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Une candidate ose parler culture... (videos)

Publie le lundi 5 mars 2007 par Open-Publishing

500 pour parler culture ! (+ photos)

de Marie-José Sirach

Au Cabaret sauvage, on a parlé intermittents, création, diffusion des oeuvres, éducation populaire... avec Marie-George Buffet en guest star.

Beaucoup d’attentes dans l’air. D’interpellations, directement à la candidate, très entourée jeudi soir au Cabaret sauvage, haut lieu de toutes les musiques du monde et d’ici.

Beaucoup d’appels à la résistance faisaient explicitement référence aux paroles prononcées samedi dernier par Pascale Ferran au cours de la cérémonie des césars. Beaucoup d’appels à la vigilance aussi. Qui s’entendaient comme la volonté disséminée de ne pas baisser les bras, de ne pas se résigner à l’air du temps qui voudrait que tout fût marchandisé, formaté, aseptisé.

Le cinéma mérite l’ ENGAGEMENT DE TOUS

Les intermittents se sont exprimés par la voix de Jean Voirin, pour la CGT spectacle, et de Jean-Francis, pour la Coordination. D’autres ont dit leur désir de cinéma, de ce cinéma de l’entre-deux, comme le dit si bien Jack Ralite (lire ci-contre), d’une création vivante, audacieuse et libre, qui ne soit pas sans cesse menacée, étranglée financièrement ou esthétiquement.

Nicolas Klotz, réalisateur, évoque Gilles Deleuze ou encore Serge Daney - « le cinéma est un art collectif inscrit dans le réel et dans l’histoire » - et d’ajouter : « C’est un combat collectif et individuel qui nécessite l’engagement de tous. » Plus tard, Arnaud Meunier, metteur en scène, énumérera les trois facteurs d’inégalité pour le public : de l’ordre du symbolique, plus pragmatique, sur la difficulté de se transporter, et enfin tarifaire. « Il est crucial de maintenir des tarifs bas pour poursuivre l’élargissement des publics. »

À propos de cette question du public, Francis Peduzzi, directeur du Channel (scène nationale sise à Calais), et, par ailleurs, président du Syndec, a alerté Marie-Georges Buffet sur le rôle des comités d’entreprise, hier extrêmement actifs et ambitieux, aujourd’hui très discrets en la matière. « Vous avez raison, répond-elle. L’action des CE pour placer la culture et l’éducation au centre de leur combat pour l’émancipation a aujourd’hui disparu. Ces lieux qui devraient être des lieux de résistance et d’innovation sont traversés par cette dérive commerciale qui les transforme en billetteries. »

Le président du SYNDEAC a aussi indiqué qu’il avait écrit à tous les candidats. Une lettre ouverte dans laquelle il leur est demandé de s’engager à mentionner dans la profession de foi qui parviendra aux milliers d’électeurs les mots art et culture. « Ce n’est pas une question anodine, explique la seule candidate à avoir répondu à ce jour. Chaque mot est mesuré. C’est un défi énorme mais c’est un beau défi. » La candidate ne promet rien mais assure qu’elle va y réfléchir.

A’ quand un débat contradictoire ?

Il aura été aussi pas mal question des médias, de leur rôle dans cette campagne qui, pour si médiatique qu’elle est, n’en est pas moins très consensuelle. Plusieurs intervenants se sont inquiétés de l’absence de confrontation entre candidats. Jean-François Téaldi, journaliste à France 3, et animateur émérite de la soirée, rappelait la pétition lancée par les journalistes de l’audiovisuel public justement pour l’organisation de débats contradictoires.

À propos du silence entretenu par bon nombre des prétendants à la présidentielle sur la culture, Marie-George Buffet a fort justement rappelé que la droite, si elle se fait discrète, n’est pas en panne de projets. « Ce qui m’inquiète, c’est l’unité et la cohérence du projet des candidats porte-parole du libéralisme. De Messieurs Sarkozy à Bayrou, sans oublier le leader du FN qui se prononce tout simplement pour la suppression des IUFM (instituts de formation des maîtres), tous en parlent. Avec pour seul objectif d’asservir la culture aux intérêts idéologiques de leur projet de société. Avec la volonté de couler la culture dans le bronze du tout-marchand. » C’est d’autant plus grave, sera-t-il dit plus tard, que la gauche n’est pas à la hauteur, et que l’enjeu fondamental repose sur l’équation suivante : pour que la droite perde, il faut que la gauche l’emporte. CQFD.

http://www.humanite.fr/journal/2007-03-03/2007-03-03-847012