Sinon, la conquête de la maîtrise de leur fécondité n’aura eu que peu de sens.
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Et la vie plus généralement : "écouter ses élans du coeur et ne pas faire les choses à contre-coeur... un bébé élevé par une maman heureuse de ses choix, même s’ils ne correspondent pas à une norme sociale stricte, a plus de chance de devenir un adulte heureux un jour... le regard critique des autres est renforcé par le poids des médias. Magazines, journaux, télé, pas une semaine sans qu’on y décortique un comportement, qu’on donne une recette pour être au "top" de n’importe quoi... la dictature des média n’est pas une vaine expression. Ils figent les idées, normalisent les comportements. Cela crée beaucoup d’angoisses dans une société basé sur l’image qu’on donne de soi."

L’erreur de nombreux courants féministes, notamment anglo-saxons, et la confusion qui s’est ensuite installée durablement dans les esprits, est d’avoir tenté d’assexuer la société (rappelez-vous les ciseaux brandis !), de remettre en cause l’identité des hommes, voire même leur existence.  

En France, le courant féministe s’est fondé majoritairement sur
l’égalitarisme avec une approche universaliste de l’espèce humaine.
En recherchant une égalité complète entre les deux sexes, il nie la spécificité des femmes en les sacrifiant sur l’autel du patriarcat d’où est né le mythe de la "wonder woman", jonglant avec le bureau, la famille, les amis, tout en cultivant un physique de top model.
Peut-on y voir un progrès de l’humanité ? Pas vraiment.
Par contre, cet archétype véhiculé par la société culpabilise les femmes qui ont le sentiment de ne jamais être "à la hauteur".

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Bref, à force de mélanger les rôles, de vouloir "féminiser" les hommes, les pères, le monde
du travail, on a abouti à un malaise chez les hommes vis-à-vis de leur identité et de profonds
malentendus entre hommes et femmes, pénalisant ces dernières : "ah ! vous avez voulu être nos égales, et bien démerdez-vous à présent !"

Le véritable enjeu de la libération de la femme (et de l’homme dans la foulée) était et demeure, pour le siècle naissant, de tordre le cou aux inégalités sexuées.

Car pour l’heure, les femmes contemporaines ont, dans une large majorité, perdu toute illusion sur le partage des tâches éducatives et ménagères et la juste reconnaissance de leurs compétences au travail, avec pour seule perspective d’être doublement exploitées à la maison et au boulot !

La parité est-elle la solution ? Voter la parité, c’est souligner une différence de
nature entre hommes et femmes et risquer de renforcer l’identification
des secondes à une catégorie humaine différente et n’ayant donc pas les
mêmes droits...
Certaines féministes rétorquent à cela que la parité n’a pas pour objet de gommer la différence biologique entre les sexes, mais de tendre à un effacement de la différences des genres : ce n’est pas la nature qui empêche les femmes d’accéder à l’Assemblée Nationale ou les hommes de rester à la maison s’occuper des enfants, c’est la construction du genre qui veut que les petits garçons jouent à la guerre et les filles à la poupée... Le "on ne nait pas femme, on le devient" du Deuxième Sexe n’est jamais très loin.

La discrimination positive, très en vogue aux Etats-Unis, me met personnellement mal à l’aise : favoriser les femmes parce qu’elles ont
longtemps été exclues du système... parce qu’elles étaient des femmes...

Le courant américain dualiste plaide, quant à lui, pour des femmes cantonnées dans la sphère privée, les hommes se réservant le public. Tout ce qui fait la spécificité
des femmes -et notamment la maternité- y est célébré.
Et, ainsi que
le note Elisabeth Badinter dans son ouvrage "XY, de l’identité
masculine"
 : "on assiste à un retour en force de la célébration du
sublime maternel. Là serait le destin des femmes, la condition de
leur puissance, de leur bonheur et la promesse de la régénération du
monde si mal traité par les hommes".

En attendant la fin des inégalités sexuées et le début de la régénération du monde...
les acquis pour les femmes et leur ventre doivent être maintenus et défendus
, car incertains, fragiles et menacés (par exemple, la fermeture de nombreux centres de planning familiaux en France par "manque de moyens", la fin du remboursement de la pilule, la montée en puissance des curetons de toutes obédiences, etc...).

A vos témoignages et à vos humeurs, idées et opinions !

>> A lire également, chez Corinne :
"Les femmes 3 en 1 ont la santé !"...
Conclusion des chercheurs : les femmes peuvent tout mener de front :
une carrière, un vie en couple, des enfants. C’est même excellent pour
leur santé.
"Lire" mai 2006 : une interview fleuve d’Elisabeth Badinter, grande spécialiste des rapports homme-femme. Titre de l’article : "Les femmes retournent à la maison. Pourquoi ?" Cette philosophe constate un phénomène nouveau qu’elle date d’il y cinq à sept ans...

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Sources :
Témoignage d’Aline dans Maternage
Yvonne KNIBIEHLER, Francine DESCARRIES et Gérard NEYRAND
Françoise Thébaud 
Olivier Berthelot et Natacha Henry 
Nicole Edelman

Icônographie : Getty images, AFP, Aubade

"Chaque pas mène vers un résultat escompté ; l’espoir se mesure au degré de combativité."
Fatou Diome - Le Ventre de l’Atlantique

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Messages

  • S’il faut aider les femmes à ne pas être mère quand elles ne le souhaitent pas, il faut tout autant les aider à l’être quand elles le souhaitent.
    Sinon, la conquête de la maîtrise de leur fécondité n’aura eu que peu de sens.

    Sinon, la conquête de la maîtrise de leur fécondité n’aura eu que peu de sens.

    Tout à fait !
    Combien de temps pour nos enfants ?
    Quand l’extrême droite propose de payer les femmes au foyer, nous pensons, à juste titre que c’est pour eux une façon de ramener les femmes au foyer. Du côté des progressistes on dit : ce n’est pas la qualité de temps qui compte c’est la qualité !
    Il est aujourd’hui presque obligatoire de laisser ses enfants bébés dans des structures plus ou moins adaptée. Résultat des mères malheureuses qui partent au boulot avec la rage au ventre de laisser leur bébé en pleure, des parents qui galèrent quand les enfants sont malades, et des enfants stressées et très souvent malades à qui on offre de plus en plus de choses inutiles pour compenser le manque de temps. A mon avis la qualité de suffit pas et est surtout illusoire car lorsqu’on revient fatiguée d’une journée de travail on ne peut pas dire que nous soyons des parents de qualité.
    Bref, il y a là un vrai problème.
    Quand S Royal est revenue au conseil des ministre 4 jours après son accouchement, elle voulait montrer aux caméras qu’une femme peut être mère mais aussi présente et efficace comme les hommes.
    Pour moi son attitude était insultante envers les hommes et les femmes qui se battent pour prendre des congés parentaux et surtout cette attitude niait radicalement le besoin que les nourrissons ont de leur mère !
    Donc, il faut, absolument
    1- prolonger le congés maternité jusqu’à 1 ans pour celles qui le désirent,
    2- proposer à tous les parents des congés parentaux jusqu’à ce que l’enfant puisse aller à l’école (environ 3 ans).
    Tout en préservant l’emploi des personnes évidemment et en faisant en sorte que leur retraite n’en pâtisse pas.

    L’allaitement : alors que l’OMS préconise l’allaitement jusqu’à 6 mois minimum, il n’y a en France que 4% des femmes qui allaitent leur bébé au moins 1 mois.
    Allaiter est encore équivalent d’aliénation dans la tête de certaines féministes. Pourtant allaiter est sain, économique et surtout épanouissant.
    Il faut donc donner aux maternités les moyens d’informer les femmes et de les aider dans cette démarche mais aussi lutter contre les idées reçues et les belles mères qui, féministe vielle école, viennent dans notre dos donner des biberons aux bébés.

    La place de l’homme.
    C’est vrai que la parité à la maison est un combat quotidien et que ce n’est pas une loi qui va changer les choses.
    A nous les femmes, d’élever nos fils dans l’idée qu’il doivent partager les taches quotidiennes. Et aux employeurs de laisser aux hommes le temps de de prendre leur place à la maison.

    La femme au foyer.
    S’il y a une catégorie de population dont on ne parle jamais c’est bien la femme au foyer. sans doute parceque les politiques pensent qu’elle vote comme son mari .?
    Il n’y a encore une fois que l’extrême droite pour s’intéressé à elles et c’est extrêmement dommageable.
    Toutes les femmes au foyer que j’ai rencontré dans le quartier n’ont qu’une envie : travailler. ce qui les arrête : les problèmes de garde d’enfant même quand il vont à l’école et surtout bien sûr le chômage et le manque de formation.
    Francesca

    • Entièrement d’accord avec vous Francesca, la femme au foyer est très mal vue, alors qu’elle contribue au bien être de sa famille, et de la société, les enfants ne trainant pas dans la rue. Indépendamment de la droite, de la gauche, du féminisme, ou de "travail, patrie, famille", il serait temps de se pencher sur leur cas, de leur donner un véritable statut salarial sur la base du smig pour élever correctement leurs enfants, puis de leur permettre d’accéder au monde du travail à l’extérieur. Le bilan est en général positif : des enfants bien élevés, socialisés, instruits, qui rapportent à la société, en termes d’impôts et d’économies (moins besoin d’éducateurs, de psychologues, de médecins, de policiers, de voitures brûlées, de vols, de drogue, d’alcool...de mal être, de désamour, d’abandon...).

      Pourquoi y-a-t-il la paix dans les pays nordiques ?

    • je crois que le probleme du feminisme c’est que l’on considere la femme comme...une femme avec les préjugés hérité de plusieur siecle d’education judeo chretienne et de tradition machiste.
      a quand va t’on considere la femme rellement comme un etre humain et donc l’egal de l’homme