Samedi 26 novembre 2022, 15h - Rassemblement devant le siège d’Apple 114, avenue des Champs-Élysées (Paris)
Samedi 26 novembre 2022, 15h Rassemblement devant le siège d’Apple 114, avenue des Champs-Élysées (Paris)
Soutien internationaliste aux ouvriers chinois de Foxconn soulevés contre le despotisme capitaliste d’usine
Ce mercredi, quelques milliers des 200.000 ouvriers chinois produisant l’IPhone 14 dans l’usine Foxconn de Zhengzhou (centre de la Chine) se sont collectivement affrontés aux milices patronales et à la police d’État en déclarant : « A bas Foxconn ! », « Rendez-nous notre salaire ! », « Défendons nos droits ! ».
Depuis le début du XXI° siècle, Foxconn est devenu le nom propre de ce que mondialisation capitaliste veut réellement dire : le déchaînement d’un despotisme d’usine s’exerçant sur des dizaines de millions d’ouvriers, rendus invisibles (aux sociétés occidentales) par leur enfermement dans des usines relocalisées à l’est de l’Europe et du monde.
Désormais, Foxconn devient également le nom propre d’un retour en scène de la figure ouvrière entendue non plus seulement comme victime de l’exploitation capitaliste mais comme puissance de soulèvement et comme ouverture de nouvelles affirmations politiques pour une émancipation collective du travail productif.
Depuis plus d’un an, notre groupe Longues marches a engagé une enquête auprès des ouvriers des usines tchèques de Foxconn (Pardubice et Kutna-Hora).
Nous avons appris auprès d’eux ceci.
I. La domination capitaliste exercée sur le travail ouvrier de production intrique trois dimensions :
une exploitation forcenée de la force de travail que l’ouvrier est contraint de louer par contrat salarial : journée de travail étendue à 12 heures consécutives (en Chine, Foxconn s’enorgueillit d’avoir récemment réduit la journée de travail de 16 à 12 heures !), cadences sans cesse accélérées par management informatisé, etc. ;
une subordination minutieuse du travail ouvrier : celui-ci est dépossédé de son travail quotidien qui se voit contractuellement décidé, contrôlé et sanctionné par le propriétaire privé de l’usine (en septembre dernier, 2.000 ouvriers de l’usine Foxconn de Taiyuan – nord de la Chine - se sont révoltés contre la dictature d’un petit chef ; il a fallu 5.000 policiers pour rétablir la dictature patronale dans cette usine de 80.000 personnes) ;
une oppression de l’être humain dont l’intelligence est enfermée dans les frontières de la force de travail que le patron lui a délimitées (les ouvriers chinois de Foxconn déclarent : « nous ne sommes pas les domestiques des machines ! »)
II. Aujourd’hui, cette domination se déchaîne d’autant plus qu’aucune perspective politique globale d’alternative au capitalisme n’apparaît plus à l’ordre du jour :
le patron multiplie les contrats de travail individualisés pour mieux séparer chaque ouvrier de son voisin ;
le patron recourt systématiquement aux primes plutôt qu’aux augmentations de salaires : la prime est individuelle, provisoire, non réglementée et elle se présente comme un cadeau fait à l’ouvrier, non comme un droit inaliénable ;
le patron mobilise tous les moyens informatiques (programmés par une armée de chercheurs en intelligence artificielle) pour mieux subordonner le travail de chacun (en le délimitant, le contrôlant et le sanctionnant… par diminution des primes personnalisées).
III. Mais, les ouvriers des usines tchèques nous ont également appris qu’ils résistent, chacun à leurs manières et équipe par équipe :
– Il leur importe de pouvoir travailler en étant fier de travailler.
– Il leur importe de pouvoir librement autoorganiser leur travail sans en référer aux chefs.
– Il leur importe, à l’intérieur de l’équipe, de pouvoir se répartir les tâches à l’encontre de la manière hiérarchiquement prescrite.
– Il leur importe que l’intelligence de chaque ouvrier reste mobilisée dans son travail et non pas étouffée dans une simple obéissance aux ordres hiérarchiques.
Ce qui vient de se passer à Zhengzhou indique un changement considérable d’échelle dans cette résistance ouvrière. Bien sûr, il est encore trop tôt pour conjecturer sur les effets durables de ce soulèvement. Mais d’ores et déjà les rares mots d’ordre que les réseaux sociaux ont pu nous transmettre de ces émeutes indiquent une convergence avec nos éléments d’enquête en Tchéquie :
– « Rendez-nous notre salaire ! » répond à la décision de Foxconn de supprimer arbitrairement une prime promise en lieu et place d’une augmentation de salaire.
– « Défendons nos droits ! » déclare le refus d’un despotisme d’usine que la signature d’un « libre » contrat de travail ne saurait légitimer.
– « A bas Foxconn ! » suggère l’horizon d’un « À bas la mondialisation capitaliste ! ».
Il nous revient, ici en France, de manifester notre soutien internationaliste à cette légitime révolte ouvrière de masse à l’autre bout du monde !
Le mirage occidental d’une société de consommation (dont l’IPhone dernier cri constitue le totem dérisoire) est en train de se lézarder par retour d’un réel capitaliste fait d’oppression de masse et de guerres interimpérialistes.
La lumière s’infiltre dans les fissures des murs flageolants !
Groupe Longues marches
http://www.longues-marches.fr
info@longues-marches.fr
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