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Un vote pour la culture

Publie le vendredi 20 avril 2007 par Open-Publishing

de Claire Pessin-Garric, vice-présidente du conseil général de Seine-Saint-Denis.

Marie-George Buffet est, parmi les candidats antilibéraux, celle qui a clairement affirmé les grands principes de ce qui fonde une véritable politique culturelle, principes qui pour moi sont essentiels et qui fondent mon action quotidienne d’élue à la culture, que ce soit au conseil général ou dans la ville où j’ai des responsabilités.

La culture est un droit fondamental de la personne, au même titre que les droits au logement, à la santé, au travail, à l’éducation..., il s’agit d’un enjeu politique essentiel, qui doit s’appuyer sur un service public fort doté des moyens budgétaires traduisant cet engagement.

Sa conduite et sa diffusion ne peuvent être confiées au seul marché. Il faut résister à cette volonté délibérée qui est de penser un modèle unique de société, société libérale inspirée du modèle états-unien qui met les êtres en concurrence, selon la seule loi du marché et du profit. Parce que chaque être est unique, il faut l’aider à ne pas se noyer dans l’uniformisation que la culture de masse développe aujourd’hui via les médias et la télévision, il faut lui donner les outils de résistance au formatage qui tue cette richesse précieuse de chaque personne et qui anéantit son esprit critique et la construction de sa pensée libre et autonome. Parce que l’accès à la culture permet l’émancipation des individus au contact du nouveau, de l’inattendu, il faut absolument soutenir la création contemporaine, il faut créer toutes les conditions de la rencontre avec l’art, les oeuvres, les artistes, les créateurs..., et soutenir ceux-ci pour qu’ils aient un statut clair qui les reconnaît en tant que travailleurs au même titre que tous les autres, plasticiens y compris.

Ces rencontres contribuent à lutter contre les postures conservatrices de repli, de crainte de l’autre, elles rendent possible la construction d’une société progressiste, humaniste, ouverte à la diversité, capable de résister à toute uniformisation, notamment celle qui nous menace via l’envahissement des produits culturels états-uniens et à l’anesthésie des esprits via la télévision en particulier.

Quand Marie-George Buffet affirme qu’« il n’y a pas de progrès social sans développement des arts et de la culture qui puisse être partagé par toutes et tous », cela résonne très fort à l’aune de ce qui s’est passé à l’automne 2005. Quand les mots sont absents, c’est la violence qui prend le pas, les jeunes n’ont pas pu traduire par des mots leur colère légitime en revendications, en construction collective. À la détresse sociale s’ajoute une détresse culturelle. La pensée libère, là ils restent enfermés entre eux, murés dans leur rancoeur, dans leur ressentiment, sans pouvoir formuler le moindre espoir, le moindre rêve, la moindre utopie, parce que les jeux politiques et économiques ne leur laissent aucune chance mais aussi parce que les mots leur manquent pour se faire entendre et comprendre. Par le rap et le slam, véritables créations poétiques, ceux qui possèdent les mots deviennent leurs voix.

C’est pourquoi, quand tout le monde parle avec raison d’urgence sociale, il faut absolument ne pas la déconnecter de l’urgence culturelle : les deux sont indissociables. On ne pourra mettre en oeuvre les objectifs d’une démocratisation culturelle tant souhaitée et si peu atteinte que si, en même temps, on se donne les moyens d’une véritable démocratie culturelle qui permet à chacun - artistes, créateurs, populations, élus... - de contribuer à la définition des politiques publiques, de se les approprier, de les évaluer et de pouvoir les amender, les enrichir, les corriger si nécessaire. Cela demande de mettre en place des espaces de rencontre entre tous les partenaires,

qui doivent se tenir régulièrement. En charge de politique publique, j’ai confiance en Marie-George, femme de conviction, qui a inscrit son action politique dans la durée, qui a prouvé son courage et sa fermeté tranquilles quand elle était en responsabilité gouvernementale, sans jamais renoncer à ses convictions, à nos convictions.

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