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Trente ans de Grandes promesses

Publie le jeudi 7 juillet 2005 par Open-Publishing

di VITTORIO AGNOLETTO traduit de l’italien par karl&rosa

Quand les gouvernements font des promesses, une grande partie de l’opinion tend à les accueillir avec scepticisme. Déjà, il y a cinq siècles, Machiavel affirmait que " les raisons légitimes ne font jamais défaut à un prince pour manquer à la parole donnée". Et pourtant les promesses servent, surtout dans des moments historiques de passage comme ceux que nous sommes en train de vivre. La civilisation se base sur une série de promesses, mais si, systématiquement, elles ne sont pas respectées, la civilisation, même si elle est matériellement riche, meurt. L’espoir et la confiance des peuples dépendent aussi de la cohérence entre les déclarations et les comportements des gouvernements et constituent, à leur tour, la base des relations culturelles qui soutiennent toute société. A l’occasion du G8 d’Edinburgh, les promesses des tenants du pouvoir envahissent tous les espaces des médias. Mais la réalité est bien différente.

En Septembre 2000, pendant le Sommet du Millénaire, 189 Chefs d’Etat et de Gouvernement se sont engagés à travailler ensemble pour construire un monde plus sûr, plus prospère et équitable pour tous d’ici 2015. Les politiques fondamentales pour atteindre les huit Objectifs du Millénaire concernent : l’effacement total de la dette des pays pauvres ; l’inversion de la courbe d’épidémie du Hiv/Sida ; la reforme des règles du commerce international ; l’augmentation en qualité et quantité des aides au développement.

A cinq ans de distance, même sans la réponse du sommet des Nations Unies de septembre qui va évaluer l’état d’avancement de ces objectifs, le scénario international s’annonce dramatique. Sur le front de la Dette, la dernière proposition sur la table du G8, au-delà des chiffres publicisés, prévoit une réduction réelle du stock de 10%, réservée à 18 pays sur les 60 qui en ont urgemment besoin et aucune modification des mécanismes de fonctionnement de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International, qui ont fortement contribué à créer une telle dette. Dans la lutte contre le virus Hiv, le Fonds Global pour la lutte contre le Sida, la tuberculose et la malaria qui, selon les annonces faites au G8 de Gênes en 2001, aurait recueilli entre 7 et 10 milliards de dollars par an, constituant l’instrument de pointe pour l’inversion de l’épidémie à l’horizon 2015, a encaissé jusqu’aujourd’hui à peine plus de 3,9 milliards au total.

En opposition avec les principes guide de l’Organisation Mondiale du Commerce, fortement voulue par les nations leaders de la communauté internationale et par leurs lobby industriels et financiers de référence, les subsides pour l’agriculture favorisent 5% de la population des nations riches et appauvrissent environ 90% des habitants du Sud du monde. Les subsides Ue de 440 milliards de dollars par an pour la production de céréales, de produits fromagers et de sucre bloquent toute perspective de croissance des agriculteurs latino-américains et africains, tandis que les subsides Usa de 4 milliards à 25.000 producteurs de coton ont abaissé d’un quart les prix mondiaux de cette matière première sur laquelle se basent la plupart des économies centrafricaines.

Trente ans après l’engagement de destiner 0,7% du PIB aux aides au développement et trois ans après le Sommet de Barcelone où les Pays membres de l’Ue se sont engagés à atteindre au moins une moyenne de 0,39% d’ici 2006, la réalité des chiffres parle de 0,25% en moyenne parmi les pays de l’Ocde. Traduit en chiffres absolus, nous dépensons 50 milliards de dollars en aides au développement et 1.000 milliards de dollars pour les dépenses militaires. Mille milliards pour les guerres au terrorisme international. Mille milliards - nous dit-on - pour garantir aux citoyens la sécurité, pour les libérer de la peur. La série interminable de promesses manquées de la part des champions de la globalisation libérale, unie à leur dessein ultime de réduire à une marchandise toute relation humaine, est en train de produire une crise irréversible de la culture comme ciment des sociétés et condition de toute idée d’échange économique et commercial.

Le deuxième semestre 2005, avec les échéances qui vont du G8 en Ecosse au sommet Omc de Hong Kong, est décisif non seulement pour le sort des pauvres et des déshérités de la terre, mais pour la survie même de l’espoir de pouvoir changer, dans des délais humainement utiles, le destin de la planète.

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