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Voila l’Europe qui dit non aux prisons pour migrants

Publie le vendredi 14 juillet 2006 par Open-Publishing

di Ivan Bonfanti Bruxelles traduit de l’italien par karl&rosa

Ils étaient tous là, le Sinn Fein et les communistes portugais, les Espagnols de Izquierda Unida, Roberta Fantozzi pour Rifondazione, les Hollandais, le Pdci, les associations non gouvernementales françaises et de la République Tchèque coude à coude avec l’Arci et tous les autres. Une vingtaine au total, tous des experts ou des expertes d’immigration et des responsables en la matière pour les différentes structures politiques, se sont retrouvés hier au Parlement Européen, à l’invitation du Groupe de la Gauche Unie Européenne/Gauche Verte Nordique (GUE/NGL).

L’objectif du conclave était de coordonner une série d’initiatives pour la campagne "Non à la forteresse Europe" (www.no-fortress-europe.eu), l’initiative lancée fin mars à Bruxelles par le député européen du Prc Giusto Catania pour fermer une fois pour toutes les controversés Centres de permanence temporaire (Cpt), qualifiés hier en chœur de "prisons pour migrants".

En invitant au préalable à souscrire l’appel publié dans toutes les langues sur le site Internet, la campagne européenne - comme l’a expliqué Catania - va s’articuler sur trois fronts principaux. Les deux premiers sur le terrain institutionnel, respectivement dans l’hémicycle communautaire (le fait que la réunion se soit tenue dans le Parlement plutôt que dans le siège d’un parti est déjà une nouvelle) et auprès des gouvernements nationaux. "Le troisième front doit être une grande campagne sociale d’information, pour entraîner aussi d’autres sujets sociaux qui ont sur ce thème des sensibilités qui ressemblent aux nôtres".

Toutefois, même à l’intérieur de l’assemblée de l’Union, l’objectif des organisateurs est d’élargir le soutien pour la campagne, en entraînant éventuellement les âmes les plus sensibles à ce thème parmi les socialistes et les libéraux. « De plus, certains d’entre nous sont aussi au gouvernement - a fait remarquer encore Catania - et je ne vois pas de siège plus adapté pour poser le problème, qui pourrait même devenir l’objet d’une demande formelle auprès des ministres de l’Intérieur respectifs à déserter les réunions du G5 », des assemblées sponsorisées d’ailleurs par le champion de la droite française, Nicolas Sarkozy.

La question est que l’Union Européenne se prépare à approuver une directive sur l’immigration qui ne prévoit l’harmonisation qu’en matière d’expulsions, tandis que la gestion de l’arrivée de nouveaux migrants, dont l’Europe a un besoin absolu (pas en termes idéologiques ou humanistes, mais purement économiques, comme le souligne le livre vert rédigé par l’Ue elle-même) est laissée à l’initiative de chaque Etat, une asymétrie curieuse qui risque de coûter cher surtout aux Pays de destination des arrivées, tels qu’essentiellement l’Italie, l’Espagne, Malte et la Grèce.

La directive n’arrivera pas au Parlement avant la présidence allemande, donc d’ici six mois et plus, toutefois au niveau international l’Europe a déjà demandé à l’Afrique de contrôler ses frontières en échange d’aide, avec une approche que les participants à la réunion d’hier considèrent comme « une violation des droits de l’homme et anti-humanitaire ». Non seulement les migrants qui abordent les côtes européennes sans permis de séjour sont privés de toute liberté de mouvement, enfermés derrière les barreaux des centres qui deviennent des prisons de facto. La contradiction encore plus évidente est aussi le double standard juridique, car les migrants sont enfermés pour un délit administratif, tandis qu’un Italien ou un Européen, de même qu’ un Américain ou de toute façon un citoyen d’un Pays riche, paye pour le même délit tout au plus une amende.

http://www.liberazione.it/giornale/060712/archdef.asp