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Trenitalia sur la sellette

Publie le jeudi 13 janvier 2005 par Open-Publishing


Après le massacre de Crevalcore le parquet de Bologne enquête sur les systèmes
de sécurité et sur les conditions de travail chez les FS. Les résultats des autopsies
sur les corps des agents de conduite excluent l’hypothèse d’un malaise comme
cause possible du choc entre les deux trains.


de GIUSI MARCANTE

Alors que les autopsies sur les corps des quatre agents de conduite n’ont relevé aucun
malaise avant l’impact, l’enquête du parquet de Bologne s’élargit et vise Trenitalia.
C’est ainsi que l’on peut traduire les propos du procureur Enrico di Nicola,
qui a dit hier matin : "Si, et je souligne si, la responsabilité d’un ou de plusieurs
agents de conduite se vérifiait, le discours n’en resterait pas là, parce que
l’enquête s’élargit pour vérifier aussi les conditions dans lesquelles travaillaient
les agents de conduite". La Bologne Vérone est une ligne malheureuse, non seulement
parce que presque ses deux tiers se développent sur une voie unique et ne possèdent
aucun système de sécurité (à savoir répétition des signaux et blocage automatique
du train en cas de passage avec un feu rouge) mais aussi à cause d’une modification
substantielle précisément à la gare de Bolognina-Crevalcore, où s’est produit
le choc.

C’est Savio Galvani, agent de conduite et coordinateur national de Or.S.A., qui relate que la distance entre le feu rouge, le dernier devant lequel se trouve le train, et l’aiguillage, a été modifiée il y a cinq ou six ans. "Le règlement prévoit que, si la distance entre l’aiguillage et le feu rouge est inférieure à 50 mètres, le train qui arrive s’arrête au premier signal de protection qui est situé 1,2 Km avant le dit feu jaune, avant dernier avis avant le stop définitif", explique Galvani. Il en était ainsi à la gare de Bolognina-Crevalcore, puis la distance a été amenée à plus de 50 mètres. "De cette façon deux trains peuvent arriver en même temps et, comme nous ne sommes pas des dieux - continue Galvani qui, justement, est un agent de conduite - si quelqu’un fait une erreur on ne doit pas forcément la transformer en un désastre".

Evidemment, Galvani ne sait pas ce qui s’est passé vendredi dernier mais il dit clairement que la modification dans cette gare a créé "un élément fortement critique, si l’aiguillage avait été au même endroit il y aurait eu 1,5 Km de plus pour remédier à quelque erreur que ce soit et plus d’espace pour un éventuel coup de frein et qu’un agent de conduite doit être mis en conditions de travailler avec un maximum de sécurité".

On considère aussi les précédents en partant du fait le plus inquiétant, l’année dernière il y a eu 12 cas de feux rouges non respectés, feux grillés et désastres potentiels manqués. L’entreprise l’a communiqué au personnel en demandant plus d’attention par des avis affichés aux tableaux d’affichage des lieux de travail. Aucune communication ni à la Police ferroviaire ni au parquet.

C’est justement la communication manquée d’une situation potentiellement dangereuse qui causa en 1999 des ennuis sérieux à deux ingénieurs des FS. C’était le 24 décembre et un train de marchandises à destination de Modène fit plus de sept Km en sens contraire sur la ligne Bologne Milan pour avoir grillé un feu rouge. Le train fut arrêté mais le parquet ne le sut que grâce à un article du quotidien Il Resto del Carlino. Outre les agents de conduite, qui ont ensuite pactisé la peine, le procureur Luigi Persico mit aussi sous enquête deux ingénieurs, dont un pour communication manquée à la Police ferroviaire et au parquet. Pour eux, la procédure est encore ouverte.

Et si le parquet, comme l’a dit Di Nicola, "va contrôler tout ce qui est lié ou peut servir à la gestion de la ligne, à cet endroit-là, depuis qu’elle a été bâtie jusqu’aujourd’hui", il y a certainement de quoi. En 1997, un autre désastre effleuré, la désactivation de la ligne électrique permit d’éviter la collision de deux trains voyageurs à S.Felice s/Panaro. La même tentative l’avait faite justement vendredi l’actuel chef de gare de S.Felice (gare qui précède le lieu du désastre). Il avait appelé Bologne et directement le portable de l’agent de conduite quand il s’était rendu compte que les signaux n’avaient pas été respectés, mais deux appels prennent trop de temps et l’impact avait sûrement déjà eu lieu.

Dans les jours qui viennent le prof. Giorgio Diana sera formellement chargé par le parquet en tant que consultant, tandis que les autopsies des quatre agents de conduite ne révèlent aucun malaise.

"Ils étaient parfaitement sains", dit le docteur Michele Romanelli, qui avec son confrère Corrado Cipolla D’Abruzzo a fait les autopsies. On fera maintenant des prises de sang pour les examens alcoolémiques et toxicologiques et le magistrat a concédé deux mois de temps pour les résultats. A partir de demain, donc, les familles des agents de conduite pourront elles aussi avoir les corps de leurs proches pour les obsèques, qui pour chacune des 17 victimes, se tiendront en privé sur leurs lieux de résidence respectifs.

Traduit de l’italien par Karl & Rosa de Bellaciao

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