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Intervention de Gérard Filoche à Boulazac (Périgueux)

Publie le lundi 12 septembre 2005 par Open-Publishing
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de Gérard Filoche

Université d’été d’"Alternative socialiste" (Dimanche 11 septembre 11 h 15)

Chers amis et camarades,

Il y a, à peu prés une semaine, la successeure du baron Seillière à la tête du Medef, Mme Laurence Parisot, a prononcé, sur le ton d’un menuet, repris par tous les médias de façon acritique, une petite phrase extraordinaire :
"La vie, la santé, l’amour sont précaires, pourquoi le travail ne le serait-il pas ?"

Ce n’est qu’une apologie perverse de la barbarie...

En effet, depuis l’aube des temps, l’humanité, s’efforce de se protéger de la faim, du froid, de la maladie, de la souffrance, les humains sont passés de la cueillette et de la chasse, à l’agriculture et à l’élevage, pour être moins soumis à la précarité dans nos vies, depuis des millénaires, les humains ont combattu pour que leur sort s’améliore, pour la civilisation, et voilà que cette Mme Parisot, tranquillement, nous dit qu’il faut faire le chemin inverse, non seulement dans nos vies, dans nos amours, dans notre santé, mais dans toutes nos activités créatrices, productrices.. Hop, demi-tour, revenez en arrière, retour à la barbarie !

Et M. de Villepin nous fait un contrat à vil prix, un “contrat nouvelle embauche” auquel l’employeur peut mettre fin sans motif, et les députés Ump, le 13 juillet dernier, enlèvent le mot « itinérant » après le mot « salarié » dans le Code du travail, et hop, tous les salariés peuvent être soumis au forfait jour...
Le forfait jour ? Philippe le Bel avait décrété la première réduction du temps de travail, en interdisant que les paysans travaillent avant le lever du soleil et après le coucher du soleil, avec le forfait jour, exit Philippe le bel, vous pouvez ! Non seulement le cadre dit « supérieur », mais le cadre dit « autonome » puis le « salarié itinérant » commercial de base, ou agent d’entretien, puis tous les salariés sans exception... peuvent en tous temps travailler 13 heures par jour...
Retour aux loueurs de bras du XIXe° siècle, aux journaliers, oui, c’est à cela qu’aujourd’hui nous ramène la droite libérale intégriste, en cassant le code du travail, les 35 h, le droit du licenciement, nos retraites, notre Sécu, c’est un choix de civilisation, une rupture, et dans un si grand choix, on ne va choisir la petite voie minable du social libéralisme, on va choisir sur le fond, et c’est un choix historique entre socialisme ou barbarie !...

Confiance !

Confiance, confiance, confiance, confiance, confiance !

Confiance dans le peuple de gauche, car en France depuis quatre ans, il nous dit avec force la même chose. Ceux qui ne savent pas analyser les lignes fortes, les tendances profondes, nous disent des bêtises, du genre « les Français se sentent abandonnés, désespérés, découragés, etc.... »

Mais ce n’est pas le cas du tout, la majorité des Français est à gauche et ils le disent fortement, ils piétinent d’impatience de se débarrasser du libéralisme et des ultra-libéraux qui nous gouvernent insolemment, sans légitimité... Ils le disent sous toutes les formes, il n’y a pas de zapping électoral, mais une continuité de volonté depuis quatre ans...

C’était le cas déjà le 21 avril 2002, ou finalement, les électeurs de gauche ont dit au parti socialiste qu’il n’était pas assez à gauche et qu’il fallait qu’il affirme un cap plus net s’il voulait leurs voix...

Ce fut le cas en 2003 avec 30 millions de jours de grève, un magnifique mouvement social acharné, profond, massif pour défendre nos retraites, la troisième grève générale en 30 ans dans notre pays, que le gouvernement n’a pas voulu entendre ! Ils ont dit « ce n’est pas la rue qui gouverne ! Hé, bien ils ont eu les urnes, 7 % d’électeurs en plus, 51 départements à gauche, 19 régions sur 20 à gauche, le 28 mars, un effet différé, des grèves de 2003, du vrai sens du message de 2002, et encore le 13 juin, 30 % des voix pour le Ps qui prônait l’Europe sociale, l’Europe des 35 h, le Smic européen... Et encore en 2005 avec ce puissant « non » surgi des profondeurs de la gauche, un non social, un non antilibéral, un non pro européen, un non de classe...

Pour les plus anciens, rappelez vous la période 1963-1967, ces quatre années qui ont précédé l’explosion sociale, hé bien aujourd’hui, il y a des signes semblables, des mouvements sociaux, significatifs, regardez la grève de Carrefour, elle n’aurait pas du avoir lieu, tellement elle était courageuse, ils étaient sans défense, faibles syndicalement, ils ont tenu cinq semaines, et aussi les grèves d’Accor, des jeunes de Mac’Do, dan s la distribution, dans le privé, pour les salaires, c’est très indicatif de ce qui se prépare... Confiance dans le peuple de gauche, dans le salariat, dans les luttes sociales, des 18-20 janvier 2005, du 5 février 2005, du 5 mars à Guéret, du 10 mars 2005, cette grande grève qui a aidé le « non » à percer... Confiance dans le 4 octobre prochain, cette grande mobilisation unitaire intersyndicale, à laquelle TOUTES les confédérations appellent, c’est cette force, ce mouvement, cette attente de « dehors » qui va nous aider à gagner d’ici au 9 novembre contre l’appareil « de dedans »...

Confiance dans la force propulsive du « non » magnifique du 29 mai... Contre 90 % des média, contre 90 % de l’establishment, il y a eu 75 % du salariat, 75 % de la gauche, 59 % de l’électorat socialiste, ne soyons pas complexés, ni défensifs, nous n’avons rien transgressé, ce n’est pas la légitimité du vote du 1er décembre qui compte, elle est contestable et contestée, c’est la légitimité du vote du 29 mai, grandeur nature, qui l’emporte... Et nous avons eu raison, utilisant nos droits démocratiques de faire campagne, nous avons arraché les voix une à une, meeting par meeting, nous avons fait gagner le « non », nous avons sauvé l’honneur du parti socialiste, nous l’avons maintenu lié à la majorité écrasante de la gauche... Le « non » est durable, pas jetable ! On en parlera encore dans un an, deux ans, dans les prochaines échéances, y compris présidentielles, où ils tenteront de nous refourguer la constitution libérale,
Ils nous disent « , ‘ il faut dépasser le oui et le non », bien sûr mais pas n’importe comment... Encore que si c’était le « oui » qui avait gagné, ils ne nous diraient pas cela...

Mais la gauche est plus facile à réunifier autour du « non », car il y est majoritaire, on ne va tout de même pas la réunifier autour d’une minorité de oui ? Il y a eu une extraordinaire dynamique, on l’a ressenti, non pas dans les télévisions, ce n’est pas là que s’est jouée la bataille, mais sur le terrain, dans toutes les régions de France, dans l’unité avec Attac, Copernic, le Pcf, les Verts comme Francine Bavay, L’extrême gauche, les syndicalistes, José Bové... Tous avec nos styles particuliers, on a parcouru la France, Henri Emmanuelli, Jean-Luc Mélenchon et le trio Marc Dolez, Jacques Généreux, et votre serviteur, on a convaincu des centaines de milliers d’électeurs socialistes décisifs...
On a eu raison... et on a senti, la lame de fond, certains, y compris de nos amis avec lesquels nous voulons nous allier, ont dit que ceux qui avaient fait campagne, il fallait qu’ils tournent vite la page du 29 mai, que c’était dépassé, « qu’il fallait qu’ils prennent une douche froide, » mais c’est eux qui, faute d’avoir eu le courage de faire campagne, n’ont pas senti le chaud, n’ont pas compris ce qui se passait dans le pays... confiance dans la force propulsive du « non »

Confiance dans notre programme, dans notre motion, car nous y avons mis le social au cœur, c’est la question sociale, qui compte, qui fait la différence entre contribution et motions...

Car les gens en ont assez des grandes phrases ronflantes, des grandes promesses creuses pas chiffrées, des envolées lyriques mais sans précision, ils veulent savoir ce qu’il en est dans notre projet en matière de droit du licenciement, contre les délocalisations, les externalisations, en matière de hausse massive des salaires, en matière de vraies 35 h, comment ? Ce qu’on dit en matière de réglementation du travail, de sous-traitance, de conditions de travail, nos propositions précises pour les droits et de la démocratie syndicale, des institutions représentatives du personnel ! Pourquoi, comment et si on abrogera la loi Fillon sur les retraites, la loi Douste-Blazy sur la Sécu, les lois Fillon Ollier, Novelli, Larcher en droit du travail, pour un retour à un e retraite à taux plein à 60 ans, pour une santé gratuite, Jamais la France n’a été aussi riche, (57 milliards d’euros de bénéfices dans les entreprises du CAC 40 en 2004, record historique, et autant dans le premier trimestre 2005, et 9,5 milliards pour Total en 2004 et autant au premier trimestre 2005, jamais, ils n’ont autant gagné, jamais la cagnotte privée n’a été aussi grande ! ) et jamais la richesse n’a été si mal distribuée, nous opterons pour une vraie redistribution des richesses ! et nous disons comment nous le ferons, dans notre motion, confiance, car ce sera un texte précis, fort, clair pas pour une alternance mais pour une « alternative socialiste »

Confiance dans notre bataille pour l’unité et une seule motion commune entre Nps et nous. Car nous avons mené combat commun depuis trois ans, et nous avons fait meetings communs (à la halle Carpentier à Paris le 10 avril, à Fouras, à Douai...) et nous avons échangé textes et argumentaires, défendu les mêmes positions sur l’Europe dans le referendum interne, combiné nos efforts, et il n’y a aucune raison, aucun argument, aucun prétexte valable, rien ne peut justifier que nous ne faisions pas motion commune ! ... Nps c’était une première grande rupture, après le 21 avril 2002, de la majorité de Grenoble, et les 17 % de voix obtenus, ils se sont avancés, radicalisés, et rapprochés de la gauche de ce parti en 2003, 2004...

Ils se disent maintenant à Fouras 2005 pour une « majorité alternative ancrée à gauche », Bien ! En effet, il ne s’agit plus de paraître se situer au centre pour prendre le parti, mais de déplacer le centre de gravité du parti à gauche ! Mais puisque nous sommes sur la même position, alors pourquoi ne pas s’unir ? Il ne s’agit pas de faire motion unique avec Laurent Fabius, pas de chèque en blanc, il faut débattre des questions de fond, dans la clarté avant toute alliance, car les liens entre Nps et As ne sont pas les mêmes qu’entre nous et les fabiusiens qui étaient encore dans la majorité jusqu’en septembre dernier... Il y a quelques questions politiques de fond à poser, à trancher, ne serait-ce que sur le social justement, la VI° République, entre Laurent Fabius et nous, mais pas entre Nps et nous... Il y avait une feuille de papier à cigarettes, déjà, entre nos motions de Dijon, alors aujourd’hui ? Nous avons levé cette semaine toutes les préventions en termes de candidatures, en termes de textes, de partage des responsabilités, nous avons fait toutes les propositions, sans préalable, détaillées précises pour qu’il n’y ait absolument aucun obstacle, il reste encore, deux, trois jours, cela doit se faire, ayons confiance dans la poussée, derrière nous, du peuple de gauche, car il ne comprendrait pas, après le 29 mai, que les tenants du « non » restent divisés...

Confiance en nous enfin ! Car de longue date nous menons un combat pour ancrer ce parti à gauche... depuis le mouvement de nov-déc 95, les grandes conventions programmatiques de 1996, depuis les congrès de Brest et de Grenoble, il y a une gauche active et qui se renforce dans ce parti, et il faut une gauche, une vraie gauche collective, mobilisée, de cette sorte, si possible, forte, unie, solide, pour peser. Ce n’est pas alors que la direction du parti se refuse de tirer les leçons du 21 avril, et celles du 29 mai, qu’on va aller dans une grande « synthèse générale », sûrement pas, tous les efforts tous nos combats, à vous toutes et tous ici, n’ont pas été menés pour cela ! Ayons confiance en nous, nous sommes en ordre de combat, aujourd’hui le 11 septembre, il y a deux mois devant nous d’ici au vote des militants le 9 novembre, s’il y a un refus incompréhensible de l’unité, nous allons la développer, nous, à notre façon, avec Henri, Marc, Jean-Pierre, et les militants sauront la reconnaître, juger qui a voulu quoi, qui a refusé quoi...

Confiance dans le peuple de gauche,
confiance dans la force du non du 29 mai,
confiance dans notre programme d’alternative socialiste,
confiance dans notre bataille pour l’unité des gauches de ce parti,
confiance enfin dans notre combat, ancien et opiniâtre, le combat pour ancrer à gauche ce parti, pour une unité de toute la gauche, ce combat va s’imposer !
confiance camarades !

Gérard Filoche

site www.democratie-socialisme.org

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